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LE PIGEON BLEU
2 mars 2008

VIVE LA POESIE AVEC VINICIUS DE MORAES!

À la mémoire du Comandante
Raul Reyes

"C'est grâce aux artistes, aux poètes,
que nous trouvons la substance

de rester des hommes debout..."

vinicius_de_moraes_3

Vinicius de MORAES

 

Recette de femme,

Que les très laides me pardonnent mais la
beauté est fondamentale. Il faut dans tout
cela qu'il y ait quelque chose d'une fleur,
quelque chose d'une danse,
quelque chose de haute couture
dans tout cela (ou alors

Que la femme se socialise élégamment en bleu
comme dans la République Populaire Chinoise).
Il n'y a pas de moyen terme.
Il faut que tout soit beau. Il faut que,
tout à coup on ait l'impression de voir
une aigrette à peine posée,
et qu'un visage acquière de temps en temps
cette couleur que l'on ne rencontre
qu'à la troisième minute de l'aurore.
Il faut que tout cela soit sans être,
mais que cela se reflète et s'épanouisse
dans le regard des hommes.
Il faut, il faut absolument
que tout soit beau
et inespéré. Il faut que des paupières closes
rappellent un vers d'Eluard, et que l'on caresse sur des bras
quelque chose au delà de la chair : et qu'au toucher
ils soient comme l'ambre d'un crépuscule. Ah, laissez-moi vous dire
qu'il faut que la femme qui est là,
comme la corolle devant l'oiseau soit belle,
ou qu'elle ait au moins un visage qui rappelle
un temple ;
et qu'elle soit légère comme un reste de nuage :
mais que ce soit un nuage avec des yeux et des fesses.
Les fesses c'est très important. Les yeux, inutile d'en parler,
qu'ils regardent avec une certaine malice innocente.
Une bouche fraîche (jamais humide), mobile, éveillée,
et aussi d'une extrême pertinence.
Il faut que les extrémités soient maigres,
que certains os pointent, surtout la rotule,
en croisant les jambes et les pointes pelviennes lors de
l'enlacement d'une taille mobile.
Très grave toutefois est le problème des salières,
une femme sans salières est comme une rivière sans ponts.
 

Il est indispensable qu'il y ait une hypothèse
de petit ventre, et qu'ensuite la femme s'élève en calice et
que ses seins soient une expression gréco-romaine,
plus que gothique ou baroque et qu'ils puissent illuminer

l'obscurité avec une force d'au moins 5 bougies.
Il faut absolument que le crâne et la colonne
vertébrale soient légèrement visibles
et qu'il existe une grande étendue dorsale...
Que les membres se terminent comme des hampes,
mais qu'il y ait un certain volume de cuisses.
Qu'elles soient lisses, lisses comme des pétales et
couvertes du duvet le plus doux, cependant sensible à la caresse
en sens contraire.
Les longs cous sans nul doute sont préférables
de manière à ce que la tête donne parfois l'impression
de n'avoir rien à voir avec le corps
et que la femme ne rappelle pas les fleurs sans mystère.
Les pieds et les mains doivent contenir
des éléments gothiques discrets. La peau doit être fraîche
aux mains, aux bras, dans le dos et au visage
mais les concavités et les creux ne doivent
jamais avoir une température inférieure à 37° centigrades,
capables, éventuellement, de provoquer des
brûlures du ler degré.
Les yeux, qu'ils soient de préférence grands et d'une rotation
au moins aussi lente que celle de la terre;
qu'ils se placent toujours au delà
d'un mur invisible de passion qu'il est
nécessaire de dépasser. Que la femme,
en principe, soit grande ou, si elle est petite,
qu'elle ait l'altitude mentale des hautes cimes.
Ah, que la femme donne toujours
l'impression que si ses yeux se ferment
En les ouvrant, elle ne serait plus présente
avec son sourire et ses intrigues. Qu'elle surgisse,
qu'elle ne vienne pas, qu'elle parte, quelle n'aille pas.
 

Et qu'elle possède un certain pouvoir de rester
muette subitement,
et de nous faire boire le fiel du doute.
Oh, surtout qu'elle ne perde jamais,
peu importe dans quel monde , peu importe
dans quelles circonstances,
son infinie volubilité d'oiseau,
et que caressée au fond d'elle-même, elle se transforme en fauve
sans perdre sa grâce d'oiseau;
et qu'elle répande toujours l'impossible parfum ;
et qu'elle distille toujours le miel enivrant ;
 

et qu'elle chante toujours le chant inaudible de sa combustion et qu'elle ne cesse jamais

d'être l'éternelle danseuse de l'éphémère ;
et dans son incalculable imperfection qu'elle constitue
la chose la plus belle et la plus parfaite de toute l'innombrable création.

Vinicius de Moraes

GUITAR

Vinicius de MORAES
[BRÉSIL]
(Rio de Janeiro, RJ, 1913 – Rio de Janeiro, RJ, 1980). Marcus Vinicius Cruz de Melo Moraes. Études à Oxford et diplomate pendant plus de vingt-cinq ans. Ce « poète de la vie » », comme l’a défini Carlos Drummond de Andrade, distinguait lui-même deux grandes phases dans son œuvre : celle, métaphysique et mystique, des premiers poèmes (O caminho para distância, 1933 ; Forma e exegese, 1935), puis celle, plus matérialiste, plus charnelle, plus individualiste des Cinq élégies (1943), des Poemas, sonetos e baladas (1946) et des Novos poemas II (1959). Considéré comme le « poète-pont » entre la génération moderniste et celle de 45, il le fut également entre la poésie écrite et celle de la rue en faisant entrer « le monde en bras de chemise de la musique populaire dans celui compassé de la culture académique ». Il a complètement renouvelé la chanson brésilienne en créant avec le guitariste Baden Powell la bossa nova qui marquera toute une génération d’auteurs interprètes tant brésiliens (Jobim, Maria Creuza, Toquinho, Caetano Veloso...), que français (Barouh, Nougaro, Moustaki... ). Cofondateur avec Alex Viany de la revue Filme (1949), auteur, avec Antonio Carlos Jobim, d’Orfeu da conceição, créé à Rio en 1956, dans des décors d’Oscar Nemeyer et qui inspira le film de Marcel Camus Orpheo Negro (Palme d’or à Cannes en 1959), il a écrit des chansons pour une vingtaine de films.

ANTHOLOGIES / REVUES


Poèmes
dans Introduction à la poésie ibéro-américaine, Le Livre du jour, 1947 ; Anthologie de la poésie brésilienne contemporaine, Tisné, 1954 ; La Voix des poètes, 1964 ; La Poésie brésilienne contemporaine, Seghers, 1966 ; Poésies du Brésil, Presses du Compagnonnage, 1972 ; Poèmes du Brésil, Éditions Ouvrières, 1985 ; Europe n°806-807, 1996 ; Anthologie de la poésie brésilienne, Chandeigne, 1998 ; Aller vers, Les Points sur les i, 2005 ; Grandes voix de la poésie brésilienne du XX° siècle, Éditions Lusophones, 2005.

Cinq élégies (Cinco elegias, 1943), édition bilingue, traduit du portugais Jean-Georges Rueff. [Paris], Éditions Seghers, « Autour du monde », 1953, 72 pages, épuisé.

Recette de femme. Choix de poèmes, édition bilingue, traduit du portugais par Jean-Georges Rueff. [Paris], Éditions Seghers, « Autour du monde » n°61, 1960, 66 pages, épuisé.

Rio de Janeiro. Photographies de Bernard Hermann, textes de Ferreira Gullar et Vinicius de Moraes, traduit du portugais par Michel-Claude Touchard. [Papeete, Tahiti], Éditions du Pacifique, 1977, 160 pages, épuisé.

FILMOGRAPHIE

Orfeu negro / Orfeu do carnaval
(France, 1959), d’après la pièce Orfeu da Conceição (1956), réal. Marcel Camus.
Arrastão / Les Amants de la mer (France, 1967), co-scén. V. de Moraes, réal. Antoine d’Ormesson.
Garota de Ipanema (1967), co-scén. V. de Moraes, d’après sa chanson, réal. Leon Hirszman.
Marília e Mariana (1976), d’après le poème Balada para duas mocinhas de Botafogo, réal. Luís Fernando Goulart.
Di Cavalcanti (1977), d’après Balada do di Cavalcanti, réal. Glauber Rocha.
Vinicius de Moraes (1979), scén. et réal. Davi Neves.
Para viver um grande amor (1984), d’après la pièce de V. de Moraes et de Carlos Lyra 1962 ), réal. Miguel Faria Jr.
Orfeu (1999), d’après la pièce Orfeu da Conceição (1956), réal. Carlos Diegues.

matisse


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Commentaires
C
Je suis née à deux pas du "A Brasileira" (merci pour la vidéo).<br /> <br /> En revenant de Lisbonne et en passant par ce site, j'ai lu le poème "Recette de femme". Que dire ? Je ne l'aime pas ...<br /> <br /> On se croirait à la foire aux bestiaux ... <br /> <br /> Les femmes aiment cacher leur âge, faut-il compter leurs dents comme on le fait chez les chevaux ?<br /> <br /> <br /> <br /> Candida
K
Çà vous va comme présentation les ami(e)s?<br /> <br /> Ne connaissant pas la présentation originale, je me suis appuyé sur celle existance.<br /> <br /> coucou [Héééhooo]
M
http://fr.youtube.com/watch?v=QaePakDO4nE&feature=related<br /> <br /> <br /> Qui sait ? <br /> <br /> Avec la bougie du Baron le chemin du café "A Brasileira" se retrouve sans difficulté !<br /> [Bouquet][copain]
P
Marquise<br /> <br /> qui sait si le destin un jour nous offrira le plaisir de prendre un café à la terrasse de " A Brasileira" où, si Pessoa est statufié, personne ne reste de marbre !<br /> <br /> [Bouquet][Bouquet][Bouquet]<br /> <br /> muito obrigado<br /> <br /> Beijinhos mil<br /> <br /> Pedro
M
un petit ajout à la boucle !<br /> <br /> Lisbonne :<br /> <br /> [Img]:url://img238.imageshack.us/img238/1015/105698nt1.jpg[/Img]
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