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LE PIGEON BLEU
16 janvier 2010

Chili : À quelques heures de l’élection, par Luis Sepúlveda

LuchoDans quelques heures, le destin du Chili va se définir une fois de plus, et de nouveau, nous nous trouvons confrontés à l’alternative de voter entre le pire et le moindre mal.

Si je pouvais voter au Chili, ce serait pour Frei au deuxième tour. Je n’ai pas aimé son gouvernement, je n’aime pas la Concertation, mais je ressens très clairement que Piñera représente un retour néfaste vers le passé qu’aucun homme ou femme de gauche responsable pourrait permettre par omission.

Quelque chose a changé lors de ces élections, et c’est que, désormais, on ne peux pas voter blanc, simplement voter, déléguer et oublier la question jusqu’à la prochaine élection.

Si Frei gagne, il faudra exiger, sous toutes les formes de participation citoyenne, qu’il respecte ses engagements électoraux et bien plus.

Si Frei gagne, ce sera parce qu’une gauche responsable a sauvé la Concertation et cette même gauche devra exiger l’accomplissement de questions fondamentales pour un retour à une entière normalité démocratique.

Le Chili a besoin d’une nouvelle Constitution, et il y en a assez des retouches et des corrections mièvres à la Constitution qu’a laissé la dictature.

Le pays a besoin d’une Constitution qui représente tous les chiliens et les chiliennes, par dessus tout les minorités qui souffrent de ségrégation, les Mapuches et les autres ethnies qui font aussi partie de la nation. Une nouvelle Constitution qui permette d’abroger définitivement les lois odieuses qu’a laissé la dictature, comme celle de l’Éducation, et qui ouvre le chemin pour que la justice condamne de manière exemplaire tous ceux qui ont violé l’institution démocratique. Une nouvelle Constitution qui nous protège de l’assassinat d’enfants mapuches et de l’application d’une pseudo-légalité anti-terroriste pour ceux qui demandent leurs droits ancestraux, et s’opposent à la spoliation d’un territoire qui leur appartient depuis qu’ils sont sur la terre chilienne.

Si Frei gagne, ce sera parce qu’une gauche démocratique et responsable aura sauvé la Concertation et cette même gauche devra lui exiger une récupération urgente du rôle de l’État dans des domaines aussi sensibles que l’Éducation ou la Santé, l’évaluation et la dignité du travail, le transport et la destination de notre principale richesse minérale, le cuivre.

Si Frei gagne, ce sera grâce aux voix d’une gauche qui, représentant le désir de la majorité, exige la fin de la domination du marché comme unique force décisive de l’avenir de tous.

Si Piñera gagne, malgré les défenseurs de « l’alternance », le Chili sera gouverné par un marchand de pacotille dont la fortune a des origines douteuses, par un « entrepreneur triomphant » du style Berlusconi, par un négationniste de la complexité sociale du style Aznar, en définitif par un maître d’oeuvre du profit et de l’inégalité.

Que diable ! Il faut choisir entre deux maux et j’appelle à voter pour le moindre mal, à voter pour Frei dans quelques heures.

Luis Sepúlveda, Gijón, samedi 16 janvier 2010

Texte publié sur le blog de Luis Sepúlveda, diffusion autorisée en mentionnant la source.

http://www.lemondediplomatique.cl/-Luis-Sepulveda-.html


Traduction : Jean-Michel Hureau

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Commentaires
N
Voilà deux jours, à partir de six heures de l’après-midi à Cuba, mais déjà de nuit en Haïti du fait de sa situation géographique, les chaînes de télévision ont commencé à informer qu’un violent séisme de magnitude 7,3 sur l’échelle de Richter avait sévèrement frappé Port-au-Prince, l’épicentre ayant été repéré dans une faille tectonique située en mer à seulement 15 km de la capitale haïtienne, où 80% de la population vit dans des maisons de pisé et de torchis.<br /> <br /> Les nouvelles ont continué d’arriver presque sans interruption pendant des heures. Les images manquaient, mais on apprenait que de nombreux bâtiments publics, des hôpitaux, des écoles et des installations plus solides s’étaient effondrés. J’ai lu qu’un séisme de force 7,3 équivalait à l’énergie libérée par une explosion de 400 000 tonnes de TNT.<br /> <br /> Les descriptions étaient tragiques. Les blessés en pleine rue réclamaient en criant des secours médicaux, au milieu des ruines sous lesquelles des familles étaient ensevelies. Personne n’a pu toutefois, après bien des heures, transmettre la moindre image.<br /> <br /> La nouvelle a surpris tout le monde. Nous avions déjà eu connaissance d’informations sur des cyclones et de grandes inondations en Haïti, mais nous ignorions que notre voisin courait des risques de fort tremblement de terre. C’est alors qu’on a appris que le dernier grand séisme survenu dans cette ville remontait à 200 ans en arrière, quand elle ne comptait sans doute que quelques milliers d’habitants.<br /> <br /> A minuit, l’estimation du nombre de victimes était encore approximative. De hauts fonctionnaires des Nations Unies et plusieurs chefs de gouvernement parlaient de ces événements bouleversants et annonçaient l’envoi de secouristes. Comme des troupes des Nations unies de plusieurs pays étaient déployées en Haïti dans le cadre de la MINUSTAH, des ministres de la Défense évoquaient des pertes éventuelles parmi leur personnel.<br /> <br /> C’est réellement hier matin, mercredi, que des nouvelles attristantes ont commencé à arriver au sujet d’énormes pertes humaines dans la population, et des organisations comme les Nations unies signalaient que certains de leurs bâtiments s’étaient effondrés, une expression qui ne dit rien en soi ou qui peut au contraire signifier beaucoup.<br /> <br /> Des nouvelles toujours plus bouleversantes au sujet de la situation dans ce pays frère ont continué d’arriver pendant des heures. Les estimations du nombre de morts variaient, selon les sources, de 30 000 à 100 000. Les images sont désolantes. Cette catastrophe a reçu une large divulgation mondiale, et de nombreux gouvernements sincèrement émus s’efforcent de coopérer dans la mesure de leurs moyens.<br /> <br /> Toute tragédie bouleverse de bonne foi un grand nombre de personnes, surtout quand il s’agit de désastre naturel. Mais rares sont sans doute celles qui se demandent: [G]pourquoi Haïti est-il un pays si pauvre? Pourquoi sa population dépend-elle à presque 50% des envois de fonds familiaux en provenance de l’étranger? Comment ne pas procéder à une analyse des réalités qui ont conduit à la situation actuelle en Haïti et à ses énormes souffrances?[/G]<br /> <br /> Le plus curieux de cette histoire, c’est que personne ne rappelle à aucun moment qu’Haïti a été le premier pays où 400 000 Africains victimes de la traite et de l’esclavage des Européens se soulevèrent contre 30 000 Blancs, maîtres de plantations de canne à sucre et de café, déclenchant la première plus grande révolution sociale sur notre continent. Ils écrivirent des pages d’une gloire insurpassable. Ils mirent en déroute le plus éminent général de Napoléon. <br /> Haïti est le pur produit du colonialisme et de l’impérialisme, de plus d’un siècle d’utilisation de ses ressources humaines aux travaux les plus durs, des interventions militaires et de la ponction de ses richesses.<br /> <br /> Cet oubli historique ne serait pas aussi grave que le fait réel qu’Haïti constitue une honte de notre époque, dans un monde où l’immense majorité des habitants de la planète continue d’être exploitée et mise à sac.<br /> Des milliards de personnes en Amérique latine, en Afrique et en Asie souffrent de carences semblables, quoique toutes ne les subissent peut-être pas dans des proportions aussi élevées qu’en Haïti.<br /> <br /> Des situations comme celles de ce pays ne devraient exister nulle part sur la Terre, et pourtant des dizaines de milliers de villes et de villages y connaissent des conditions semblables, voire pires, à cause de l’ordre économique et politique international injuste qu’on a imposé au monde. La population mondiale n’est pas seulement menacée par des désastres naturels comme celui d’Haïti, qui est un pâle reflet de ce que le changement climatique peut provoquer, bien que ces risques aient été vraiment tournés en dérision à Copenhague. <br /> <br /> Il est juste de dire à tous les pays et à toutes les institutions qui ont perdu des citoyens ou du personnel dans le désastre naturel d’Haïti: nous ne doutons pas que vous ferez les plus grands efforts pour sauver des vies et soulager la douleur de ce malheureux peuple; nous ne pouvons vous rendre coupables du phénomène naturel qui vient d’y avoir lieu, bien que nous soyons en désaccord avec la politique qu’on a suivie vis-à-vis d’Haïti. <br /> <br /> Je ne peux m’empêcher de le dire: il est grand temps de chercher des solutions réelles et véritables pour ce peuple frère!<br /> Dans le domaine de la santé et d’autres, Cuba, bien que pays pauvre en butte à un blocus, coopère depuis des années avec le peuple haïtien. Environ 400 médecins et spécialistes de la santé lui prêtent des services gratuits. Nos médecins travaillent tous les jours dans 227 des 337 communes du pays. Par ailleurs, au moins 400 jeunes Haïtiens se sont formés comme médecins dans notre pays. Ils travailleront maintenant auprès des renforts que nous avons dépêchés hier pour sauver des vies dans cette situation critique. On peut donc mobiliser sans efforts spéciaux jusqu'à un millier de médecins et de spécialistes de la santé qui sont presque tous déjà sur place et prêts à coopérer avec n’importe quel Etat qui souhaiterait sauver des vies haïtiennes et soigner des blessés.<br /> <br /> De nombreux autres jeunes Haïtiens font actuellement des études de médecine à Cuba.<br /> Nous coopérons aussi avec le peuple haïtien dans d’autres domaines à notre portée. Aucune autre forme de coopération ne sera toutefois plus digne de porter ce nom que celle de la bataille dans le monde des idées et dans l’action politique pour qu’on mette fin à la tragédie sans borne que souffrent de nombreuses nations comme Haïti.<br /> La responsable de notre brigade médicale a informé: «La situation est difficile, mais nous avons déjà commencé à sauver des vies.» Tel était le message laconique qu’elle a pu envoyer quelques heures après son arrivée, hier, à Port-au-Prince, à la tête de renforts médicaux.<br /> Elle a fait savoir, tard dans la nuit, que les médecins cubains et les Haïtiens diplômés de l’Ecole latino-américaine de médecine (ELAM) de La Havane étaient en train de se déployer dans le pays. Ils avaient déjà soigné à Port-au-Prince plus de mille blessés, après avoir refait fonctionner d’urgence un hôpital qui ne s’était pas effondré et en recourant, en cas de besoin, à des tentes. Ils se préparaient à installer sans retard d’autres centres de soins d’urgence.<br /> Nous sommes fiers à juste titre de la coopération que les médecins cubains et les jeunes médecins haïtiens formés à Cuba prêtent à leurs frères d’Haïti en ces moments tragiques!<br /> <br /> Sur: [I][G]http://www.granma.cu/frances/2010/enero/vier15/REFLEXIONS-14enero.html[/G][/I]
N
... Je ne pense pas que Juju fantasme quant au [G]débarquement US en Haïti[/G]. Le Venezuela lui-même s'en inquiète et Fidel le dénonce... et moi, je crains aussi qu'Haïti ne voit son indépendance compromise.<br /> <br /> Quant à [G]revenir dans le giron de la France[/G], je crois qu'il ne faut pas y penser Juju. Parce que précisément, l'indépendance Haïtienne a été gagnée par les luttes contre la France, puis aussi contre l'Espagne et la Grande Bretagne notamment par le grand dirigeant de la Révolution Haïtienne (et un moment général de la République) [G]Toussaint Louverture [/G](1746-1803). Ce serait une régression plus que symbolique. <br /> <br /> Par contre, il faudrait qu'Haïti entre dans l'ALBA et profite de la politique de développement solidaire qu'elle tente d'initier. <br /> <br /> NOSE
J
Ok, cher Cloclo, je délire, mais alors dis-moi pourquoi ils refoulent les avions, notamment français, qui répondent à une aide URGENTISSIME ?<br /> D'ailleurs, la colère des habitants gronde et il y a des zones qui n'ont pas encore vu de secouristes ! [holalala]
F
...on ne peut que se réjouir de voir cet impressionnant déploiement amicain pour la bonne cause en Haïti.<br /> <br /> De là à croire qu'il n'y a pas d'arriéres pensées... (position géo-stratégique de l'île, flux migratoire à contenir, enfin - et peut-être avant tout - , image d'une Amérique partout présente pour sauver les peuples victimes de catastrophes naturelles, des tyrans qui les gouvernent, des terroristes qui les menacent...)
C
la nouvelle orleans , c'etait Bush , pas Obama !!<br /> Les americains sont à quelques centaines de kms d'Haiti , les seuls à pouvoir intervenir rapidement avec les moyens necessaires , que n'aurait on dit s'il n'avaient rien fait ?<br /> Ils font suffisament de saloperies dans le monde pour leur reprocher ce qu'ils font à Haiti !!<br /> quel interets auraient ils à ""occuper""Haiti ?<br /> je trouve que sur ce coup tu delires un peu[holalala]
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