Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE PIGEON BLEU
9 janvier 2008

La Réunion , c'est bien la France , non ?

Chiche, M. le Préfet, chiche !

ON peut - raisonnablement - s’étonner des propos tenus par le préfet devant le Conseil Général à la mi-décembre. On peut même s’offusquer de la brutalité, voire de la violence de ses propos. On peut ne pas s’étonner du silence des conseillers généraux, à commencer par la présidente, “tétanisés” pour reprendre l’expression d’un journaliste, devant ce que d’aucuns auraient pu assimiler à une agression, voire à du mépris. Encore que l’on peut considérer, non sans raison, que chacun est dans son rôle. Bof ! Faut-il faire une guerre pour cela, lorsque les premiers intéressés ne trouvent rien à redire... sauf “dans le dos” du représentant de l’État ?

En revanche, force est de considérer que le préfet n’a pas tout à fait tort lorsqu’il dit “non aux contrats magouille”, car qui d’autre que l’État, et par conséquent son représentant, détient l’ensemble des éléments de ces “contrats magouille” ?

C’est en effet l’État qui a compétence en matière d’emploi et c’est à ce titre qu’il a institué “outre-mer”, il y a de cela près d’un demi-siècle les “chantiers de développement”. (Que les Réunionnais ont plus prosaïquement dénommés « chantiers de chômage » ou « quinzaine de chômage », ce qui faisait que les titulaires de ces contrats travaillaient... « au chômage » ! Curieuse “spécificité” !)

C’étaient là les premiers “contrats aidés” et qui n’ont pas évolué dans leur essence, puisqu’il s’agissait de mettre à la disposition des collectivités, voire de grands services, de la main d’œuvre gratuite, payée par des crédits d’État. Les noms et sigles de ces contrats ont changé pour en arriver aux CES, CIA, CEC et autres, mais le fond est resté le même.

Force est ensuite de constater que l’État intervient tout au long de la chaîne :

- c’est lui qui délègue les crédits

- c’est lui qui fixe les “quotas” de contrats attribués à chacun des DOM : cela se passe à Paris, au FEDOM qui se réunit sous l’autorité des ministères compétents ;

- c’est encore lui qui, par l’intermédiaire de ses représentants locaux, préside à la répartition des contrats entre les divers utilisateurs ;

- c’est toujours lui qui, seul, a les moyens, et surtout le devoir, de vérifier la bonne utilisation de cette main d’œuvre payée par l’État, et, en conséquence, de prendre les mesures qui s’imposent ;

- et c’est enfin à l’État que reste la possibilité, et même le devoir, du contrôle de la légalité pour le cas, non pas de “magouilles” avérées qui ne sauraient échapper à sa vigilance, mais où les règles n’auraient pas été respectées, notamment par les collectivités.

Pour prendre une image, l’État est, dans cette affaire, le maître d’ouvrage à qui il incombe de veiller au respect, par les maîtres d’œuvre, exécutants et autres sous-traitant, et à la bonne mise en œuvre du dispositif. (1)
En conséquence, les propos du Préfet ne peuvent être pris à la légère ou mis sur le compte d’un quelconque “dérapage” : il parle en connaissance de cause. Cela peut traduire une volonté de rupture avec des méthodes du passé qu’il conviendrait alors de saluer, étant entendu qu’il ne saurait être question pour l’État de s’exonérer de ses propres compétences et responsabilités en matière d’emploi.

Dans cette perspective, louable, on pourrait lui signaler l’existence d’un rapport du CESR réalisé en 2002, sur saisine du Conseil régional, et intitulé « Pour un dispositif répondant aux besoins de l’emploi à La Réunion » ; rapport justement consacré aux emplois dits “aidés” et qui envisage quelques préconisations.

Quant à l’action elle-même, son expression “non aux contrats magouille” constitue un excellent mot d’ordre. Mobilisateur et susceptible de rassembler bien des énergies pour bousculer de vieilles habitudes.

Ça vaudrait presque le coup de créer un comité analogue à celui pour l’égalité, mais cette fois pour dire “Non aux contrats magouille”, “oui à de vrais contrats de travail”, “oui à de vrais projets d’insertion” : c’est là une bataille qui en vaut la peine.

Alors, oui, chiche, M. le préfet, chiche ! Et chiche également à tous les autres !

Georges-Marie Lépinay

(1) Il y a certes quelques exceptions où le maître d’ouvrage devient le maître d’œuvre, l’exécutant. C’est par exemple lorsque, par l’intermédiaire de ses propres services, l’État utilise pour son compte cette main d’oeuvre gratuite. C’est le cas de l’Education nationale. Voire de la direction du travail qui s’est attribué un contrat précaire pour s’occuper de tous les autres précaires ! Ou encore du Ministère de la Justice.

Témoignages Réunion .

claude .

Publicité
Commentaires
F
[G]« L’empoisonnement des peuples martiniquais et guadeloupéens a été délibéré ! »[/G]<br /> <br /> [I]Interview de Raphaël CONFIANT[/I]<br /> mardi 27 février 2007 , mis en ligne par la rédaction de [I]Montray Kreyol [/I]<br /> <br /> MONTRAY KREYOL : On vous connaît comme écrivain, comme universitaire, voire comme militant politique, mais pas écologiste, d’où vient votre intérêt pour la protection de l’environnement ?<br /> <br /> CONFIANT : En fait, pendant plus de quinze ans, j’étais un militant actif de l’ASSAUPAMAR. J’ai été de tous les grands combats menés par cette association écologiste dans les années 80 et 90 : lutte contre la construction d’un aéroport aux Salines, contre la marina du Marin, contre le déboisement du Morne d’Alet (Trois-Ilets), contre la bétonisation de l’Habitation Séguineau (Lorrain) ou, à l’inverse, pour le développement de l’igname-bélep mécaniquement récoltable ou la valorisation de l’étang des Salines. J’ai même été vice-président du seul parti écologiste de la Martinique, le MODEMAS, dirigé par Garcin Malsa, le maire de Saint-Anne. Actuellement, je suis membre de l’association « Ecologie Urbaine ». Ce n’est donc pas une nouveauté.<br /> <br /> MONTRAY KREYOL : Vous venez de co-écrire un livre avec Louis BOUTRIN consacré à ce que vous appelez le scandale du Chlordécone aux Antilles, de quoi s’agit-il ?<br /> <br /> CONFIANT : Nous nous sommes essayés au journalisme d’investigation. En effet, chez nous, les journalistes sont trop souvent des porte-micro ou des porte-plumes, sans jeu de mots. Ils se contentent de retranscrire ce que leur disent les hommes politiques sans trop chercher à vérifier les dires de ces derniers. C’est ainsi qu’ils diffusent la fable selon laquelle « la question du Chlordécone est réglée ! ». Or, il n’en est absolument rien. L. Boutrin et moi avons recherché les enquêtes et rapports établis pendant trente ans sur la question des pesticides dans nos bananeraies et nous avons tout bêtement découvert que l’on nous avait empoisonnés et qu’on continuait de le faire. En silence ! Que par exemple le Chlordécone sera interdit en France en 1972, mais autorisé aux Antilles jusqu’en 1993 alors que tous les rapports le décrivent comme cancérigène. Que du Dieldrine a été découvert dans l’eau de la Basse-Terre alors que ledit pesticide n’a jamais été homologué en France. Et la liste est longue…<br /> <br /> MONTRAY KREYOL : Quand vous dîtes, « on nous a empoisonnés », voulez-vous dire qu’il s’agit d’un acte délibéré et si oui, qui en serait le responsables ?<br /> <br /> CONFIANT : Il s’agit bel et bien d’un empoisonnement délibéré de tout un peuple. Pourquoi ? Parce que pendant 30 ans, les services déconcentrés de l’Etat français ont dissimulé à la population la gravité de l’usage des pesticides malgré les rapports scientifiques qu’ils avaient eux-mêmes commandités. Parce que pas moins de cinq ministres de l’agriculture ont signé des autorisations d’utilisation pour des produits qu’ils savaient pertinemment nocifs pour la santé humaine. Parce que divers importateurs Békés n’ont eu de cesse de faire entrer ces produits sur le sol martiniquais et guadeloupéen au mépris de la législation en vigueur. Tout cela participe du génocide par substitution dont a parlé Aimé Césaire.<br /> <br /> MONTRAY KREYOL : Mais il y a bien eu une mission d’enquête parlementaire sur la question du Chlordécone ?<br /> <br /> CONFIANT : Foutaise ! Poudre aux yeux ! On nous a couillonnés avec une mission alors qu’il aurait fallu une commission d’enquête parlementaire. La première n’a aucun pouvoir, elle est purement consultative, alors que la seconde a la possibilité de traîner les responsables devant la justice comme dans les affaires du sang contaminé, de la vache folle, de l’amiante ou d’Outreau. Résultat : nous continuons à boire de l’eau polluée, à manger des racines et des poissons contenant un taux de pesticides effroyable d’où le quadruplement du nombre de cas de cancers dans nos pays depuis dix ans. On nous tue à petit feu et les grands et beaux esprits républicains de nos pays gardent la bouche close !<br /> <br /> MONTRAY KREYOL : On vous avait cru ébranlé par la polémique sur les « Innommables » et vous voilà de retour ?<br /> <br /> CONFIANT : Ebranlé, moi ? Il faut davantage qu’une poignée de Caldoches et leurs laquais indigènes pour m’intimider. Ces gens ne représentent rien et ne veulent que la perpétuation du système colonial dans nos pays. Qu’ils sachent qu’ils me trouveront toujours sur leur route et que je rendrai coup pour coup ! Qu’ils le veuillent ou non, la Martinique sera un jour indépendante.<br /> <br /> http://www.montraykreyol.org/spip.php?article168&archives=2007-10
Publicité
Derniers commentaires
Publicité