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LE PIGEON BLEU
24 janvier 2008

MOTS MURMURÉS A UNE PETITE FILLE PALESTINIENNE

MOTS MURMURÉS A UNE PETITE
FILLE PALESTINIENNE

Je vous ai déjà dit combien j’affectionne Raphael Confiant. Voici un des ses billets que j’ai particulièrement apprécié.

mardi 2 octobre 2007, mis en ligne par Raphaël CONFIANT  sur Montray Kréyol 

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Petite fille, je ne connais pas ton nom. Peut-être Malika, Leïla ou Nassima. Ou peut-être Hind (« Inde » en arabe), celui qu’on donne aux plus belles. Aux belles d’entre les belles. Je ne connais pas ton nom, mais tes yeux me parlent. J’aime leur couleur « moreno de verde luna », selon l’image du grand poète andalou Federico Garcia Lorca dans le « Romancero gitano ». Image que l’on pourrait traduire, maladroitement sans doute, par « brun-vert clairdeluné » ou « brun-vert olive ». Oui, tes yeux me parlent et j’entends tes mots : incompréhension, douleur, peur, incrédulité.

Petite fille de Gaza, la rebelle, derrière les barreaux roses de ta maison, observant les funérailles de ton père ou de ton frère abattu par l’armée de Sion. Tu ignores peut-être que d’autres barreaux plus grands et plus terribles enserrent la langue de terre où ton peuple a été parqué depuis un demi-siècle. Sans doute de la terrasse de chez toi, observes-tu à l’approche de la nuit de grands oiseaux de feu qui trouent le ciel et s’en vont. Ce ne sont, hélas, point des créatures d’Allah, mais des hélicoptères et les lueurs qui s’en échappent ne sont pas des rayons de lune mais le feu à jet continu des mitrailleuses.

Petite fille dont les lèvres s’ouvrent de stupeur et qui pourtant conservent l’innocence des pétales fraichement écloses des roses d’Ispahan, je sens ton cœur chamader contre le mur où tu tentes de trouver un peu de chaleur et d’affection. En toi, soudain un grand vide, comme si toute ta petite personne se dérobait sous tes jambes, comme si ce que tu voyais par-delà les barreaux te projetait d’un seul élan dans l’innommable du monde.

Petite fille de Palestine, je devine pourtant, à tes mèches rebelles, à cette larme au bord de tes yeux qui ne veut pas couler, que l’essentiel en toi, l’essentiel de toi, n’a pas été ébranlé. Je devine que demain, tu grandiras avec une détermination sans faille, celle que les « moustafikin » (« hypocrites » en arabe) et les bavardeurs des droits de l’homme, qualifieront probablement de « féroce ». Ils ne savent pas de quoi ils parlent. Ils n’ont jamais vu la mort de près. Ils sèment cette mort derrière le blindage d’acier de leurs chars ou depuis la carlingue de leurs chasseurs-bombardiers volant à 10.000 pieds. Puis, ils rentrent tranquillement au bercail pour lire des contes de fée à leurs enfants afin de les aider à s’endormir, affectueux et humains en diable.

Petite fille dont on a brisé l’enfance, sache que nous serons nombreux, de plus en plus nombreux, à ne pas te condamner le jour où, devenue femme, tu décideras de frapper l’ennemi. Car comme le dit le grand poète palestinien Mahmoud Darwich :

« Mon pays commence depuis moi-même ».

Petite fille, tu es un pays à toi toute seule. Un pays à naître. Un pays qui vagit, qui tressaute, qui hurle dans l’indifférence des bienpensants de l’Occident judéo-chrétien. Un pays qui naîtra un jour. Forcément. Aux forceps…

Petite fille palestinienne, tu es ma fille. J’éprouve la tendreté de ta peau contre la mienne, je te serre entre mes bras, je t’étreins. Je ne cesse de t’étreindre malgré les barreaux qui emprisonnent la sourde énergie de tes six ans.

Soleil, ô soleil, c’est ce que tu es, oui…

Raphaël Confiant

Francis

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Commentaires
L
[Bouquet]<br /> [Ange]
A
Petite LOUTRE, tu es ma fille. J’éprouve la tendreté de ta peau contre la mienne, je te serre entre mes bras, je t’étreins. Je ne cesse de t’étreindre malgré les barreaux qui emprisonnent encore ton corps de merveilleuse jeune femme. <br /> <br /> <br /> Soleil, ô soleil, c’est ce que tu es, oui…[Bouquet]
L
Mon enfance brisée(aussi) non pas par une guerre mais brisée quand même ... s'en sortir survivre vivre entrer en résilience c'est possible ... que peut être que cette petite fille n'aura pas des désirs de revanche ... peut être que cette fille devenue femme arrivera a être heureuse, dans un pays en paix, peut être , enfin ... ?
R
Ce matin en écoutant la radio,le commentateur évoquait "qu'au moins 700 000 palestiniens avaient été se ravitailler en Égypte" rétablir la libre circulation entre Gaza et ce pays ou les denrées alimentaires sont deux fois moins chères que celle qui transitent par Israël, permettrait aux palestiniens de vivre simplement vivre,pour une fois Moubarak n'a pas osé bouger contre le peuple.Si Israël intervient militairement la condamnation risque d'être plus forte que jamais.. C'est donc une grande victoire du peuple de Gaza et qui j'espère donnera des idées....<br /> Solidaire je suis de ce combat pour la liberté!<br /> <br /> Roger
N
... petite fille de Palestine, tu as droit à ce que la paix et la dignité reviennent ensemble dans ton pays de Palestine. Depuis 40 ans, j'ai milité contre la guerre au Viet Nam; j'ai été solidaire des Irlandais de Belfast; j'ai eu le Chili au coeur, etc.<br /> <br /> "Il est temps que le malheur succombe" pour ta terre de Palestine, ça suffit ! Ya basta !<br /> Il faut que les petites filles là aussi puissent grandir et rêver de ce monde qui pourrait être si beau si on coupait le robinet des 750 milliards de dollars consacrés à détruire militairement les humains et leur environnement...<br /> <br /> Il est temps que pour nous occidentaux, que le scandale insupportable des exactions commises avec notre complicité si près de chez nous cesse !<br /> <br /> Je suis content de ce qui vient de se produire pour les Gazahouis avec le rétablissement de force des échanges avec l'Egypte. Ce grand ghetto de Gaza doit être libéré. Le "jeu" de l'isolement et la tentative d'affamer ses populations doivent impérativement cesser.<br /> <br /> NOSE DE CHAMPAGNE
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