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LE PIGEON BLEU
25 janvier 2008

Rentrée scolaire : gréve illimitée !!!!!

Contre la précarité et la paupérisation de l’Académie

« On ne lâchera pas ! »

“Acte 1 de la mobilisation 2008” : l’Intersyndicale des personnels précaires de l’Education nationale a confirmé hier le maintien de son préavis de grève pour lundi prochain, jour de la rentrée. « Ce sera le début d’un processus dynamique marqué par de multiples points forts », soutient l’Intersyndicale, qui appelle le plus grand nombre à se mobiliser contre la paupérisation de notre système éducatif. Rendez-vous est donné lundi à 11 heures devant le Rectorat. La bataille ne fait que (re)commencer !

1.000 emplois supprimés dont 343 en 2008 dans les filières administratives et vie scolaire auxquelles s’ajoutent 420 contrats non renouvelés et remplacés par des CDD de 6 mois : sans ces personnels employés en contrats précaires par l’Etat, les établissements de notre département ne pourront pas fonctionner correctement. Et combien d’ATOS vont disparaître ?

Premiers effets des suppressions dans les établissements Cet état de fait ne suffit pourtant pas à alerter les autorités académiques, ni même le Préfet, qui appliquent à la lettre la politique de casse du service public instituée par ce gouvernement, et ce quelles qu’en soient les conséquences. Déjà, les effets concrets de la première vague de suppressions de postes se font ressentir. Au lycée de Roche-Maigre, par exemple, il n’y aura plus ce lundi d’agent administratif pour assurer le paiement des bourses aux familles.
De son côté, Pascal Gonthier, agent technique et ouvrier de service dans un lycée de Saint-Pierre, explique que suite à la suppression de 3 postes au service général, ils ne sont plus que 4 ATOS pour entretenir 4 hectares de surface arborée et de bâtiments, soit une centaine de classes qui accueillent 1.260 élèves. S’il assure que l’établissement sera prêt lundi pour accueillir les élèves, il redoute les dysfonctionnements à venir, comme la dégradation des conditions de travail. Derrière le drame humain qui touche des centaines de familles reléguées au chômage, après parfois 10 ans au service de la communauté éducative, c’est la privatisation du service public d’éducation qui s’annonce.
Parmi les 30 académies que compte la France, celle de La Réunion est la plus mal dotée en effectifs (30ème sur 30 !), alors que la démographie locale entraîne des besoins croissants. En plus de se soustraire à un plan de rattrapage, à son obligation d’intégration et de formation des personnels précaires, l’Etat supprime massivement des postes, occultant l’ampleur du chômage, de l’illettrisme, de l’échec scolaire à La Réunion. « Veut-on vraiment donner leur chance aux élèves réunionnais ? », s’insurge Jean-Odel Oumana, Vice-président de la FCPE, mobilisée aux côtés de l’Intersyndicale. « Nous sommes inquiets d’une telle diminution de moyens. Qu’adviendra-t-il à la rentrée 2008 ? Quelle qualité de service public sans surveillance, sans hygiène, sans sécurité ? ».

Propositions du Recteur : « Peanuts ! »

Loin de répondre à ces questions essentielles, le Recteur les bat en brèche. « C’est un dialogue de sourds permanent », soutient Marie-Hélène Dor, membre de la FSU. Invitée mercredi par le Recteur, l’Intersyndicale n’a obtenu aucune réponse à ses revendications phares. Gel des suppressions de postes, moratoire pour un état des lieux précis des effectifs précaires au sein de l’Académie, nouvelle table-ronde avec tous les acteurs cette fois et pas seulement la Région Réunion : le Recteur n’entend pas, évite les sujets.
Quant aux personnels TOS, ce n’est plus le problème du Rectorat, pourtant garant du bon fonctionnement de l’Académie, qui préfère renvoyer la balle aux collectivités qui ne savent toujours pas la hauteur du financement de l’Etat pour ces postes. « Il y a un refus systématique de prendre en compte la gravité de la situation, d’avancer sur ce dossier », soutient encore Marie-Hélène Dor. « Même son de cloche du côté de l’Elysée : on nous dit que ça n’est pas si grave, pas catastrophique ! ». Les propositions émises par le Rectorat ce mercredi ne sont pas à la hauteur des attentes des syndicats. « Foutage de gueule ! », « peanuts ! », défend Patrick Corré.
Le Recteur propose de prolonger de 1 an 19 contrats CAV de plus de 50 ans, soit, pour l’Intersyndicale, une pérennisation de la précarité doublée d’un effectif dérisoire au vu du nombre total de contrats précaires, plus de 2.000 pour ce qui est connu. Dérisoires également les 40 postes d’Assistant d’Education et bien tardive cette autre annonce de l’ANPE d’accompagner enfin les CAV.

« On va faire beaucoup de remous... » « Depuis 1 an, on ne peut rien faire. Une menace de grève, et tout à coup, quelques miettes pour calmer le jeu », commente Christian Picard, Secrétaire départemental de la FSU. « Une certitude, l’Administration se complait dans cette précarité et ouvre la porte à la privatisation (...). C’est du mépris pour La Réunion, la société réunionnaise et les parents d’élèves. Plus que jamais, il faut être mobilisé pour défendre ses intérêts, sinon on cautionne la sape du service public ». Et le syndicaliste de dénoncer « la politique de l’hypocrisie » des élus locaux, leur « bienveillance », pour Patrick Corré, face à l’institutionnalisation de la précarité.
Pour Jean-François Rialhe, Secrétaire de l’UNSA, le jeu de ping-pong entre les différents acteurs sur ce dossier est insupportable. Il prend pour exemple le représentant de l’ANPE, présent mercredi aux côtés du Recteur, qui a avoué de façon plus ou moins claire que l’institution n’avait pas fait son travail, tout en précisant que ce n’était pas lui, mais son prédécesseur. « Le discours officiel qui consiste à dire que l’on va remplacer la précarité par la précarité est parfaitement scandaleux, se soulève le syndicaliste (...). On ne s’en sortira pas sans la création de postes de TOS dans les établissements ».
Si les atteintes portées à notre système éducatif s’inscrivent dans une politique nationale de remise en cause des services publics, l’Intersyndicale est fermement décidée à ne pas laisser l’Etat agir sans réagir. Pot de terre contre pot de fer ? Qu’importe, l’enjeu est trop important. « Nous allons prendre nos responsabilités », soutient encore Marie-Hélène Dor, qui invite à multiplier les initiatives au sein des établissements.
« S’il faut refaire le tour des administrations, on le fera, défend encore Christian Picard. On va faire beaucoup de remous, car les établissements ne peuvent pas fonctionner sans ces personnels ».

Stéphanie Longeras


L’Intersyndicale renvoie l’Etat devant la justice

La Réunion : zone de non-droit ?

Saviez-vous que certains chauffeurs employés par l’Etat pour conduire vos enfants à l’école n’ont ni contrats, ni formation ? Que les précaires de l’Education nationale, des agents de cantine scolaire, par exemple, devraient être accompagnés d’un encadrant dont ils n’ont jamais reçu la visite ? Que ces mêmes personnels qui doivent, selon la nature des contrats, travailler entre 20 et 26 heures font plus de 30 heures par semaine pour un salaire plus de deux fois inférieure à celui de leur collègue titulaire qui a la même mission ? Saviez-vous encore que le Rectorat est incapable de fournir un état des lieux des personnels précaires, car il y a un tel turn-over, une telle atteinte au Code du travail que pour eux, rien n’est fait dans les règles ? Ni contrat, ni clause de fin de contrat, ni formation, ni suivi de l’ANPE pour le reclassement, ni possibilité de rechercher un emploi en parallèle de l’exercice de son contrat précaire, comme prévu par la loi.
Enfin, pour avoir reconduit des contrats successifs pendant plusieurs années, l’Etat est encore dans l’illégalité. L’Intersyndicale a sélectionné un certain nombre de dossiers et porté plainte au Tribunal administratif et aux Prud’hommes, demandant des dommages et intérêts pour les victimes. La Réunion est-elle vraiment un département français ou encore une colonie ? Son passé en fait-elle une zone de droit ? La justice le dira.

SL



« On ne lâchera pas ! »
Article paru dans Témoignages le vendredi 25 janvier 2008

claude .





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