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LE PIGEON BLEU
18 avril 2009

400.000 pauvres à la Réunion

Voilà une étude qui tombe à pic. À la veille de la mise en place du revenu de solidarité active (RSA), l’Insee vient de publier dans un numéro spécial de sa revue mensuelle, “Économie de La Réunion” (1), une étude diagnostiquant la pauvreté à La Réunion. Un état des lieux qui a pu être réalisé avec le concours de la Caisse d’allocations familiales. Pour tenter de cerner la pauvreté à La Réunion et son évolution, des critères spécifiques ont été triés sur le volet. Niveau de vie, pauvreté monétaire, pauvreté en terme de confort de vie, analyse des bas salaires... Le critère de pauvreté absolue fixé par l’Organisation Mondiale de la Santé (60 dollars par mois pour un individu) ou la pauvreté santé, la misère sociale n’ont pas été retenus ici. Non, l’Insee a tenté de cerner la pauvreté réunionnaise en valeur relative, en interrogeant un millier de familles sur la période 2001-2006. Une période au cours de laquelle la croissance économique réunionnaise flirtait avec les 5 %. C’est avec le critère du niveau de vie (2) que la situation apparaît la plus critique. Malgré la croissance économique, le diagnostic de l’Insee est alarmant : “En 2006, un Réunionnais sur deux vit avec moins de 790 € par mois. C’est mieux que cinq ans auparavant, mais on est encore loin des niveaux de revenus en France métropolitaine.” Ainsi, le climat économique favorable de ces dernières années a surtout bénéficié aux plus aisés, conduisant à un accroissement des inégalités. L’image d’Épinal selon laquelle il existe une forte proportion de personnes à faible niveau de vie à La Réunion est confirmée : 52 % de la population réunionnaise vit en dessous du seuil de pauvreté national, soit 817 € par mois. En métropole, seulement 13 % de la population vit en dessous de ce même seuil. “Les bons résultats économiques de la période 2001-2006 ont profité aux plus aisés de la population...”

Un décalage flagrant observé dans le détail. Premier constat : les niveaux de vie sont nettement moins élevés à La Réunion qu’en métropole. Dans notre île, le niveau de vie médian était en 2006 de 790 € par mois contre 1 280 € en France (Dom inclus). En bas de l’échelle, l’étude indique que 10 % de la population réunionnaise a un niveau de vie inférieur à 390 € quand en France cette frange de la population subsiste avec moins de 660 €. En haut de l’échelle, 10 % de la population a un niveau de vie supérieur à 1970 € quand les plus aisés de France tablent sur un niveau de vie supérieur à 2 370 € (lire graphique “Niveau”ci-contre). L’inégalité est territoriale mais elle est aussi temporelle. Certes les cinq années de croissance économique ont permis de résorber le nombre de chômeurs mais en ce qui concerne l’évolution des niveaux de vie sur cette période, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. “Les 50 % de la population les plus modestes n’ont pas vu augmenter leur niveau de vie, indique Pascal Chevalier, directeur régional de l’Insee Réunion. Les bons résultats économiques de la période 2001-2006 ont profité aux plus aisés de la population .” Du coup, rien d’étonnant à ce que les inégalités de revenus soient fortes. Dans notre département, les 20 % les plus riches détiennent 45 % de la masse des revenus, contre 37 % en métropole. Autre constat éloquent : en 2006, les 10 % les plus aisés ont un niveau de vie cinq fois supérieur à celui des 10 % les plus modestes (contre 3,6 pour la France). Petit détail, en 2001, ce coefficient pour La Réunion était de 4,4. En clair, le fossé se creuse entre les plus pauvres et les plus riches à La Réunion. L’Insee est arrivé à la même conclusion en se basant sur un autre indicateur : la pauvreté monétaire. Selon ce critère, sont considérés comme indigents, les Réunionnais(es) vivant avec moins de 60 % du niveau de vie moyen, soit 473 € par mois. Un indicateur plus judicieux pour savoir qui sont les pauvres à La Réunion et comment les aider au mieux. Là aussi, les chiffres sont préoccupants : 17 % des Réunionnais(es) vivent en dessous de cette norme en 2006, soit 2 % de plus par rapport à 2001. Sans surprise, les chômeurs sont les premiers concernés par cette pauvreté monétaire (35 % d’entre eux sont pauvres). Mais les jeunes (15-24 ans) y sont particulièrement exposés. Par ailleurs, l’enquête révèle que 10 % de ceux qui ont un travail en 2006 peuvent être considérés comme des travailleurs pauvres. Soit le double du pourcentage relevé en 2001. “La situation se dégrade”, selon le directeur de l’Insee. Après un tel tableau, comment fait La Réunion pour tenir encore debout ? La question est d’autant plus pertinente que l’étude de l’Insee ne tient pas compte du coût de la vie plus élevé à La Réunion qu’en métropole. À La Réunion l’indigence a des allures de double peine. Le sondeur économique apporte néanmoins un élément de réponse. Les mécanismes de redistribution de la métropole vers La Réunion contiennent la situation. Grâce à ces dispositifs, les 10 % les plus démunis, survivent avec 300 € par mois après versement des prestations sociales. Mais là encore, une surprise est au tournant : les 10 % les plus aisés bénéficient également d’une hausse de leur niveau de vie après versement des prestations sociales et paiement des impôts. Une injustice de plus qui comme les autres devrait donner du grain à moudre à ceux qui participeront aux prochains états généraux de l’Outre-mer, à moins qu’il ne faille parler d’état d’urgence de l’Outre-mer

Yoann Guilloux clicanoo .

claude

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Commentaires
N
Sur Wikipédia ils donnent l'information selon laquelle en 2008 on recensait 800 mille habitants à La Réunion... Alors, compter sur une telle population 400 mille pauvres, çà ce n'induit une proportion de 50%, si ce n'est légèrement plus, et c'est énorme pour un territoire français. <br /> <br /> On comprend mieux pourquoi la situation est là bas (comme dirait un ex-premier ministre) "révolutionnaire" ! <br /> <br /> Par ailleurs, la description brossée par le directeur de l'INSEE là-bas est très révélatrice de ce qu'est la "profitation" !<br /> <br /> Plus que jamais, je suis solidaire du peuple réunionnais. Merci de cimenter ainsi, je devrais dire bétonner (par des informations si nourries) cette fraternité de combat pour le progrès social. <br /> <br /> NOSE
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