ma fille , mon amie , ma camarade
Comment te dire Muriel , si ce n'est en chantant la chanson de ferrat , c'est un joli nom camarade , c'est un joli nom , tu sais ....
Tu rentres sur un chemin que j'ai emprunté il y a longtemps , je voulais refaire le monde , le rendre plus juste , plus fraternel , plus humain , 47 ans plus tard , je le veux toujours , l'on pourrait penser que j'ai perdu mon temps , non , je savais trés bien que cela ne serait pas facile ,et ces années de joies , d'espoirs , de tristesses abyssales , ces années de succés , de défaites , ces années d'avancées et de reculs , pour rien au monde , je ne les echangerai , contre un chemin bordé de roses !
Car au long de tout ce temps passé , j'ai d'abord croisé ta mere , que j'appelais camarade au début , puis je vous ai connu , tes fréres et toi , moments fantastiques de ma vie , que de voir trois enfants deployer leurs ailes , chacun à sa façon , mon unnivers aurait pu s'arreter là , j'avais de quoi , m'occuper ...
Mais ce ne pouvait s'arreter là , comme dit Jean , je n'ai fait que penser aux autres , me battre , non pour moi , mais pour les autres aussi , pour vous mes enfants bien sur , mais aussi pour les mineurs en 62 et pour les sidérurgistes plus tard , pour le paysan du Vietnam , pour l'ouvrier du Chili , pour le journalier du Portugal comme pour le réfugié de Gaza .
J'ai rencontré des hommes et des femmes qui ont marqué ma vie à jamais , gilbert et son épouse yvette , jean Steffenhagen , jean Llante et tant d'autres encore , ils ne recherchaient ni la gloire ne les médailles , ils se battaient pour ceux qui parfois n'avaient pas meme l'idée du combat , ils criaient pour les sans voix , et expliquaient à tous ceux qui voulaient bien les écouter , que l'on ne perd de façon certaine que les combats que l'on ne mene pas .
Le parti m'a fait hurler de rage parfois , il m'a fait le quitter , il m'a fait revenir , il m'a fait rire , sourire , bouder , applaudir , défiler , mais tout cela il me l'a fait faire , parcequ'il m'avait appris qu'au final c'était toujours moi qui décidait .
comment te dire Muriel , le chemin facile , c'est de ne penser qu'a soi , le chemin que tu choisis n'est pas toujours aisé à pratiquer , mais c'est le seul qui vaille si l'on veut se dire un homme ( ne cries pas ) ou une femme .
Alors bienvenue ma fille , et dois je te le dire , je suis assez content de toi , pas depuis aujourd'hui , bien sur , mais encore plus depuis aujourd'hui .
claude .