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LE PIGEON BLEU
28 septembre 2011

Syrie : article long mais passionnant

Communiqué du Parti communiste Syrien

Communiqué de Husein Nemer, premier sécrétaire du Parti communiste syrien (unifié)

Nous tenons à vous présenter une brève analyse des événements successifs qui se sont déroulés dans notre pays, la Syrie, afin de mettre en lumière certains faits, d’une part, et tordre le cou à certains mensonges montés de toute pièce et médiatisés par la propagande impérialiste visant la Syrie.

Depuis que les événements ont commencé en mars dernier, des dizaines de chaînes de télévision en Amérique, en Grande-Bretagne et en France, certaines chaînes dans le monde arabe, et des centaines de sites internet ont travaillé d’arrache-pied pour falsifier la réalité sur ces événements, en tout cas pour l’opinion publique mondiale, avec des programmes spécifiques diffusés en ce sens, jour et nuit.

Le président Américain fait des déclarations quotidiennes comprenant des menaces directes visant la Syrie, ainsi qu’une ingérence flagrante dans les affaires internes du peuple Syrien. Plusieurs hauts dignitaires de l’Union européenne suivent les pas du président Américain.

Ces menaces et ces ingérences ont atteint un sommet lorsque le président Américain a affirmé l’illégitimité du régime Syrien. Des sanctions sévères et injustes ont été imposées au peuple Syrien et à son économie. Plus dangereux encore, des plans sont discutés et impulsés par l’OTAN afin de lancer des vagues de frappes aériennes pendant plusieurs semaines contre 30 sites stratégiques en Syrie, ressemblant exactement à ce qui s’est passé en Yougoslavie.

Certains hauts dignitaires Européens ne vont pas hésiter à appeler à traiter la situation en Syrie avec des méthodes qui en ferait une pâle copie de la crise Libyenne. Des dizaines de milliers de civiles ont été massacrés, des dizaines d’usines et de sites économiques ont été détruits par des frappes aériennes, et pendant ce temps, la Libye est divisée.

Des Etats-membres de l’alliance impérialiste internationale essaient, par tous les moyens possibles, de faire adopter une résolution du Conseil de sécurité condamnant la Syrie, qui serait suivie par des résolutions successives contre la Syrie et la soumettre au chapitre 7 de la Charte de l’ONU, afin qu’une campagne agressive puisse être légitimée. Grâce à l’opposition de la Russie et de la Chine, accompagnées de l’Afrique du sud, l’Inde, le Brésil et le Liban, les tentatives impérialistes au Conseil de sécurité de l’ONU sont tout simplement, jusqu’à présent, un échec.

Toutes ces manœuvres sont justifiées de deux façons :

    Des manifestants sont tués en Syrie, on a recours à des méthodes sécuritaires dans le traitement des manifestations ;

    La manipulation des insuffisances du régime en Syrie, tels que le manque de démocratie et le monopole du pouvoir exercé par le parti au pouvoir, afin de faire pression sur le régime pour qu’il adopte des changements internes, bien que tout changement interne doive être considéré comme une partie intégrante de la souveraineté nationale de n’importe quel pays ;

En fait, plusieurs manifestations ont eu lieu dès le mois de mars, appelant à des réformes sociales, économiques et démocratiques. La majorité de ces revendications ont été soutenues par notre parti comme une façon de s’opposer aux effets néfastes de la mise en œuvre de mesures économiques libérales, issues des accords passés avec le FMI, et de la transformation de la Syrie en une économie de marché. Les effets ont été très mauvais sur le niveau de vie des pauvres et des couches moyennes.

La direction politique du pays a été constamment mise en garde, par la presse du parti, des rencontres officielles ou des mémorandum officiels, le dernier il y a cinq semaines de cela. Les manifestations étaient pacifiques.

Elles ont été bien vite manipulées par des religieux fondamentalistes et des groupes radicaux à l’idéologie obscurantiste.

De pacifiques, les manifestations sont devenues armées, visant à atteindre des objectifs qui n’ont rien à voir avec des réformes politiques et sociales. Les forces de sécurité ont commis plusieurs erreurs injustifiables dans le traitement de ces manifestations. Des dizaines de civils et de soldats ont été tués. Des gangs armés se sont constitués, attaquant des propriétés publiques et privées, et mettant en place des barricades dans certaines villes où ils ont pris le dessus. Dans les tout derniers mois, ces bandes armées se sont chargées de mettre sur pied des sites armés dans les régions frontalières entre la Syrie, d’une part, et la Turquie, la Liban, la Jordanie et l’Irak pour s’assurer une continuité dans le ravitaillement en armes et en équipements divers.

Quoi qu’il en soit, les bandes armées n’ont pas réussi à établir une base frontalière stable. Cela a coûté à la vie à des centaines de civils et de soldats, plus de 2 000 victimes. Dans le même temps, certains événements ont été exagérés. Des faits ont été falsifiés. Les équipements dernier cri électroniques et médiatiques ont été utilisés afin de faire passer l’armée Syrienne comme étant complètement responsable de ces actes, et de déresponsabiliser totalement les bandes armées.

Pressé par les événements, le gouvernement a adopté plusieurs réformes sociales et démocratiques comprenant : l’annulation des lois d’urgence, des tribunaux exceptionnels, et le caractère légal accordé aux manifestations pacifiques. Récemment, une nouvelle loi électorale et une loi permettant la création de partis politiques ont été adoptées. Est en cours de préparation une nouvelle constitution ou une constitution modifiée.

De nouvelles lois couvrant les domaines des médias et de l’administration locale ont également été adoptées.

Les objectifs de ces lois et mesures sont : casser le monopole du pouvoir exercé par le parti Baath, pour établir une société pluraliste et démocratique, pour garantir les libertés publiques et privées, pour aider au développement de la liberté d’expression et à la reconnaissance du droit de l’opposition à une activité politique pacifique.

En dépit de nos réserves quant à certains articles, ces lois sont très importantes. Pendant plus de quarante années, notre parti a lutté pour que de telles lois soient adoptées. Si ces lois étaient mises en œuvre, elle pourraient être un pas important en avant, dans la transition de la Syrie vers une société démocratique et pluraliste.

De vastes secteurs de l’opposition nationale pacifique ont accueilli positivement ces mesures, tandis que l’opposition fondamentaliste et armée s’en tient toujours au slogan du renversement du régime, attisant les tentions communautaires.

Tenter de dépeindre le problème comme s’il s’agissait d’une lutte communautaire ou religieuse serait une falsification flagrante des faits.

Nous pouvons résumer la situation de la façon suivante :

    Les tentions armées dans les villes Syriennes ont diminué. Les bandes armées ont subi de lourdes pertes. Cependant, certaines d’entre elles sont capables de reprendre leurs activités ;

    Les manifestations pacifiques n’ont pas disparu et ne sont pas confrontées à la violence de l’État, à moins qu’elles se soient accompagnées d’agissements violents.

    L’État a invité l’opposition nationale à participer à un dialogue politique général visant à contribuer à la réalisation de la transition à la démocratie et au pluralisme de façon pacifique. Ce dialogue doit affronter de nombreuses difficultés, la plus importante d’entre elles est la pression de groupes armés qui s’opposent au dialogue pacifique et à une solution pacifique, et dépendant du soutien de l’étranger.

    Les menaces impérialistes et colonialistes contre la Syrie se sont intensifiées. Bien que ces menaces posent de nombreuses difficultés, nous devons être prêts à les affronter.

Pour ce qui est de la situation dans notre pays, il apparaît que :

    Les mouvements de protestation existent toujours à différents niveaux. Ils diffèrent d’un gouvernorat à l’autre. On peut remarquer que la plupart des mouvements partent des mosquées, des zones rurales et des taudis, pour se diriger vers les centres-villes ;

    Les mouvements parmi les minorités ethniques ou religieux sont rares. Dans les usines, les universités et les syndicats, il n’y a pas de mouvement ;

    Dans les cercles de la grande bourgeoisie, qu’elle soit industrielle ou économique, en particulier dans les grandes villes comme Aleppo, Lattakia et Damas, il n’y a pas de mouvement .

    Il n’y a aucun mouvement parmi les clans et les tribus

    L’opposition se compose d’un large spectre de partis très divers. Certains sont patriotiques, s’opposant à l’ingérence étrangère et aux bandes armées. De plus, il faut compter avec les Frères musulmans qui peuvent être considérés comme le parti le plus actif et le mieux organisé dans le pays et à l’étranger.

Il y a également plusieurs groupes traditionalistes avec différentes orientations, dont l’influence devient clairement visible dans des rassemblements et manifestations dans différentes régions. Ces groupes ne cachent pas leurs objectifs qui sont typiquement réactionnaires et sectaires.

Sur place, les groupes les plus actifs et importants depuis le début des manifestations sont les coordinations locales qui comprennent des groupes de jeunes n’ayant pas d’orientations ou de plans idéologiques communs clairs si ce n’est le slogan : « A bas le régime ! ». Ils sont vulnérables aux pressions externes et internes.

    L’opposition en exil composée essentiellement d’intellectuels, de traditionalistes, de personnes qui ont abandonné le régime et ont certains contacts à l’intérieur (Khadam et Refaat Al Assad).

Durant la dernière période, ces forces ont organisé plusieurs conférences à l’étranger (exceptée une rencontre organisée à l’hôtel Samir Amis à Damas par l’opposition interne), dans l’objectif de mobiliser des forces et de coordonner leurs positions Des différences idéologiques, politiques ainsi que d’intérêts l’ont emporté. Certaines forces d’opposition à l’étranger ont travaillé dur pour obtenir le soutien des forces étrangères colonialistes.

    Jusqu’à présent, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne mènent la campagne internationale de menaces et de provocation contre le régime en Syrie visant à imposer de plus en plus de sanctions contre la Syrie, en particulier des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU et d’autres organisations internationales, la Russie et la Chine continue de s’opposer à de telles sanctions et mesures. La Turquie a choisi une position opportuniste qui fluctue en fonction de ses intérêts régionaux et politiques. Grosso modo, il y a une unanimité internationale dans l’opposition aux mesures militaires directes contre la Syrie, comme cela s’est produit en Libye, étant donné que la Ligue arabe et le Conseil de sécurité de l’ONU n’adoptent pas de résolutions ouvrant la voie à cette perspective. Le conflit sur cette question est féroce.

    Excepté le Qatar qui joue un rôle vital et important dans la conjuration contre la Syrie, il existe différentes opinions et position dans le monde Arabe concernant la situation en Syrie ;

    Jour après jour, la situation économique se détériore, la pression sur les conditions de vie des masses s’intensifie

    Le régime est cohérent et offre de grandes potentialités. Cinq mois après le début des événements, aucune des institutions de base (le parti, l’armée, la sécurité, les institutions d’État, les ambassades, les organisations populaires, les syndicats, le Front national progressiste...) n’a connu de divisions ;

Assurément, le tableau n’est pas statique, et doit être perçu dans ses aspects dynamiques, son évolution et son développement jour après jour.

Parmi les scénarios possibles :

    La crise pourrait continuer encore pendant une longue période, menant à d’autres catastrophes, bains de sang et souffrances

    Un effondrement menant à l’anarchie générale, une guerre civile ou quelque chose de ce genre, ouvrant la voie à une intervention extérieure ;

    Une division claire dans l’opposition peut se produire, faisant en sorte qu’une partie d’entre elle s’ouvre à un dialogue sérieux avec le régime pour parvenir à un nouveau contrat social dans le pays

    Un terme aux divergences d’approches et à l’ « immobilisme » en ce qui concerne les forces du régime ;

Il y a deux issues possibles : soit l’avancée vers une solution politique à la crise rendant possible une fin rapide et définitive, soit la poursuite du recours au traitement sécuritaire de la crise quelqu’en soit le prix.

Il est difficile de prédire la manière dont une solution décisive sera atteinte.

Certains événements inattendus peuvent se produire, poussant tous les partis à trouver un accord, ou à accepter un accord imposé par des puissances étrangères pour aider le pays à trouver une issue au tunnel dans lequel il s’est engouffré.

Où en est le parti désormais ?

Pour commencer, nous aimerions attirer votre attention sur le fait que notre parti a envoyé un mémorandum au commandement régional à la veille de la 10ème conférence nationale du parti Baath en 2005. Le parti a demandé à ce que l’État soit séparé du parti, que la démocratie et les libertés soient garanties, que les lois d’urgence soit levées, qu’une loi démocratique pour les partis soit adoptée, que les prisonniers d’opinion et politiques soient libérés, que l’on mette un terme à la domination du parti Baath sur les syndicats, que la corruption soit combattue, etc.

En outre, nous tenons à ajouter que le parti a affirmé, dans tous les documents adoptés dans la dernière période, qu’il soutenait la position nationale de la Syrie.

Pour réaliser cet objectif, les besoins sociaux, économiques et démocratiques des masses populaires doivent être satisfaits. Nous avons discuté en détail de ces revendications dans nos conférences et documents.

Dans son analyse de la crise profonde actuelle de notre pays, notre parti avait indiqué clairement que la principale contradiction se trouve entre la formule politique selon laquelle le pays est gouverné depuis des décennies et les revendications de démocratie, de développement social, économique et culturel dont a besoin la société Syrienne.

Le fond de notre position, c’est que cette formule politique repose sur le monopole de l’autorité par le parti Baath, la tutelle sur le mouvement populaire et ses organisations. Cette formule a mené à la décadence et à la bureaucratie, et à la corruption de l’appareil d’État. Par conséquent, les plans de réforme économique et sociale doivent être pris en considération, mis au niveau des exigences de progrès.

En bref, notre parti estime que le fond de la crise actuelle réside dans le décalage entre la structure du régime et les tâches que doit affronter la Syrie. Dans le même temps, le parti insiste sur le fait que l’ennemi et les forces impérialistes font de leur mieux pour utiliser ce décalage interne pour rendre possible la conjuration contre la Syrie, et l’utiliser comme un cheval de Troie pour servir son objectif bien connu, comme nous l’avons mentionné ci-dessus.

En conséquence, le Parti communiste syrien (unifié) n’est pas neutre pour ce qui est de l’alternative nécessaire, d’une part, et des moyens nécessaires pour atteindre cet objectif, d’autre part.

Une solution politique passant par la poursuite de réformes véritables et radicales est la seule issue à la crise. Les mesures sécuritaires ne font que développer les facteurs de la crise, et l’approfondir toujours plus tout en vidant de son sens le contenu des réformes.

Nous affirmons que la situation actuelle rend nécessaire un dialogue constructif et loyal entre toutes les forces patriotiques et honnêtes, indépendamment des différences d’opinions et d’idées dans l’objectif de parvenir à un accord ou à un plan de réformes radicales répondant aux besoins des masses populaires et des garanties sur la création d’un État civil laïc et démocratique s’opposant aux plans impérialistes et Israéliens dans la région.

Si le dialogue nécessite l’existence d’un climat propice, le dialogue même pourrait contribuer à créer un tel climat, car les autres options ne conduiraient qu’à de nouveaux bains de sang, de nouveaux désastres pour le pays et pour le peuple.

Chers camarades,

Étant donné la faiblesse des médias Syriens face aux gros médias de l’impérialisme, à la mobilisation des forces du monde entier contre la Syrie, et à l’alliance anti-Syrienne composée des puissances impérialistes ainsi que de leurs marionnettes dans la région, y compris la Turquie, qui a adopté une politique pragmatique pour se partager l’hégémonie dans la région avec les pays européens, pour toutes ces raisons, notre parti espère que tous les partis communistes, ouvriers et démocratiques dans le monde contribueront à diffuser ces précisions dans l’opinion publique de leurs pays respectifs.

Ainsi, nous appelons ces partis à soutenir la Syrie car elle est le plus important des pays Arabes à résister aux plans impérialistes de domination du Moyen-Orient, et à s’opposer fermement au plan Américano-Israélien visant à diviser la région en diverses entités communautaires dont le contrôle serait rendu plus facile. La Syrie soutient également la résistance nationale en Palestine, au Liban et en Irak. De plus, elle soutient le droit du peuple Palestinien à libérer ses territoires et à fonder un État national avec Jérusalem comme capitale.

Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pc...

Sur Cri du Peuple 1871 : http://www.mleray.info/article-part...


posté par cloclo

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Commentaires
N
[G]LA PRETENDUE REVOLUTION SYRIENNE : UNE GUERRE IMPERIALISTE CONTRE LA SYRIE[/G]<br /> <br /> À en croire les dirigeants des puissances impérialistes qui se montrent naïfs et candides, la Syrie aurait été, dans ces derniers mois, l’arène où se confrontent, d’un côté, les « forces du mal », incarnées par le régime et ses adjuvants iraniens ; et de l’autre côté, les « forces du bien » manifestées par « l’âme immortelle » d’un « bon peuple » par nature, malheureusement réduit par le « Tyran de Damas » en une simple populace d’esclaves.<br /> <br /> [G]Le retour du colonialisme<br /> [/G]<br /> <br /> Il est certain que cette approche superficielle aux violences en Syrie, qui divise le monde, plutôt l’existence avec ses dimensions multiples, en deux forces opposées, celle du Bien (la soi-disant « opposition ») et celle du Mal (le régime), joue un rôle argumentum ad captandum vulgus dans la justification des ambitions de l’impérialisme français et britannique en Afrique du Nord et au Levant, d’où elles y furent chassées le lendemain de la deuxième Guerre mondiale.<br /> <br /> Notons à ce propos la dernière visite de Sarkozy et Cameron, maîtres d’œuvre de l’opération militaire par délégation du triumviratus (Sarkozy, Cameron et Obama) en Libye ; une visite qui prépara la table pour charcuter et dépecer la prise de « l’après-Kadhafi ». À Tripoli, ces deux conjurateurs allèrent célébrer leur victoire, encadrés de leurs gorilles locales du CNT et de leurs propagandistes charlatans, tels que les tambours, trompettes et cymbales des médias occidentaux « principaux » et arabes « subordonnés ». [1]<br /> <br /> À plus forte raison, il était incontestable que les forces impérialistes préparaient à mobiliser leur artillerie lourde contre la Syrie et son régime, une fois le soi-disant « roi des rois d’Afrique », Kadhafi, serait détrôné. Pour en faire, un deuxième triumviratus (Sarkozy, Erdogan et Obama) naquit. Et les trois triumviri hurlèrent : « Carthago delenga est ! Nous devons nous débarrasser du tyran de Damas ! ».<br /> <br /> [G]Le casus belli[/G] <br /> <br /> Dès lors, la Syrie se trouve cible d’une guerre systématique (médiatique, diplomatique et même armée) orchestrée selon le développement des événements sur le terrain. L’exemple le plus significatif de cette campagne féroce nous est fourni par le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui dénonça des « crimes contre l’humanité » en Syrie : « On constate que le régime syrien s’est livré à des crimes contre l’humanité », déclara-t-il à Moscou, le 7 septembre. [2]<br /> <br /> En plus, des milliers de chaînes télévisées, des radios, des journaux, des sites et des réseaux sociaux sur internet, partout dans le monde, bombardent intensivement le régime syrien d’adjectifs diaboliques, visant à réduire son image dans la rue arabe, et à le présenter comme simple phénomène sauvage, dépouillé, bien sûr, de toute qualité humaine, donc de tout droit d’exister. Ajoutons que les États-Unis et l’Union européenne ne cessent pas d’appeler le président syrien Bachar Al-Assad à la démission : « … il est nécessaire pour lui de quitter le pouvoir », déclara Mme Ashton ; « Dans l’intérêt du peuple syrien, le temps est venu pour le président Assad de se retirer », expliqua M. Obama ; « Les graves violations des droits de l’Homme en Syrie contre les manifestants pourraient relever de crimes contre l’humanité », indiqua le 17 août un rapport du Haut-commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU. [3]<br /> <br /> [G]La propagande impérialiste<br /> [/G]<br /> <br /> Il est à noter ici que dans tous les bouleversements politiques sérieux, les machines médiatiques de l’Hégémonie impérialiste y mettent leur grain de sel. Il en va de même, le cas du « Grand Mensonge » de George Bush sur les armes de destruction massive en Irak. La preuve en est que plus de dix ans après l’invasion américaine de l’Irak, les administrations américaines successives n’ont toujours pas présenté la moindre preuve que ce pays avait des armes de destruction massive. Ce qui vient à dire que les masses tombèrent victimes d’une machination de malinformation. Il va de soi que les récentes violences, qui ébranlent la rue syrienne, ne sont pas exemptes de la même machination de propagandes, de mensonges et d’autres manipulations médiatiques, loin s’en faut.<br /> <br /> Pour en croire les médias de l’Hégémonie impérialiste, des militants pacifistes et des manifestants non violents auraient passé la journée, pour ainsi dire, à faire la méditation transcendantale ; et pendant la nuit, ils se seraient rassemblés dans des places publiques, pour allumer des bougies aux immortelles âmes des « martyrs de liberté » ; tandis que le « monstre de Damas » s’enorgueillirait dans son harem. Cependant, loin de cette naïveté caricaturale que les machines médiatiques de l’Hégémonie nous créent, une question se pose au préalable : Qui sont-ils ces « militants de liberté » agnus Dei auxquels on fait l’éloge trois fois par jour : au lever, au midi et au coucher ? Qu’est ce qui se passe donc alors ?<br /> <br /> L’un des problèmes pour dévoiler le paradoxe syrien c’est qu’il y a effectivement une demande interne réelle de changement. Personne ne nie cette réalité, ni même le régime syrien ne la nie. Le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Al-Moualem, a dénoncé le 26 septembre les ingérences étrangères qui manipulent les aspirations légitimes du peuple syrien à des réformes politiques, économiques et sociales, dans un discours prononcé à l’Assemblé générale de l’ONU à New York : « les revendications du peuple ont été utilisées comme tremplin par des groupes armés pour semer la discorde et saboter notre sécurité. La Syrie a exercé sa responsabilité de protéger ses citoyens. Le gouvernement a agi pour garantir leur sécurité et la stabilité du pays », a déclaré M. Moualem en référence à ce qu’il qualifie d’ingérences étrangères. [4]<br /> <br /> Aussi, une vaste majorité de Syriens veulent des réformes. Le peuple syrien se trouve indigné, depuis des décennies, de la corruption envahissante et les tentacules des autorités sécuritaires.<br /> <br /> [G]La rébellion islamiste armée[/G]<br /> <br /> Pourtant, cette demande largement répandue de réformes est-elle, comme l’affirme les machines médiatiques impérialistes, à l’origine des violences en Syrie ? S’il est vrai qu’il y a des manifestations dans certaines villes, qu’il y a des morts, que l’armée est intervenue, il n’est pas moins vrai que la Syrie est devenue un terrain de bataille entre les forces armées syriennes d’un côté, et des insurgés islamistes sunnites armés, de l’autre côté, tels que les Frères musulmans, Al-Qaïda, et d’autres groupes salafistes wahhabites.<br /> <br /> Ce que les médias aux ordres ne disent pas, c’est qu’il y a une rébellion armée soutenue par l’extérieur, et que la Syrie se trouve face à un causus belli déclaré par l’OTAN et les émirats et sultanats arabes « subordonnés ». Ici, il convient de mentionner que Dimitri Rogozin, délégué de la Fédération de Russie auprès de l’OTAN, commentait, le 5 août dans le quotidien moscovite Izvestia, le rôle que joue l’OTAN dans l’augmentation de la violence en Syrie : « l’OTAN planifie en ce moment une campagne militaire contre la Syrie afin d’aider à renverser le régime du président Bachar Al-Assad avec comme objectif à longue échéance de préparer une tête de pont dans la région pour l’attaque contre l’Iran ». [5]<br /> <br /> Aussi, dans un entretien de la chaîne Euronews TV avec Dimitry Medvedev, le président russe avertit des dangers réels que pourrait créer une approche « blanc / noir » à la situation en Syrie : « les manifestants anti-gouvernementaux en Syrie ne sont pas partisans de certains modèles raffinés de la démocratie européenne ». [6]<br /> <br /> À plus d’un titre, les événements en Syrie ramène ici une citation de Lénine dans son célèbre Un pas en avant, deux pas en arrière, traitant les mouvements révolutionnaires en Russie : « … lorsqu’une lutte prolongée, opiniâtre et ardente se poursuit, il arrive d’ordinaire un moment où les points litigieux, centraux et essentiels, commencent à apparaître, dont la solution déterminera l’issue définitive de la campagne, et auprès desquels les menus et insignifiants épisodes de la lutte sont de plus en plus reculés à l’arrière-plan ». [7]<br /> <br /> Sans nul doute possible, les conflits sociaux et politiques au Levant, passent rapidement en conflits religieux et confessionnels ; et les réclamations sociales se réduisent, malheureusement, en tueries tribales. Cette réalité amère nous offre, au moins, une meilleure lecture de la soi-disant « révolution » syrienne ; une lecture qui se met à distance des fanfaronnades des hâbleurs du « Printemps arabe », écourté, à bride abattue, en « Hiver américain » très funèbre !<br /> <br /> Avant toute chose, il est impératif de noter ici, que le Levant constitue un espace hétérogène coupé par des frontières ethniques, linguistiques et religieuses autres que celles imposées par l’accord Sykes-Picot (1916), le lendemain du démembrement de l’Empire ottoman en 1918. En plus, ce qu’il faut aussi noter, c’est que ces frontières intérieures se transforment, rapidement, en des zones des conflits sanglants, une fois qu’un pouvoir central capable de maintenir la paix, serait bouleversé. Considérons l’exemple de l’Irak après l’invasion américaine.<br /> Les évènements en Syrie cachent, en effet, des motivations d’une nature religieuse plutôt que sociale ; en tenant compte du conflit historique entre l’islam orthodoxe (le sunnisme) et l’islam hétérodoxe (le shiisme). Dans un témoignage sur la violence religieuse en Syrie, Hala Jaber pointe la présence d’extrémistes armés (et barbus), agents provocateurs s’employant avec d’assez gros moyens à faire dégénérer les manifestations au départ pacifiques. Elle donne notamment un récit détaillé des graves incidents survenus le 18 juin à Ma’rrat al-Nu’man, ville du nord-ouest : « on voit que les djihadistes y ont fait régner la terreur, et ont versé le sang – alors que l’armée a fait profil bas, pour éviter des incidents. Le récit de l’enlèvement d’un opposant modéré, Mohamed Salid Hamadah, et des tortures et menaces qu’il a subi de la part d’extrémistes sunnites fait froid dans le dos, et laisse supposer ce que serait le climat de la Syrie si elle tombait dans leurs mains ! » [8]<br /> Il est vrai qu’au début des violences en Syrie, les protestations prirent, du point de vue des slogans utilisés (liberté, justice, démocratie, réclamations sociales, etc.), une forme pacifique ; et les demandes des manifestants demeuraient encore à la limite des revendications sociales. Cependant, ces protestations se sont transformées, précipitamment, en actes de violence confessionnelle ciblés contre les minorités religieuses du pays, telles que les musulmans hétérodoxes et les chrétiens.<br /> <br /> [G]La conjuration impérialiste [/G]<br /> <br /> Aussi, les slogans politiques croulèrent en brousse de haine religieuse. Même si le régime politique en Syrie est « contaminé », depuis des décennies, d’une bureaucratie corrompue et contagieuse, il n’en découle nullement de justifier les actes de barbarisme commis par des fanatiques religieux contre les groupes minoritaires et les institutions de l’État.<br /> Dans ce sens, il sera dangereux d’oublier que derrière les réclamations d’une partie du peuple syrien, légitimes au point de départ, se cachent, en effet, les intérêts, pour ainsi dire, des vrais conjurateurs : un bonapartisme caricatural français à la Sarkozy en premier lieu, un impérialisme de carcasses américain à l’Obama, un « humanisme » islamiste turc à l’Erdogan et un wahhabisme « éclairé » arabe à la Saoudienne.<br /> De ce qui vient d’être dit et dans des circonstances pareilles, il est clair d’emblée que la prétendue "révolution" syrienne n’est qu’une machination dirigée alpha et oméga par les centres de pouvoir impérialistes, dont l’objectif fixé à court terme se présente dans le renversement du régime du président syrien Bachar Al-Assad, et à long terme dans la réoccupation du Proche-Orient et la reconstruction de sa carte géopolitique ; un objectif qui nous promet, désastreusement, un futur catastrophique dans la région.<br /> <br /> En guise de conclusion, nous trouvons pertinent de raconter une petite anecdote : « Naguère un brave homme s’imaginait que, si les hommes se noyaient, c’est uniquement parce qu’ils étaient possédés par l’idée de la pesanteur. Qu’ils s’ôtent de la tête cette représentation, et les voilà désormais à l’abri de tout risque de noyade ». Ce brave homme, c’était le type même des hâbleurs et fanfaronnades des machines médiatiques impérialistes et leur subordonnées arabes, qui croient, tristement, que les problèmes du monde arabe, tels que le développement social et économique, l’analphabétisme, les droits de l’Homme, les libertés, la démocratie, l’occupation, le confessionnalisme, les droits des minorités, les droits des femmes, etc. seront résolus une fois le régime syrien serait bouleversé.<br /> <br /> [G]Fida DAKROUB[/G]<br /> <br /> Ph.D Études françaises<br /> <br /> [1] Selon nous, un média subordonné est un moyen de malinformation placé sous la dépendance d’un autre moyen de malinformation principal. Le subordonné ne peut assurer un message cohérent en dehors de cette dépendance. Par exemple : les médias arabes pétrodalliers entrent en relation de subordination avec les médias occidentaux principaux.<br /> [2] http://www.lexpress.fr/actualite/monde/syrie-juppe-accuse_10...<br /> [3] Chitour, Chems Eddine. http://www.legrandsoir.info/face-a-la-democratie-aeroportee-...<br /> [4] http://french.peopledaily.com.cn/International/7605693.html<br /> [5] http://www.lepost.fr/article/2011/08/11/2566824_syrie-le-rep...<br /> [6] http://rt.com/news/russia-syria-medvedev-interview-167/<br /> [7] http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1904/05/vil1904...<br /> [8] http://www.michelcollon.info/Oui-il-y-a-des-terroristes.html...<br /> <br /> URL de cet article 14729 <br /> [G]http://www.legrandsoir.info/la-pretendue-revolution-syrienne-une-guerre-imperialiste-contre-la-syrie.html[/G]
N
... Je suis totalement solidaire du PC Syrien !<br /> Quand on regarde une carte de la région, on voit bien l'intérêt de disloquer le verrou Syrien pour mieux contrôler toute la région et s'assurer des positions face au bloc Indo-Chinois, pour la prochaine confrontation de la fin du siècle.<br /> <br /> NOSE
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