Un peu d'Histoire...Le 13 décembre 1937

Si la deuxième guerre mondiale est souvent commémorée par les occidentaux, à travers des dates clé, débarquement en Normandie, Pearl Harbor, on n'entend pas souvent parler de la bataille de Koursk (juillet-août 1943), qui pourtant impliqua 4 millions d’hommes, représenta le vrai tournant de la guerre et se conclut par le triomphe des armées soviétiques, qui tuèrent ou blessèrent 500 000 soldats allemands au prix de pertes encore plus -lourdes. Il en est de même en ce qui concerne la Chine qui pourtant paya un très lourd tribut pendant cette guerre.

Considérée par de nombreux historiens, comme le véritable début de la seconde guerre mondiale, l'invasion du territoire chinois en juillet 1937, a donné lieu à plusieurs événements et crimes, dont le plus spectaculaire est sans doute le massacre de Nankin, voici tout juste 74 ans , c'est de celui-ci dont il sera question ici.

En décembre 1937, après d'âpres combat à Shanghaï, l'une des trois divisions de l'armée japonaise, sous le commandement du général Matsui, est aux portes de la capitale Nankin Elle est bientôt rejointe par les divisions des lieutenants-généraux Nakajima et Yanagawa.

Au cœur de Nankin, se trouve une zone internationale, crée à l'exemple de Shanghaï pour protéger les civils, et où résident plusieurs centaines d'étrangers, surtout américains, allemands, danois et russes.

Après avoir subit des semaines de bombardement intensifs, tant aériens que d'artillerie, le 8 décembre,le chef du kuomintang le général Tchang Kaï-chek évacue avec sa famille la ville, donnant l'ordre aux forces aériennes chinoises de faire de même, Le jour même, le prince Yasuhiko Asaka, désigné par l'empereur Hirohito, prend commandement de l'opération et rencontre Nakajima qui lui indique que la ville est prête à se rendre...Sa réaction sera "Nous allons donner à nos frères chinois une leçon dont ils se souviendront. Tuez tous les prisonniers."

Malgré une tentative du général chinois Tang Shengzhi d'obtenir une reddition conditionnelle, les troupes japonaises entre dans Nankin par la porte sud et les massacres commencent suivant en cela une décision prise par Hirohito d'approuver une directive de son état-major suspendant les mesures de protection du droit international à l'égard des prisonniers chinois.

Si une partie des réfugiés tente de fuir par les portes nord et ouest, Les troupes japonaises,voyant les soldats chinois se rendre sans résistance, les divisent en petits groupes, isolé les uns des autres. Le massacre commence alors.

Pendant 6 semaines, sous les yeux des observateurs internationaux impuissants, les soldats chinois sont exécutés à la mitrailleuse, à la baïonnette ou au sabre, les femmes de 8 à 88 ans violées et éventrées, les enfants égorgés et les cadavres empilés dans la ville et le long des berges du Yangtze-Kiang.

Si les historiens sérieux reconnaissent que plusieurs centaines de milliers de chinois furent massacrés, Selon les estimations faites en 1948 par le Tribunal militaire international de Tokyo, plus de 200 000 chinois perdent la vie à Nankin et plus de 20 000 femmes sont violées. (Le nombre de morts a été estimé à 300 000 par le Tribunal de Nankin ). Le nombre de victimes exécuté par la division de Nakajima est estimé entre 25 000 et 33000 pour la seule première journée. En raison d'une directive du commandement japonais, des monticules de cadavres restent en place pendant plusieurs semaines dans les rues sans que personne ne puisse les enterrer.

C'est faits aujourd'hui méconnus eurent cependant des témoins occidentaux et donne l'occasion à de nombreux étrangers de s'illustrer en sauvant des vies. Parmi ceux-ci se détachent les figures de Minnie Vautrin, une missionnaire chrétienne américaine, Robert Wilson un chirurgien américain et John Rabe, un homme d'affaires allemand membre du parti Nazi. Ce dernier passe les 6 semaines du massacre à se promener en automobile dans les rues de Nankin en arborant drapeau et brassard nazi afin de sauver les chinois en danger.

En février, Rabe est rappelé par sa compagnie (Siemens) et quitte Nankin en direction de Berlin dans l'intention de porter au Führer un film tourné par le missionnaire américain John G. Magee. Il donne quelques conférences sur le massacre à Berlin, puis écrit à Hitler.
Pour toute réponse, il est convoqué, par la Gestapo qui saisit le film et lui intime l'ordre de se "taire sur cette affaire".

Nankin-JR.jpg Rabe ne reviendra jamais en Chine et après la guerre, sera dénoncé comme sympathisant nazi. Il vivra dans une extrême pauvreté jusqu'en 1948, où les survivants de Nankin, ayant appris sa condition, lui envoient le résultat d'une collecte : 2000$, il décédera en 1950. Notons que ces preuves constitueront un précieux témoignage devant le tribunal militaire international qui - de 1946 à 1948, à Tokyo - jugera les criminels de guerre japonais.

C'est ainsi que considéré comme le principal responsable du massacre, le général Matsui est condamné à la pendaison par le tribunal de Tokyo, après avoir livré un témoignage confus et visiblement dicté en partie.

Quant à Asaka, en raison d'un pacte conclu entre Mac Arthur et Hirohito et qui visait à exonérer de tout blâme l'empereur et la famille impériale, il ne fut jamais accusé mais seulement interrogé par des enquêteurs avant le procès. Il leur déclara le 1 mai 1946:
"qu'il n'y avait eu aucun massacre de prisonniers chinois" et qu'il n'avait "jamais reçu de plainte quant à la conduite de ses troupes". Asaka vécut par la suite heureux et respecté de tous, pratiquant le golf jusqu'à un âge vénérable.

Cependant pour des raisons idéologiques, l'Histoire, telle qu'elle a été réécrite en Occident, minimise ou néglige totalement deux réalités de la Seconde guerre mondiale : d'une part, la participation des armées chinoises (principalement celle de l'Armée rouge, les nationalistes se réfugiant dans l'attentisme) à la défaite du Japon ; d'autre part, le fait qu'un nombre considérable de Chinois - militaires et civils -  ont été victimes de cette guerre : de 10 à 20 millions selon l'encyclopédie Wikipédia (http://en.wikipedia.org/wiki/World_War_II_casualties).

Nankin10.jpg En conclusion parler des génocides lorsqu'ils ne sont pas « occidentaux » reste un sujet tabou à l'exemple du réalisateur chinois Lu Chuan qui a réalisé un film relatant le massacre de Nankin : City of Life & Death [Nanjing ! Nanjing !]. Sorti en France, en juillet 2010, dans seulement sept salles parisiennes, on attend encore que nos grands médias veuillent bien en rendre compte, espérons que le dernier film de Zhang Yimou "Les fleurs de la guerre" qui a finalement été montré au public pékinois dimanche, aura plus de succès compte tenu de son acteur principal l'américain Christian Bale, fort de son Oscar du meilleur second rôle pour le film "Fighter".

Roger

Comments

[NOSE]

... peut-être, mais demande toi si cela n'a pas permis d'immobiliser des divisions pour faire face à la résistance et si elles n'ont pas manqué sur le front, face aux GI's.

NOSE

[cloclo]

C'est vrai que la contribution chinoise à la grande lutte de libération contre l'ordre nazi et fasciste partout durant la 2°GM est à peu près aussi considérable que celle de l'URSS...

en nombre de victimes chinoises comparé au nombre de victimes sovietiques , tu as sans doute raison , mais au niveau des pertes infligées à l'ennemi , il n'y a aucune comparaison possible , ni en hommes , ni en materiels .

[Roger bretagne]

Les photos de l'article ont été "censurée" par Over Blog, car j'avais sur un autre site publié ce même article comprenant les mêmes photos que j'ai du changer(hébergé sur "Over Blog", ce qui ne va sans doute pas durer)...
Roger[Héééhooo]
Bienvenue à cet autre Roger...Ici c'est la tempête!

[NOSE]

... Arlequin !

NOSE

[morvandiaux]

Exact : je suis un autre Roger de Bretagne, "Arlequin" !!...un "ex" de bellachiotte ! (il existe toujours ?)

merci pour ce site !!