LES TZIGANES
Les Tziganes
Il n'est pas de bonheur sans amour !
J'ai quitté les fées urbaines,
Les femmes... oh, sois en certaine,
Tu es plus belle sans atours,
Plus belle sans colliers ni gemmes,
Ne change pas, reste la même !
Auprès de toi, mon seul désir
Est de goûter à l'avenir :
Amour, exil, choisi, plaisir...
Deux ans passèrent... La peuplade
Erre toujours sur les chemins.
Hôtes bienvenus, les nomades
Reçoivent un accueil humain.
En s'éloignant de la culture,
Aleko libre, insouciant,
Comme un Tzigane à l'aventure
Prend sans regret les jours fuyants.
Rien de changé dans l'existence
Des Tziganes et son passé
Est mort. Nouvelle accoutumance:
Il aime les bivouacs pressés,
Leur parler pauvre et cadencé
Et, transfuge de la caverne,
L'hôte hirsute qu'il a dressé.
Devant la foule circonspecte,
Dans les hameaux ils font collecte;
Rongeant sa chaîne, énorme et lourd,
L'ours gronde et danse au carrefour;
Le vieux d'une main nonchalante,
Fait résonner le tambourin;
Aleko montre l'ours et chante;
Zemphira cueille le butin.
Quant vient la nuit, ils se rassemblent
Autour du grain non moissonné;
Le vieillard sommeil et tout semble
Enfin au repos s'adonner.
Alexandre Pouchkine