FRANCE : LE CALVAIRE DES ROMS
de Bernard DELATTRE, correspondant permanent à Paris.
La France traite les Tziganes bulgares et roumains comme des sous-citoyens européens, dénoncent les associations. Ils serviraient "de chair à statistiques" pour l’Intérieur.
Quelques jours avant le récent match d’ouverture du Mondial de rugby, les autorités françaises faisaient place nette en démantelant un campement de quelque 500 Roms établi aux alentours du Stade de France de Saint-Denis (banlieue parisienne). Précédemment, les travailleurs sociaux de Médecins du Monde diagnostiquaient des épidémies de tuberculose dans des campements similaires en région parisienne et à Marseille. A Saint-Etienne, l’eau et l’électricité étaient coupées dans un squat abritant 300 tziganes. A Lyon, 450 Roms étaient invités à rentrer volontairement dans leurs pays sous peine d’y être reconduits manu militari.
Vendredi, sous l’égide de la Fondation Abbé Pierre, une quinzaine d’associations de défense des Roms ont accusé le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, Brice Hortefeux, de se servir de ces populations migrantes particulièrement défavorisées comme de "boucs émissaires pour tenir ses objectifs" migratoires.
Depuis l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’Union européenne, le 1er janvier 2007, les Roumains et les Bulgares - et donc leurs ressortissants Roms - peuvent librement circuler et séjourner en France, comme dans tous les Etats de l’Union. Une circulaire du ministère de l’Intérieur de décembre 2006 permet toutefois leur expulsion de l’Hexagone lorsque leur "présence représente une charge déraisonnable pour le système d’assistance social français".
"Une politique d’affichage"
Selon les associations, les autorités ont un recours exagérément extensif à cette circulaire. Et soumettent les populations Roms à un véritable "harcèlement policier", multipliant les injonctions à quitter immédiatement le territoire. Comme ces ressortissants de l’Union bénéficiant de la liberté de circulation peuvent ensuite revenir immédiatement en France, ces expulsions, selon les associations, ne relèveraient que "de la politique d’affichage". Pour l’Intérieur, les Roms ne seraient plus même que "de la chair à statistiques".
Les "retours dits humanitaires" auxquels les populations Roms sont souvent conviées sont également critiqués. Car, selon les intervenants sociaux, ils s’effectuent parfois sous la contrainte et ne font que très rarement l’objet de véritables plans de réinsertion dans les pays d’origine. En outre, vu "la course d’obstacles" des formalités administratives, l’accès à l’emploi (à 62 métiers bien déterminés) dont bénéficient théoriquement les Roms en France serait, de facto, "extrêmement aléatoire". Enfin, contrairement au traitement dont bénéficièrent les immigrés polonais en France dès l’adhésion de leur pays à l’Union, Roumains et Bulgares seraient privés dans l’Hexagone d’une couverture médicale digne de ce nom, souvent relégués qu’ils sont au maigre régime d’assistance destiné aux sans-papiers.
De : « LA LIBRE Belgique », lundi 1er octobre 2007
Si vous voulez en savoir plus : http://lesrroms.blogg.org