EN PREAMBULE À QUELQUES NOTES SUR LA CHINE…
Tout en lisant attentivement les passionnants articles sur la Chine parus sur le blog de Danielle BLEITRACH, je suis actuellement en train d’achever la lecture du livre de Gilles MANCERON, historien, portant le titre « 1885 : Le Tournant colonial de la République » aux Editions La Découverte/Poche – avril 2006.
J’y ai découvert les échanges si incroyablement actuels concernant l’attitude à adopter concernant les peuples et les expéditions coloniales de la France en Asie et en Afrique…En particulier, le discours de Jules DELAFOSSE (02/03/1841 - 31/10/1916), collaborateur du journal Le Matin et député du Calvados siégeant dans les rangs de la droite bonapartiste, qui interpelle Jules FERRY à la séance du lundi 21 décembre 1885 est fort brillant et quasiment visionnaire…
Ce jour là, l’ordre du jour portait les questions suivantes :
1) ouverture de crédits extraordinaires aux ministres de la guerre et de la marine sur l’exercice 1886 pour Madagascar et le Tonkin ;
2) annulation d’un volume égal de crédits sur l’exercice 1885 pour le Tonkin.
Je vous livre un extrait du discours (pages 104 à 107).
« … Le pacte colonial a vécu et personne, j’imagine, ne songe à le faire revivre. Nous vivons sous le régime de la concurrence universelle. Le monde est ouvert à tous. Il n’y a pas un coin de terre civilisée ou sauvage où un commerçant quelconque ne puisse mettre le pied, s’établir, fonder des établissements, commercer et s’enrichir, s’il le peut.
Voici la Chine, par exemple, à côté de laquelle le Tonkin n’est qu’un point insignifiant : la Chine qui est ou va devenir un des plus vastes marchés du monde, la Chine dont les 400 millions d’habitants pourraient absorber la production de l’Europe entière, la Chine nous est ouverte. Pourquoi nos commerçants n’y vont-ils pas ? Pourquoi n’y a-t-il que douze maisons de commerce françaises sur tout le littoral de la Chine ? Pourquoi la France ne fait-elle avec la Chine qu’un commerce misérable et ridiculement mesquin, tandis que nos rivaux, Yankees, Anglais et Allemands, y font des affaires qui se chiffrent pas centaines de millions… »
Ne sont-ce pas là de bonne questions, toujours actuelles, dans ce monde ouvert et dans le cadre de « la concurrence libre et non faussée » !!!
Je vois, en tout cas, dans la démarche intellectuelle de Jules DELAFOSSE quelque chose de profondément moderne pour un homme politique qui siégea parmi les conservateurs !
NOSE DE CHAMPAGNE.