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LE PIGEON BLEU
21 janvier 2008

Juste pour info!

Il m'arrive de critiquer la presse et les journalistes , pourtant aujourd'hui je vous livre tel quel cet article

Roger

Sarkozy. L’empereur des médias

Proche de plusieurs grands patrons, et ayant attiré auprès de lui quelques journalistes, Nicolas Sarkozy semble tirer toutes les ficelles de la presse et de l’audiovisuel. Décryptage d’un système élyséen, qui inquiète autant qu’il intéresse.

Conférence de presse du 8 janvier, 800 journalistes, 22 questions posées. Les médias ne sont-ils là que pour écouter et relayer le message présidentiel ? Nicolas Sarkozy occupe en tout cas tous les terrains, et les esprits. À tel point que l’opposition, désarmée sur le fond, s’alarme sur la forme. Le socialiste Laurent Fabius parle de « cadenassage médiatique ». Et François Goulard, le député-maire UMP de Vannes, n’en pense pas moins : « Sarkozy est le premier président à avoir intégré le fait que l’électeur est d’abord un téléspectateur. Son attitude est plus proche d’un animateur de télévision que d’un homme politique traditionnel ».

« Comme un frère »

La proximité présidentielle avec les actionnaires des plus grands médias français est au cœur de l’inquiétude actuelle. Nicolas Sarkozy est en effet un ami intime de Martin Bouygues, parrain de son fils Louis, et propriétaire de TF1, la chaîne leader qui recueille 30 % de l’audience et 55 % des recettes publicitaires. Et le doute s’installe lorsque Laurent Solly, ex-directeur adjoint de la campagne présidentielle, rejoint TF1 en mai dernier. Vincent Bolloré et Sarkozy se connaissent, eux, depuis vingt-cinq ans. Le grand patron breton contrôle un institut de sondage (CSA), une chaîne (Direct 8) et deux quotidiens gratuits (Matin plus, Direct Soir). Premier actionnaire de deux agences de publicité (Havas, Aegis), il est aussi prestataire audiovisuel (SFP, VCF...). Propriétaire d’un yacht et d’un avion, que le président utilise parfois pour ses loisirs, Bolloré revendique avec panache cette relation amicale : « L’amitié et la fidélité sont plus importantes que tout le reste » (1). Arnaud Lagardère, président du numéro un français des médias (Elle, Match, le JDD, Europe 1, 17 % du Monde, 20 % de Canal +, et 25 % du Parisien...) considère pour sa part Nicolas Sarkozy « comme un frère » . Pour l’avoir oublié, Alain Genestar, directeur de Paris Match, a été licencié après une couverture sur Cécilia Sarkozy avec un autre homme que son mari, en août 2005. Son patron, Gérald de Roquemaurel, a été remercié un an plus tard. Et même s’il n’existe pas un lien direct entre ces deux départs, l’avertissement est double : un patron de presse doit savoir tenir ses troupes, et un directeur de magazine sa langue.

Le syndrome « BBDL »

Serge Dassault, enfin, sénateur-maire UMP et propriétaire du Figaro, premier quotidien national d’informations générales (331.900 exemplaires), est lui aussi proche de Sarkozy. Du coup, on lui reproche ses écrits, lorsqu’il souhaite « tous mes vœux à la France, qui a choisi un président dynamique et courageux ». Comme si le propriétaire d’un journal ne pouvait pas prendre la plume, ne serait-ce qu’une fois par an. La confusion des genres se situerait plus entre son mandat d’élu et de détenteur d’un journal, si ce n’était légal. Il n’empêche, tous ces noms, Bouygues, Bolloré, Dassault et Lagardère, suscitent ce que l’on pourrait appeler le syndrome « BBDL ». Il faut d’ailleurs encore ajouter à ce club des cinq, Bernard Arnault, patron de LVMH, numéro un mondial du luxe, témoin de mariage de Cécilia et Nicolas Sarkozy, qui vient de se porter acquéreur du premier quotidien économique, Les Echos. Des liaisons dangereuses entre patronat et présidence, qui risquent d’aller au-delà des rapports normaux entre hommes de pouvoir et d’influence. « Je ne serai prisonnier d’aucun lobby » , a affirmé Nicolas Sarkozy. Dont acte, mais cela n’écarte pas toute méfiance. « Que des gens qui ont des moyens investissent dans un journal, c’est une très bonne nouvelle » , a déclaré le chef de l’État lors de sa conférence de presse. « On ne peut pas dire que la presse est une industrie, et refuser d’avoir des actionnaires pour financer cette industrie » .

Les médias, marchandise comme les autres ?

Mais les médias sont-ils une marchandise comme les autres ? C’est bien le cœur du débat. Adepte du mouvement perpétuel, et usant de la surprise en permanence, Nicolas Sarkozy a besoin de tout l’appareil médiatique, qui est au centre de sa stratégie. « La communication est à l’action politique ce que l’aviation est à l’intervention terrestre » , disait-il au cours de la campagne. On bombarde d’abord pour neutraliser l’adversaire, et l’effet d’annonce doit faciliter l’action. D’où ces mesures en rafale, et le recrutement de tireurs d’élite venus des médias. La brillante Catherine Pégard, du Point, et George-Marc Benamou, créateur de Globe, ont rejoint l’Élysée. Myriam Lévy a quitté Le Figaro pour Matignon, et Jean-Marc Plantade Le Parisien pour Bercy. Tandis que Gaël Tchakaloff, du Nouvel Économiste, est venu au secours de Rachida Dati. Le Monde ayant jadis servi de pépinière aux gouvernements de gauche, de Thierry Pfister à Eric Rouleau, ces mouvements n’ont donc rien d’inédit. Quant au service public de la télévision, dont on pourrait croire qu’il est à la botte du pouvoir, il essaie de bien faire son travail. France 2 a ainsi envoyé une de ses équipes en Jordanie, le 3 janvier, pour couvrir le voyage de Nicolas Sarkozy au côté de Carla Bruni, mais n’a finalement pas diffusé les images. Trop people.

Quelques maladresses

Autre exemple, Eve Métais, de France 2, a mis en demeure Ségolène Royal de rectifier un passage de « Ma plus belle histoire, c’est vous », le livre où elle insinue que la journaliste économique a été placardisée en 1993 à cause de Sarkozy, ministre du Budget, suite à un reportage critique diffusé dans le journal télévisé. « Faux » , dit-elle.

Reste un profil d’hyperprésident qui va au-delà de la maîtrise de l’agenda, et la question reste posée : Sarkozy contrôle-t-il les médias ? « Il a commis des maladresses, comme la nomination de Nicolas Beytout à la présidence des Echos, annoncée par lui à des journalistes de ce quotidien », répond Patrick Le Floch, maître de conférence à Sciences Po Rennes. « Cela faisait suite à l’annonce anticipée, à l’été 2006, de l’arrivée d’Harry Roselmack à TF1, également faite par Sarkozy. Cela signifie qu’il a des liens forts avec certains groupes médiatiques ». L’universitaire ajoute : « Je ne suis pas certain que leurs propriétaires déterminent pour autant les lignes éditoriales des organes d’information qu’ils possèdent, poursuit ce spécialiste des médias. Ce n’est pas parce que Sarkozy apparaît tout le temps, dans la presse, à la radio, à la télévision ou sur internet, qu’il en contrôle le contenu ».

« Dormez tranquille... »

Le locataire de l’Élysée s’en défend le premier. « La liberté de la presse, c’est le soutien de la gauche. Et quand on me soutient, ça devient la mainmise des médias », affirme Nicolas Sarkozy. « Si je suis le seul risque pour l’indépendance de la presse, vous pouvez dormir tranquille » , dit-il dans Le Nouvel Observateur, le 13 décembre 2007. Certains journalistes se font néanmoins réveiller au petit matin. Guillaume Dasquié a été ainsi mis en examen, après une perquisition le 5 décembre, pour un article publié dans Le Monde. Le même mois, le parquet de Quimper a obtenu les relevés téléphoniques d’Hervé Chambonnière, journaliste au Télégramme. Et cela au mépris de l’article 109 du Code de procédure pénale, qui prévoit que « tout journaliste entendu comme témoin sur des informations recueillies dans l’exercice de son activité est libre de ne pas en révéler l’origine ». Nicolas Sarkozy a donc corrigé le tir. « Un journaliste digne de ce nom ne donne pas ses sources, chacun doit le comprendre, et l’accepter » , lance-t-il au cours de son show du 8 janvier, en précisant qu’un texte « doit permettre d’étendre au domicile des journalistes les garanties prévues dans les locaux d’entreprises de presse » . S’il montre une grande maîtrise dans l’art du « story telling » (2), il ne contrôle ni l’opinion, ni les médias. Nous y veillons.

  1. « Vincent Bolloré, une histoire de famille », Jean Bothorel, éditions Jean Picollec.

  2. 2. Art de raconter des histoires.

Thierry Dussard

Article paru dans « Le télégramme » www.letelegramme.com/

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Commentaires
C
Marsa ,<br /> <br /> c'est une plongée effrayante dans un régime dont nous connaissons l'histoire , mais vécu au quotidien , par fes fonctionnaires de la mort en quelque sorte , c'est aussi une plongée dans les tréfonds de ""l'ame"" d'un homme , dans ses fantasmes , dans ses cauchemards , dans son humanité , meme si c'est celle d'un bourreau .<br /> Tu ressort de ce bouquin , léssivé , avec le besoin absolu de te laver ou de boire !<br /> je crois qu'on devrait tous le lire , en espérant que nous n'aurions pas fait la meme chose , dans un tel régime .<br /> Je crois que pour résister , il faut avoir soit la foi en un dieu quelconque , soit l'espoir de lendemains qui chantent , quel que soit le moment .
M
Les bienveillantes, non je ne le lirai pas, mais j'ai lu des extraits de<br /> P. Rambaud et ça parait très amusant et bien écrit ( il faut dire qu'il a pas mal copier-coller Saint-Simon ).
C
Pour ce conseil[Oui]<br /> je viens de terminer " les bienveillantes""<br /> de Littell , et j'avoue que j'ai besoin de souffler !!!!!!
L
Je viens de commencer "Chronique du règne de Nicolas Ier" de Patrick Rambaud, non seulement cela se lit avec déléctation mais ça égratigne bien notre petit monarque omnipotent omniscient omniprésident multipolyvalent !!!!<br /> <br /> Je vous le conseille mes amis [dingding]
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