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LE PIGEON BLEU
23 janvier 2008

POURQUOI DEVRIONS-NOUS SOUTENIR L’AUTORITE PALESTINIENNE ?

mercredi 23 janvier 2008, par Michel Warschawski - AIC

EXODE_DE_GAZA Le moment est venu de qualifier la situation par son véritable nom : une domination néocoloniale via une administration autochtone mandatée de collaborateurs... Le samedi 12 janvier, les forces de police palestiniennes agressaient violemment les manifestants qui protestaient pacifiquement contre la venue du président US, George W. Bush, à Ramallah. Parmi les manifestations qui furent molestés, il y eut plusieurs membres importants de l’OLP (organisation de libération de la Palestine). Le fait que le président américain n’ait pas été bien accueilli par la société palestinienne ne devrait pas surprendre : depuis des années, Bush se comporte en ennemi, soutenant les initiatives israéliennes les plus agressives et s’opposant ouvertement à l’application du droit international concernant l’illégitimité de l’occupation et de la colonisation israéliennes. Pour Bush, la Palestine appartient à l’axe du mal et doit être traitée en conséquence. L’incident de Ramallah ne constitue pas la première réaction violente contre les manifestants pacifiques contestant la politique de leur direction, mais il révèle un tournant qualitatif dans la position politique de l’Autorité palestinienne (AP).

Depuis les accords d’Oslo, l’AP, sous la direction de Yasser Arafat, a combiné la poursuite du combat PALESTINE de  libération nationale avec une politique de compromis avec l’occupation israélienne. Ces compromis ont souvent soulevé une opposition populaire mais n’ont jamais été perçus comme une trahison à l’égard du combat national. Les initiatives diplomatiques de la direction de l’OLP n’ont pas toujours reçu un soutien unanime, mais elles étaient considérées comme s’inscrivant dans l’aspiration nationale à la liberté et à un Etat. A l’instar de la direction politique de l’AP, les forces de police palestiniennes étaient composées d’anciens combattants de la libération et considéraient leur mission comme le prolongement du combat pour libérer le peuple palestinien de l’occupation israélienne.

La mort suspecte de Yasser Arafat et son remplacement par Mahmoud Abbas (Abu Mazen) marquent la fin de tout un chapitre de l’histoire du mouvement de libération palestinien et une autonomisation de l’Autorité palestinienne par rapport à l’OLP. Depuis le limogeage du gouvernement d’unité nationale palestinien et la séparation forcée de la Cisjordanie et de la bande de Gaza - les deux menés sous les encouragements américains - l’Autorité palestinienne n’est plus l’expression ni de l’OLP, ni du choix démocratique de la population palestinienne. Aussi dur que cela puisse paraître, le gouvernement et l’administration palestiniens sont aujourd’hui des outils américano-israéliens, dépourvus de toute légitimité palestinienne - sauf Mahmoud Abbas qui est un président élu -, un évènement qui ne se reproduira plus.

PALESTINE_LIBRE Ce changement qualitatif affecte chaque niveau de l’Autorité palestinienne : le Premier ministre, Salam Fayyad, a été imposé par l’administration US, directement depuis le Fonds monétaire internationale (FMI) ; il n’a jamais été membre du Fatah et son premier geste a été de licencier des milliers de militants de l’OLP de l’administration de l’AP, les remplaçant par des technocrates qui n’avaient aucun passé dans le mouvement national. Sous la direction du général US, Keith Dayton, qui est devenu le gouverneur américain de Ramallah, sa première mission consiste à « reconstruire » une police palestinienne forte, après avoir obligé la vieille garde à démissionner. Ces nouvelles forces de police ont été formées en Egypte et n’ont aucun lien avec les vieilles organisations nationales de guérilla ; elles sont composées de mercenaires sans conscience ni tradition nationales, prêts à exécuter n’importe quel ordre venant de leurs supérieurs.

Il y a quelques semaines, la télévision israélienne a diffusé un reportage sur les nouvelles forces de police palestiniennes. Dans la première partie, on montrait des stagiaires en train d’apprendre... l’hébreu (« pour pouvoir communiquer avec leurs collèges israéliens », nous a expliqué l’un d’entre eux) ; dans la seconde partie, on les montrait en action, s’en prenant violemment à un membre supposé du Hamas, gérant d’une librairie ; dans la troisième, on voyait l’ « interrogatoire » du vieux libraire, imitation pathétique d’un interrogatoire de l’ISS (services de sécurité israéliens). Pas étonnant qu’avec un tel programme, le journaliste israélien se soit montré très complaisant avec la police palestinienne rénovée.

Le moment est venu de qualifier la situation par son véritable nom : une domination néocoloniale via une administration autochtone mandatée de collaborateurs, qui reçoit ses ordres et son armement de Washington et de Tel Aviv.

Quand le regretté Edward Saïd a appelé Yasser Arafat « Pétain », et l’Autorité palestinienne des « collaborateurs », j’ai eu un long entretien avec lui, et je pense l’avoir convaincu que ces définitions n’étaient pas pertinentes. Le refus d’Arafat de se plier au diktat de Barak à Camp David et son emprisonnement dans la Moquata ont confirmé qu’il n’était pas un Pétain. Malheureusement, ce qui n’était pas vrai pour Yasser Arafat l’est aujourd’hui pour la nouvelle direction palestinienne, devenue un instrument au service de l’occupation/colonisation israéliennes, n’ayant plus aucun compte à rendre au peuple palestinien et à ses organisations nationales. C’est en effet un tournant capital et cela devrait être une préoccupation majeure de la société civile palestinienne et des mouvements nationaux. Les stratégies d’hier ne sont plus pertinentes : la situation politique ressemble de moins en moins à celle de l’ « Algérie » et de plus en plus à celle de l’ « Afrique du Sud », et pour les années à venir, le principal défi va être d’adapter les objectifs politiques et le calendrier à cette nouvelle réalité.

Michel Warschawski est journaliste et écrivain. Fondateur du Centre d’information alternative (AIC) en Israël, il est l’un des représentants du courant radical antisioniste en Israël. Parmi ses livres : Sur la frontière (Stock - 2002), A tombeau ouvert - la crise de la société israélienne (La Fabrique - 2003), A contre chœur (Textuel - 2003).

Extrait de

http://www.info-palestine.net

Je sais que cet article est polémique... Il emportera la conviction pour les uns et sera réfuté par d'autres. Au moins aura-t-il posé des questions vraies et conduit chacun à réfléchir sur cette situation qui perdure depuis près de 50 ans.

NOSE DE CHAMPAGNE

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Commentaires
M
http://www.france-palestine.org/article7931.html<br /> <br /> Gaza : Appel d’Israéliens pour une action urgente <br /> AIC, ICAHD, Gush Shalom, Coalition of Women for Peace, Physicians for Human Rights...<br /> <br /> publié le mardi 22 janvier 2008<br /> <br /> <br /> Et nous en appelons aux peuples du monde entier, pour qu’ils transmettent à leurs dirigeants leur condamnation de ces actions barbares, illégales et immorales, actions qui dépassent même en barbarie la tyrannie de l’occupation israélienne.<br /> <br /> Les organisations israéliennes citées ci-dessous et signataires du présent appel déplorent la décision prise par le gouvernement israélien de suspendre la fourniture essentielle d’électricité et de carburant (et donc aussi d’eau, puisque les pompes à eau ne peuvent plus fonctionner), ainsi que l’approvisionnement vital en nourriture, médicaments et autres fournitures de nature humanitaire, à la population civile de Gaza. Une telle action constitue un crime contre l’humanité, et ce de façon évidente et sans équivoque aucune.<br /> <br /> Le Professeur John Dugard, Rapporteur spécial des droits humains dans les Territoires palestiniens auprès des Nations unies, a qualifié les actions du gouvernement israélien de "graves crimes de guerre", au titre desquels ses dirigeants politiques et militaires devraient être poursuivis et condamnés. Il a également déclaré que le meurtre de plus de 40 civils la semaine passée constitue une violation de "la stricte interdiction des punitions collectives selon les dispositions de la Quatrième Convention de Genève. Il viole également l’un des principes fondamentaux du droit international humanitaire selon lequel les opérations militaires doivent faire la distinction entre des cibles militaires et des cibles civiles". De fait, le cadre légal dont argue le gouvernement israélien pour mener ses opérations illégales et immorales — c’est à dire avoir décrété Gaza "entité hostile" dans une situation "assimilée à une guerre" — n’a aucun fondement en droit international.<br /> <br /> Nous en appelons au Secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-Moon, pour amener le Conseil de sécurité (lors de sa réunion convoquée en urgence mercredi prochain) à prendre une ferme décision en vue de faire cesser le blocus de Gaza.<br /> <br /> Nous en appelons à tous les gouvernements au niveau mondial, et en particulier au gouvernement américain et au Parlement européen, pour que les actions de l’État d’Israël soient sanctionnées, et pour que, dans le cadre des dernières tentatives pour faire renaître le processus diplomatique, il soit mis fin à toutes les attaques contre les civils, sans oublier la démolition continuelle de maisons palestiniennes effectuée à un rythme alarmant.<br /> <br /> Nous en appelons à tous les Juifs du monde entier, au nom de qui le gouvernement israélien prétend parler, et à tous leurs rabbins et leurs dirigeants communautaires en particulier, pour qu’ils condamnent clairement de tels outrages accomplis au mépris du fondement même des valeurs morales juives.<br /> <br /> Et nous en appelons aux peuples du monde entier, pour qu’ils transmettent à leurs dirigeants leur condamnation de ces actions barbares, illégales et immorales, actions qui dépassent même en barbarie la tyrannie de l’occupation israélienne.<br /> <br /> Nous condamnons les attaques sur les civils, et nous reconnaissons les souffrances endurées par les résidents de Sderot (ndt : ville israélienne proche de la Bande de Gaza). En tout état de cause, ces attaques ne justifient en rien le caractère nettement disproportionné des sanctions israéliennes à l’encontre d’une population de plus d’un million et demi de civils à Gaza, et ce tout particulièrement au regard de la tyrannie de l’occupation israélienne depuis 40 ans. De telles violations du droit international de la part d’un gouvernement sont particulièrement imbéciles, et doivent être dénoncées et punies si l’on veut que le domaine des droits humains et celui du droit international soient préservés.<br /> <br /> La décision israélienne de punir la population civile de Gaza, qui entraîne tant de souffrances, relève du terrorisme d’État à l’encontre d’innocents. C’est seulement lorsque les décisionnaires israéliens seront rendus redevables de leurs actions et lorsque le droit international prévaudra qu’une paix juste sera possible au Moyen-Orient.<br /> <br /> The Alternative Information Center (le Centre d’Information Alternative)* Bat Tsafon * Gush Shalom (le Bloc de la Paix) * The Israeli Committee Against House Demolitions (ICAHD) (le Comité Israélien contre les Démolitions de Maisons) * Physicians for Human Rights (les Médecins pour les Droits Humains) * Coalition of Women for Peace (la Coalition des Femmes pour la Paix)<br /> <br /> traduction : Claire Paque, Afps
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