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LE PIGEON BLEU
14 mai 2008

Devoir de mémoire : qu’a été la dictature de Fulgencio Batista?

FidelLa mafia terroriste de Miami voudrait réécrire l’histoire et, au passage, faire passer des assassins pour des gens de bien ; tourner la page, comme si la tragédie, la douleur, le deuil, l’île ensanglantée par ces barbares, comme si tout cela pouvait être rayé d’un trait de plume. Qu’a été Batista pour Cuba ? La revue Bohemia, aujourd’hui centenaire, circula dans les premiers jours de janvier 1959  avec trois éditions de La Liberté. Nous empruntons à la deuxième édition cet éditorial, qui explique tout.

MAINTENANT que la dictature a été abattue  et que ses responsables sont en fuite, en prison ou morts, les actes de vandalisme perpétrés par ces  brigands qui s’étaient emparés du pouvoir par une nuit sinistre défilent dans la mémoire à la manière d’un cauchemar. Il est consternant de voir à quel point ces gens-là violaient les règles les plus élémentaires de la vie en société.

Ainsi ont surgi nos martyrs : les assassinats endeuillaient Cuba toute entière presque tous les jours.

Pour ces satrapes  grotesques  et tragiques à la fois, il n’était rien de sacré : la vie physique ou morale perdit toute valeur ; la liberté fut systématiquement violée, tout comme la dignité de la personne. Le despote et sa clique avaient fait de la République le fief dont ils étaient les seigneurs armés jusqu’aux dents et prompts à tuer pour un oui ou pour un non.

Pendant deux  années interminables, la censure empêcha  que ces horreurs fussent dénoncées urbi et orbi. Il fallait lire les bulletins clandestins de la Révolution ou écouter les émissions de Radio Rebelde, qui devinrent l’évangile quotidien des citoyens, pour s’informer des méthodes barbares de répression en usage sous Batista et qui n’avaient d’autre but que de le maintenir au pouvoir quoi qu’il en coûtât. Les preuves et les témoignages accumulés au fil du temps sont maintenant connus de tous. Il est inutile de tenter de dissimuler un crime. Les blessures infligées aux martyrs sont comme des voix dénonciatrices qui exigent justice. Il y a les morts enterrés sans même avoir été identifiés  et dont les corps apparaissent maintenant  dans la terre de fosses improvisées ; il y a les victimes de tortures qui montrent aujourd’hui les marques laissées sur leur corps par le supplice ; il y a ceux qui la police politique du tyran a harcelés, humiliés et criblés de coups ; il y a ceux qui ont dû s’exiler pour ne pas mourir entre les griffes des sbires ; il y a ceux qui ont été privés de tout leur bien, mortifiés, insultés, poursuivis avec toute leur famille pour la seule raison qu’ils osaient  vouloir pour la Patrie la liberté, la justice et l’honneur. Tandis que le dictateur et son clan pillaient le Trésor public et se partageaient l’île comme s’il s’agissait d’un héritage, les tueurs à gages apprenaient tous les raffinements des sévices, des tortures et des assassinats : le plus parfait alliage de vol et d’assassinat  jamais connu sous la République.

Il est incroyable que la bête humaine puisse atteindre de telles extrémités de cruauté. Ni le loup ni le chacal ne sont capables d’autant de sauvagerie que l’homme lorsqu’il est mû par l’ambition ou l’appât du gain. Tel fut le cas de Batista. Il avait pris le pouvoir le 10 mars 1952, par la force des armes, avec un seul et unique objectif : mettre à sac le Trésor public, amasser des millions par tous les moyens, y compris les plus sales et même s’il fallait pour cela tuer des milliers de Cubains, ruiner la nation, semer le chaos. On a rarement vu dans l’histoire de cas aussi flagrants d’insolence et de malignité.

La littérature  de la Deuxième Guerre mondiale regorge de pages à vous faire dresser les cheveux sur la tête. On y raconte les atrocités commises par les corps de répression au service d’Hitler. Les camps de concentration, avec leurs chambres de torture, les expérimentations  sur les êtes humains, les exterminations massives restent gravés dans la mémoire de l’humanité : on sait désormais ce dont est capable un fou pour satisfaire ses appétits délirants de domination sur le monde.

Mais Dachau ou Lidice n’étonnent guère les Cubains, car ils ont connu ces horreurs dans la chair. Ici aussi il y a eu des assassinats en masse, des délations, des tortures, des persécutions systématiques, des insultes à la dignité humaine. C’est que les mêmes conceptions de la gouvernance engendrent les mêmes méthodes. Batista avait implanté  à Cuba un régime totalitaire à l’image du régime hitlérien. Il avait bâillonné la volonté populaire, démoli la Constitution, fait du pouvoir législatif et du pouvoir judiciaire des instruments dociles, au service de son gouvernement,  organisé deux simulacres d’élection qui n’étaient que des insultes à  la conscience du peuple, ri de tous les efforts déployés à plusieurs reprises par des Cubains de bonne volonté pour éviter que le drame national n’aboutisse à un bain de sang. On ne peut assujettir un peuple épris de liberté sans couvrir le pays de cadavres, et Batista n’hésita pas un instant à le faire. La vie de ses compatriotes ne faisait pas le poids en face de sa soif de pouvoir. Il s’est proposé de détourner la République au profit de sa fortune personnelle, et  rien ne pouvait s’opposer à ce dessein. Jamais on n’avait vu un tel panachage de  cruauté et d’absence de scrupule s’emparer des rênes du pays.

Cuba a été soumise à ce fléau pendant sept ans. Les images de ce septennat font l’effet d’un cauchemar. On voudrait croire qu’on rêve, mais c’est vrai. Tout ceci s’est passé dans un pays que l’on dit, à juste titre, gai, civilisé, aimable. Les Cubains menaçaient d’y laisser leur bonne humeur coutumière. Des comités de résistance  civique conseillaient au peuple de s’abstenir de toute forme de distraction, mais ce n’était guère nécessaire en ces temps où la jeunesse s’immolait dans le maquis.

Les gens se barricadaient chez eux parce qu’ils ressentaient profondément le deuil qui s’abattait sur tant de foyers, parce que l’angoisse de la patrie était devenue la leur. Les tyrannies prolongées modifient le visage des nations, mais ce qui ne saurait être modifié, ce qui demeure intact malgré toutes les répressions déformatrices, c’est l’héroïsme qui vibre dans les entrailles du peuple. Et c’est justement cela  que Batista n’avait pas prévu. Cet héroïsme s’est incarné  dans la Sierra Maestra et dans l’Escambray, et c’est lui qui a sauvé Cuba.

Et c’est lui qui nous réconforte, au milieu du panorama de désolation que le despotisme a laissé pour tout héritage  aux nouvelles générations. L’héroïsme et l’esprit de sacrifice démontrés dans la lutte doivent se maintenir pour que le pays puisse persévérer dans sa reconquête de la paix. Comme l’a fort bien dit Fidel Castro, c’est maintenant que commence l’étape la plus difficile de la Révolution, celle de sa construction. Parce que la Révolution n’est pas un branle-bas et encore moins l’anarchie. La Révolution est un ordre nouveau, un ordre plus juste, plus humain, plus digne, que nous avons tous l’obligation de construire et de maintenir. Si nous voulons émuler avec les héros de la guerre et nous rendre dignes des martyrs qui ont sacrifié leur vie sur l’autel de la liberté, nous avons le devoir impérieux de collaborer à l’œuvre de la reconstruction nationale sans espérer la moindre récompense : tel est le contenu de notre engagement sacré envers la Patrie.

Les horreurs du passé sont révolues. Il n’est pas question de parler de vengeance, mais de justice. Il faut faire un exemple, pour que ce passé ne nous revienne plus jamais, pour que ces estampes du crime et du pillage n’entachent plus notre histoire. C’est une tâche dans laquelle la Révolution s’engage et qu’elle devra mener à son terme au plus tôt dans un esprit de justice, de sérénité et de dignité. Lorsque ce chapitre sera fermé, nous serons en mesure d’entreprendre tous ensemble de relever la Patrie des ruines du despotisme et d’instaurer dans le pays un tel état de  démocratie, de liberté et de justice que plus jamais  ne pourra germer, sur le sol de la République, la mauvaise graine semée à la volée par Batista et ses acolytes.

CUADRO

Quelques données sur la Cuba que nous a laissée le tyran Fulgencio Batista:

- En 1958, 8% des propriétaires, dont les latifundiaires yankees, possédaient plus de 70% des terres.

- En 1959, lorsque triomphe la Révolution, la dette extérieure se monte à 788 millions de dollars. Le déficit de la balance commerciale avec les Etats-Unis atteignait la somme de 603,4 millions de dollars.

- Cette crise permanente de l’économie cubaine avait pour effet premier que 549 000 personnes sur un total de 2 204 000 travailleurs potentiels étaient au chômage. Les chiffres du chômage  montaient nettement si l’on y ajoutait les travailleurs saisonniers : environ 700 000 coupeurs de canne pour qui la « morte saison » était celle de la faim et de la misère : la récolte sucrière leur assurait du travail à raison de trois mois par an, en moyenne.

- En 1958, Cuba comptait 6 547 000 habitants. Les dépenses de cette année au titre de la sécurité sociale se chiffraient à 114,7 millions (aujourd’hui, le chiffre est de plus de 4,5 milliards).

- En 1958, 8 209 personnes travaillaient  dans la santé publique (aujourd’hui : plus de 500 000), et les dépenses de l’Etat au titre de la santé publique se montaient  à 22,7 millions de pesos (aujourd’hui, cette somme correspond aux frais engagés pour une commune moyenne). Le taux de mortalité infantile était supérieur à 60 pour mille (aujourd’hui, avec une population qui a quasiment doublé, ce taux est de 5,3).

- L’espérance de vie ne dépassait pas 55 ans (de nos jours : 77 pour les hommes et 78 pour les femmes).

- En 1958, il y avait deux millions d’analphabètes et de semi-analphabètes, soit en gros le tiers de la population. Les plus de quinze ans avaient un degré moyen d’éducation correspondant à moins de trois années de primaire. Quinze pour cent seulement des jeunes âgés de 15 à 19 ans suivaient un enseignement quelconque. Les dépenses publiques au titre  de l’éducation se montaient à 77 millions de pesos (l’équivalent des dépenses d’une commune de taille moyenne d’aujourd’hui).

http://www.granma.cu/frances/2008/mayo/vier9/batista.html

Posté par Pingouin

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Commentaires
E
[G]Merci Jean Michel de rappeler cet historique, que nos médias taisent honteusement.<br /> Y compris les médias se réclamant du communisme...<br /> [/G]<br /> [G]Oui, comme tu le précises les avancées de l'île peuvent paraître dérisoires pour les occidentaux que nous sommes et il est facile pour certains de traiter Castro de dictateur, pourtant personne ne s'est rebellé sur l'île et pourtant les difficultés journalières de bases sont supportées par ce peuple.[/G]<br /> <br /> [G]Difficultés qui pour certaines si on ne peut les lier au blocus indigne, pour la majorité et surtout pour l'expansion économique et technologique la responsabilité de vouloir tuer un peuple en l'étouffant, en l'obligeant à vivre en autarcie est due totalement à cet infâme blocus américain mais également à la pleutrerie des pays de l'ONU et donc La France, car un vote ne sert à rien s'il n'est pas suivi d'action.[/G]<br /> <br /> [G]Bravo pour ce rappel jean michel.[/G][Victoire]
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