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LE PIGEON BLEU
28 septembre 2008

BIEN SÛR QUE SI, C’EST AU PROGRAMME !

sp28_001 Ils s’appellent Michel CUNY et Françoise PETITDEMANGE. Je les ai rencontrés dans des congrès CGT. Ils écrivent des essais, des romans, des récits biographiques. Ils diffusent eux-mêmes leurs productions à partir de leurs « Éditions Paroles Vives » (auto-édition). On peut s’adresser à eux ou leur passer commande à mjcuny.fpetitdemange@orange.fr.

Sous leur signature, j’ai acheté et beaucoup appris en lisant « Le feu sous la cendre » (1986), « Fallait-il laisser mourir Jean Moulin ? » (1994), « Ernest-Antoine Seillière » (2002), et aussi « Le procès impossible de Charles De Gaulle » (2005)…

Mais surtout, en ces temps de révision déchirante, de remise en cause et de recherches de racines pour le mouvement ouvrier français et international, je vous conseille vivement de vous procurer l’indispensable « Entretiens avec Karl Marx, Friedrich Engels et Vladimir Ilitch Lénine » (2008). Ce dernier ouvrage compte 14 « entretiens » en 478 pages pour 29€, port compris.

On entend proférer un certains nombre de propos définitifs sur ces théoriciens (qui ont aussi été des praticiens - ce qui donne du poids à leurs analyses !): ils seraient « dépassés » ou « pas au programme »… Pourtant, ce qu’ils disent sur le temps de travail, sur le droit du travail, sur « la valeur travail », sur l’autoritarisme, sur le socialisme et la démocratie (Lénine compris), sur la mondialisation, sur les divisions de la classe ouvrière, sur la dialectique, sur les nationalisations et la lutte des classes, sur le patron qui « donne du travail », sur les rapports entre communisme, démocratie et liberté,…, tout cela est au cœur du débat actuel et s’avère d’une irrésistible modernité !

La manière romancée et très pédagogique d’amener cette visite dans les textes fondateurs est profondément originale.

« Comment Karl Marx aurait-il répondu aux questions que serait venu lui poser, en 1848, puis en 1852, en 1866, en 1870 et enfin en 1875, un jeune visiteur français, lui-même emporté corps et âme, d’abord par la révolution de 1848 puis, 23 ans plus tard, par la Commune de Paris ? », nous demandent les auteurs, qui ont leur petite idée…

Et ils poursuivent ainsi… « Après la disparition de l’auteur du Capital en 1883, qu’aurait dit son ami Friedrich Engels à ce même visiteur, vieil homme comme lui, en 1884 et en 1894 ?

Plus tard, reprenant la tâche là où l’avait laissée son grand-père, voici le petit-fils du communard qui interroge Vladimir Ilitch Lénine tour à tour en 1905, 1912, février 1917, octobre 1917, novembre 1918… »

Je ne vous ai pas servi toute entière la « dernière de couverture »… Car même çà, il faut le mériter, en faisant la démarche de se procurer l’ouvrage passionnant auprès de Michel et Françoise.

Alors, mes amis, à vos courriels et ne vous gênez pas pour passer commande pour faire vivre véritablement les « Éditions Paroles Vives ». Vous ne le regretterez pas !

NOSE DE CHAMPAGNE 

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Commentaires
M
à vous, je ne connaissais pas ces poèmes .
F
Je dévorerais la bureaucratie comme un loup,<br /> je n’ai pas le respect des mandats,<br /> et j’envoie à tous les diables paître<br /> tous les « papiers ». <br /> <br /> Mais celui-là... <br /> <br /> Longeant le front des compartiments et cabines,<br /> un fonctionnaire bien poli s’avance. <br /> <br /> Chacun tend son passeport, et moi je donne<br /> mon petit carnet écarlate.<br /> <br /> Pour certains passeports on a le sourire,<br /> d’autres on cracherait dessus. <br /> <br /> Au respect ont droit, par exemple,<br /> les passeports avec lion anglais à deux places. <br /> <br /> Mangeant des yeux le brave monsieur,<br /> faisant saluts et courbettes,<br /> on prend comme on prend un pourboire,<br /> le passeport d’un Américain.<br /> <br /> Pour le Polonais on a le regard<br /> de la chèvre devant l’affiche.<br /> Pour le Polonais le front est plissé<br /> dans une policière éléphanterie<br /> d’où cela sort-il et quelles sont ces<br /> innovations en géographie ?<br /> <br /> Mais c’est sans tourner le chou de la tête,<br /> c’est sans éprouver d’émotions fortes<br /> qu’on reçoit les papiers danois<br /> et les suédois de diverses sortes.<br /> <br /> Soudain, comme léchée par le feu,<br /> la bouche du monsieur se tord.<br /> <br /> Monsieur le fonctionnaire<br /> a touché la pourpre de mon passeport.<br /> <br /> Il le touche comme une bombe,<br /> il le touche comme un hérisson,<br /> comme un rasoir à deux tranchants,<br /> il le touche comme un serpent à sonnettes,<br /> à vingt dards, à deux mètres de longueur et plus.<br /> <br /> Complice a cligné le regard du porteur,<br /> qui est prêt à porter vos bagages pour rien.<br /> <br /> Le gendarme contemple le flic,<br /> le flic le gendarme.<br /> Avec quelle volupté la caste policière<br /> m’aurait fouetté, crucifié,<br /> parce que j’ai dans mes mains,<br /> porteur de faucille,<br /> porteur de marteau,<br /> le passeport soviétique.<br /> <br /> Je dévorerais la bureaucratie comme un loup,<br /> je n’ai pas le respect des mandats,<br /> et j’envoie à tous les diables paître<br /> tous les « papiers », mais celui-là...<br /> <br /> Je tirerai de mes poches profondes<br /> l’attestation d’un vaste viatique.<br /> Lisez bien, enviez<br /> je suis<br /> un citoyen<br /> de l’Union Soviétique.<br /> <br /> [I]Vladimir Vladimirovitch Maïakovski - 1929[/I]
R
[G]Au sommet de ma voix (1928-1930) <br /> Derniers vers inachevés[/G]<br />  <br /> [I]1<br />  <br /> Elle m’aime, elle ne m’aime pas<br /> Je trie mes mains<br /> Et j’ai cassé mes doigts.<br /> Alors les premières têtes des marguerites <br /> Secouées d’une chiquenaude<br /> sont cueillies et sans doute<br /> éparpillées en mai<br /> que mes cheveux gris se révèlent<br /> sous la coupe et la douche<br /> que l’argent des années nous enserre éternellement !<br /> honteuse sensation banale- sentiment que j’espère<br /> que je jure<br /> jamais elle ne reviendra vers moi.<br /> ****<br />  <br /> 2<br />  <br /> C’est bientôt deux heures<br /> Pas de doute tu dois déjà dormir<br /> Dans la nuit<br /> La voix lactée avec ses filigranes d’argent<br /> Je ne suis pas pressé<br /> Et rien en moi<br /> Ne veille ni ne t’accable de télégrammes<br /> <br /> ***<br /> 3<br />  <br /> La mer va pleurer<br /> La mer va dormir<br /> Comme ils disent.<br /> L’incident s’est cassé la gueule.<br /> Le bateau de l’amour de la vie<br /> S’est brisé sur les rochers du quotidien trivial<br /> Toi et moi sommes quittes ;<br /> pas la peine de ressasser<br /> Les injures de chacun<br /> Les ennuis <br /> Et les chagrins<br /> ****<br /> 4<br /> Tu vois,<br /> En ce monde tous ces sommeils paisibles,<br /> La nuit doit au ciel<br /> Avec ses constellations d’argent<br /> En une si belle heure que celle-ci<br /> Quelqu’un alors s élève et parle<br /> Aux ères de l’histoire<br /> Et à la création du monde.<br />  <br /> ***<br /> 5<br /> Je connais le pouvoir des mots ; je connais le tocsin des mots<br /> Ce n’est pas le genre que les boîtes applaudissent<br /> De tels mots des cercueils peuvent jaillir de terre<br /> Et iront s’étalant avec leurs quatre pieds en chêne ; <br /> Parfois ils vous rejettent, pas de publication, pas d’édition.<br /> Mais les mots sacro-saints qui vous étouffent continuent à galoper au dehors.<br /> Vois comme le siècle nous cerne et tente de ramper <br /> Pour lécher les mains calleuses de la poésie.<br /> Je connais le pouvoir des mots. Comme broutilles qui tombent<br /> Tels des pétales à côté de la piste de danse rehaussée.<br /> Mais l’homme avec son âme, ses lèvres, ses os… <br /> [/I] <br /> <br /> Adaptation personnelle<br />  <br /> <br />  <br /> Bibliographie :<br />  <br /> À pleine voix : anthologie poétique 1915-1930, traduction Christian David, Paris, Gallimard, " Poésie ", 2005.<br />  <br /> Écoutez : si on allume les étoiles..., poésies choisies et traduites par Simone Pirez, Francis Combes, Pantin, Temps des cerises, 2005.<br />  <br /> Anthologie, trad. Claude Frioux, Paris, Textuel, " L'œil du poète ", 2004, nouv. éd.<br />  <br /> Le petit cheval de feu [1927], trad. Odile Belkeddar, ill. Flavio Costantini, Paris, Éd. Des Lires, 2003 [bilingue].<br />  <br /> Nuage en pantalon, suivi de Écoutez !, Une viole un peu nerveuse, et de Flûte en colonne vertébrale, L'Isle-Adam, Saint-Mont, 2001.<br />  <br /> Le nuage en pantalon : tétraptique, trad. Vladimir Berelowitch, Paris, Mille et une nuits, " La petite collection ", 1998.<br /> <br /> Vers : 1912-1930, éd. et trad. Claude Frioux, Paris, L'Harmattan, " Poètes des cinq continents ", 2001 [bilingue].<br /> <br /> Compte tenu des copyright, je suis obligé d'indiquer la totalité....des éditeurs<br /> <br /> Mais ces vers sont exceptionnels, ils sont probablement les derniers qu'il ait écrit !<br /> <br /> Roger[Héééhooo]
N
... Roger, tes remarques concernant le rétrécissement du rôle de Maïakovski dans la vie politique et culturelle soviétique est exacte, pertinente et nécessaire. Dont acte !<br /> Il faut se souvenir du développement puissant à cette époque d'un courant agitprop dans la culture: poésie, musique et théâtre (notamment)... Brecht en fut. <br /> <br /> NOSE
R
[G]Conversation avec le kamarade Lénine[/G]<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> [I]Des affaires en masse, un tumulte d'évènements<br /> le jour s'efface, sombre insensiblement ;<br /> nous sommes deux dans la pièce, moi et Lénine<br /> une photographie sur le mur blanc.<br /> <br /> La bouche ouverte pour un discours fervent,<br /> la brosse des moustaches dressée.<br /> Dans les plis du front pressé, humaine,<br /> sous le front énorme une énorme pensée.<br /> <br /> Sans doute devant lui les foules défilent,<br /> forêt des drapeaux… herbe des bras...<br /> Je me suis levé, allumé par la joie.<br /> On voudrait marcher, saluer, rendre des comptes.<br /> <br /> Camarade Lénine je vous fais un rapport<br /> pas de service mais du fond de l'âme.<br /> Camarade Lénine, ce travail d'enfer<br /> sera fait et se fait déjà.<br /> <br /> Nous éclairons, habillons les pauvres et les nus.<br /> L'extraction de minerai et de charbon augmente...<br /> Mais à côté bien sur il y a encore<br /> beaucoup de saleté et de bêtise.<br /> <br /> On est fatigué de s'en défendre et de montrer les dents.<br /> Beaucoup sans vous ont perdu la tête.<br /> Toutes sortes de canailles foulent notre sol et l'entourent<br /> <br /> On ne saurait tous les compter ni les nommer :<br /> un long ruban de gredins qui s'étire.<br /> Des koulaks, des bureaucrates<br /> lèche-bottes, sectaires, ivrognes.<br /> <br /> Ils vont, bombant fièrement la poitrine,<br /> hérissés de leviers responsables couverts d'insignes...<br /> <br /> Bien sûr nous les materons tous<br /> mais ce sera effroyablement difficile.<br /> Camarade Lénine, dans les fabriques enfumées<br /> dans les campagnes couvertes de neige et de blé<br /> c'est votre cœur et votre nom, camarade, qui nous font<br /> penser, respirer, lutter, vivre.<br /> <br /> Des affaires en masse un tumulte d'évènements<br /> le jour s'efface sombre insensiblement ;<br /> nous sommes deux dans la pièce, moi et Lénine<br /> une photographie sur le mur blanc.<br /> <br /> (1929) <br /> [/I]<br /> Alors que d'aucuns décrive Maïakovski,comme seulement un poète, il fut aussi très politique et critique concernant le régime et les tendances "bureaucrates" qui se développaient... c'est le sens de sa lettre à Lénine mort deux ans plus tôt!<br /> Bonne lecture à tous!<br /> <br /> Roger[Héééhooo]
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