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LE PIGEON BLEU
2 février 2009

INTÉRÊTS DE CLASSES

RICHESIl y a quelques semaines, un député UMP proposait que le gouvernement rembourse les pertes bancaires aux porteurs d’actions et supprime par ailleurs la demi part allouée aux parents isolés n’ayant plus leurs enfants à charge.

Cette semaine, l’UMP estimait qu’il fallait sanctionner ce qu’elle considère comme «l’abus du droit de grève». De plus en plus, l’attitude de Nicolas Sarkozy et de son entourage marque une rupture. Une rupture en forme de régression vers l’Ancien Régime, ses ordres et ses castes, ses privilèges et ses passe-droits, avec cette morgue et cette fatuité propres à ceux qui se croient propriétaires légitimes et dominateurs naturels, sans comptes à rendre, ni précautions à prendre. Après «Madame Sans Gêne», voici venu la présidence sans vergogne !

Et les nantis n’ont plus aucun scrupule. À l’abri de l’onction élyséenne, ils défendent leurs intérêts avec acharnement, franchise et virulence, méthode et brutalité.

Alors que le Parti socialiste vient d’abandonner jusqu’à la mention des classes sociales, l’actuel pouvoir présidentiel, lui, ne se trompe pas sur les intérêts de classe qu’il défend froidement, protège cyniquement et renforce activement. Aujourd’hui en France, où privilèges et revenus exorbitants des chevaliers de l’industrie et de la finance sont aussi abusifs que ceux de la noblesse de cour sous l’Ancien Régime, un salarié sur dix ne peut vivre convenablement de son travail.

Alors que ceux qui ont parfois conduit une entreprise au bord du gouffre s’en retirent munis de pactoles d’une faramineuse indécence, aux plus modestes des employés ou des ouvriers, on demande encore et toujours des sacrifices supplémentaires, jusqu’à les étrangler, au nom du rendement, de la compétitivité ou de la mondialisation. Ou mieux, pour «combattre» le chômage. On les pousse à choisir entre la porte et des salaires dépréciés, on les trompe sur leurs droits qu’on foule aux pieds, on les maintient dans un état de sujétion oppressant, de tension permanente qui nuit non seulement à leur vie matérielle, mais perturbe même leur santé.

Bien sûr qu’il faut supprimer les parachutes dorés et dans la foulée faire rendre gorge aux financiers voyous. Mais que cela ne nous détourne pas de l’essentiel. Les brigands se sont multipliés parce que, depuis quelque temps, «l’entreprise - monde» avait été convertie en entreprise de brigandage. Depuis quand ?

Depuis que l’on a fait croire que le capitalisme était la seule idéologie valable et depuis que la gauche a abandonné le terrain social. Depuis les riches n’ont plus eu peur des pauvres et se sont crus tout permis. On ne dira jamais assez le rôle de la police des mœurs capitalistes qui a su joué sur la menace du socialisme. Il ne suffira pas de moraliser le système capitaliste. La seule morale qu’il comprenne vraiment c’est la riposte sociale. Et l’Elysée ne craint rien de moins que «l’étincelle » qui, comme disait Mao Ze Dong, «peut embraser toute la plaine».

Jean-Michel Humez

par Liberté 62, lundi 2 février 2009 publié dans : Edito

Relayé par NOSE DE CHAMPAGNE

 

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