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LE PIGEON BLEU
10 avril 2009

ITW de Bernard Thibault Sur RTL ce Matin

Jean-Michel Aphatie : Bonjour, Bernard Thibault.

Bernard Thibault : Bonjour.

Vous serez à l'Elysée à 9h30 tout à l'heure en compagnie des autres partenaires syndicaux. Le Président de la République devrait rendre compte des résultats du G20 et procéder aussi à l'installation du Fonds d'Intervention Social qui avait été décidé lors du sommet social du 19 février à l'Elysée. Parlerez-vous avec le Président de la République, Bernard Thibault, du nouveau Plan de réduction d'activités d'Arcelor Mittal qui va fermer des hauts fourneaux à Florange ?

Sans doute qu'on aura l'occasion d'évoquer, de nouveau le contexte social et économique. Chaque jour qui passe multiplie les annonces de suppressions d'emplois, de mise au chômage partiel, de fermeture d'activités. Je prends la journée d'hier : c'est Arcelor, c'est 600 emplois ; Benneteau, c'est du chômage partiel dans d'autres secteurs industriels. Ca tombe chaque jour.

Et à part en parler, qu'est-ce que vous pouvez faire ? Qu'est-ce que vous attendez aussi peut-être ?
   
C'est intervenir et continuer d'agir. Nous nous sommes mis d'accord, d'une part, pour prolonger les mobilisations des mois de janvier et mars en organisant - c'est une première - un 1er Mai qui soit unitaire au plan syndical. Ca n'est jamais arrivé dans notre pays ; et je crois que si l'on constate un certain nombre d'événements, de modifications dans la conduite des revendications pour défendre -parce que c'est de ça dont il s'agit, en partie : la dignité des salariés qui sont floués dans cette période - je crois que c'est aussi la conséquence directe d'un certain nombre de déclarations et d'attitudes du chef de l'Etat et du gouvernement qui ont minoré jusqu'à présent le mécontentement et la mobilisation.

Vous avez ce sentiment ?

Il y a eu un million et demi de manifestants en janvier. On nous a dit : c'est quand même pas terrible, un million et demi... On en a donc fait 3 millions au mois de mars, et on a eu un discours du Président de la République qui s'est d'abord adressé aux siens, à son électorat politique : aidez-moi à tenir bon ! On n'a pas eu fondamentalement de prise en compte de ce mécontentement social. Et en plus...

Si on est concret, Bernard Thibault, Arcelor Mittal : vous pourriez mettre 5 millions de personnes dans la rue, Arcelor Mittal, le gouvernement serait obligé de faire avec, c'est-à-dire réduction d'activités parce que l'automobile ne veut plus de tôle et d'acier. Voilà.

Et Arcelor n'est pas un groupe qui a fait, par le passé, des profits considérables et qui aujourd'hui, est en train de réduire la voilure en faisant porter sur les salariés comme d'autres groupes multinationaux, l'essentiel des efforts en période de crise. Un des mots d'ordre...

Et vous pensez que le gouvernement peut faire quelque chose là-dessus ou pas ?

Oui. Oui et de ce point de vue, lorsqu'on va avoir l'occasion, puisque c'est un des points à l'ordre du jour, d'analyser les résultats du G20 pour ce qui me concerne, je serai beaucoup plus réservé que l'appréciation globale qui en est ressortie.

J'ai repris la déclaration des chefs d'Etat dans le détail, simplement pour illustrer l'approche qui a été la leur. Il y a cinquante fois le mot "finances" dans la déclaration du G20 ; il y a sept fois le mot "social". Eh bien, je crois que c'est là le résumé de l'absence de réponse à une crise que l'on veut résumer, encore une fois, comme une crise du système financier bancaire international. De ce point de vue là, les chefs d'Etat, ils l'ont dit, ils ont voulu être rassurants : redonner de la confiance, remettre la machine financière sur les rails mais avec les mêmes paramètres que ceux qui ont généré cette crise.

Donc, vous voulez dire au chef d'Etat : "Trop de finances, pas assez de social".

De la finance, il y en a besoin. C'est la finalité qui est en cause ; et de ce point de vue là, on le constate en France mais aussi dans d'autres pays européens. Il y avait deux millions 700.000 manifestants à Rome, samedi dernier ; malheureusement l'actualité en Italie a tourné sur un aspect beaucoup plus dramatique avec le séisme... Mais c'est dire...

Donc, vous direz au chef de l'Etat : "Trop de finances, pas assez de social..." Le chef de l'Etat qui était dans les Bouches-du-Rhône, mardi, et à propos de la séquestration des dirigeants d'entreprise qui ont tendance à se renouveler, je sais que vous n'aimez pas trop qu'on en parle, mais enfin c'est comme ça. Il y a beaucoup de cas de cette nature. Le chef de l'Etat a dit ceci : "Qu'est-ce que c'est ces histoires d'aller séquestrer les gens ! On est dans un Etat de droit. Je ne laisserai pas faire les choses comme ça". Ca aussi, vous allez en parler ?...

Oui, mais l'Etat de Droit, il est valable pour tout le monde. Il est, y compris, valable pour les entreprises. Il y a des obligations aujourd'hui pour les entreprises et pas uniquement des obligations morales. Il y a aussi des obligations sociales. On ne peut pas à la fois dire : on est maintenant dans un pays où les grèves et les manifestations ne se voient pas, et s'étonner que les salariés pour être entendus, pris en considération imaginent d'autres formes d'actions. Alors, en même temps, j'entends...

Ne soyez pas contradictoire : si l'état de droit est valable pour tout le monde, les autres formes d'actions ne sont pas acceptables si elles sont illégales.

Oui mais le droit au travail, par exemple, pour tous, est inscrit dans la Constitution ; et jusqu'à preuve du contraire, c'est le chômage qui progresse. Donc, on voit bien qu'en terme de droit ... n'amplifions pas un débat sur un terrain qui n'a pas lieu d'être.

Mais une séquestration, c'est légal ou illégal ?

Ce sont des actions syndicales coordonnées, organisées dans le cadre de l'action syndicale. Ca n'est pas comparable à des prises d'otages. On n'est quand même pas au Brésil où les chefs d'entreprise sont obligés d'utiliser des hélicoptères pour voyager de leur bureau à leur domicile.

Donc, vous les défendez Bernard Thibault ?

On n'est pas en Colombie. Je les comprends.

Vous les défendez ou pas ?

Je les comprends. Et je les défendrais dès lors que ce sont des actions naturellement qui ne portent pas une atteinte physique à ces dirigeants ; mais je ne peux pas m'étonner qu'il y ait recours à ces formes d'actions spectaculaires. Il faut aussi attirer les caméras et les micros pour être entendus.

C'est pour ça qu'on séquestre les dirigeants ?

Vous avez vu que dans un certain nombre de cas...

C'est pour ça qu'on séquestre des dirigeants, à votre avis, pour attirer les caméras ?

Oui.

Eh bien dis donc !

Oui. Et vous avez remarqué que dans un certain nombre de cas, l'Etat a dit : je vais discuter avec les syndicats alors qu'avant, ça n'était pas possible. Donc, il ne faut pas que les pouvoirs publics s'étonnent de la capacité d'imagination des salariés qui ne revendiquent qu'une chose : à être reconnus pour ce qu'ils sont et à défendre leur dignité.

On a constaté, hier, lors de la journée d'action de Gaz de France, des coupures de gaz.

Oui.

Et ça aussi, vous le défendez, Bernard Thibault ?

C'est organisé dans un cadre syndical. C'est organisé dans un cadre syndical. Ca fait partie de la visibilité du mécontentement. Si manifester, ça ne se voit pas, si faire grève ça n'est pas suffisant, eh bien on réfléchit à d'autres formes d'expression revendicatives ...

Il n'y a aucune limite alors... Pour être remarqué, il n'y aura aucune limite !

Mais de tout temps...

On pourra aller très loin.

De tout temps, le mouvement syndical a dû réfléchir à des formes d'actions dans une société - dans un cadre démocratique naturellement - et chacune de ces formes d'action, nous y insistons beaucoup, doivent être décidées dans un cadre démocratique, c'est-à-dire obtenir l'adhésion d'une majorité du personnel parce que nous savons bien aussi que nous n'avons, et les salariés n'ont aucun intérêt à utiliser des formes d'action qui pourraient discréditer les revendications. Ne tombons pas dans des provocations ou n'allons pas à la limite de certains droits qui pourraient être, à ce moment-là, utilisés pour détourner le sens du débat. Restons-en à la défense des revendications.

Maintenant vous parlez de l'énergie de GDF... Je voudrais dire au passage, par exemple, qu'il est quand même spectaculaire que pour ce qui est du vice-président de GDF, il ait vu sa rémunération, lui, augmenter de 180%.

De 460.000 euros à 1,3 million.

Oui, 180% d'augmentation ; et que les gaziers, eux, soient obligés de faire grève pour obtenir des négociations salariales.
   
Bernard Thibault qui aura beaucoup de choses à dire au Président de la République tout à l'heure, était l'invité de RTL, ce matin. Merci.

Via cricri


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C
http://www.pcf.fr/spip.php?article3649<br /> <br /> <br /> <br /> cricri
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