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LE PIGEON BLEU
14 avril 2009

diversion ou sincérité ?

États généraux de l’Outre-mer : diversion ou sincérité ?

Le manque de transparence dans l’organisation des États généraux et les actes concrets du gouvernement par rapport aux propositions du COSPAR amènent à s’interroger sur l’objectif recherché par Paris à travers ces États généraux. Ont-ils vraiment pour but d’écouter la parole des Réunionnais ?

Au moment où arrivent à La Réunion Richard Samuel, préfet coordonnateur des États généraux, et Paul Girot de Langlade, préfet responsable du projet pour La Réunion, quelle est la situation ?
Ces deux hauts fonctionnaires viennent dans notre pays pour prendre les contacts nécessaires à l’organisation des différents ateliers des Etats généraux.
La décision de lancer cette concertation a été prise par le gouvernement. Face à la situation sociale catastrophique dans les Départements d’Outre-mer, marquée par un chômage de masse, des prix très élevés et un manque de logement, Paris constate que les réponses à l’urgence ne suffisent plus. En effet, cette crise est une des conséquences d’un modèle en place depuis plus de 60 ans, et qui ne permet plus de résoudre les problèmes.
Ce constat amène à imaginer de nouvelles solutions, et à construire un nouveau modèle, capable d’apporter des réponses sur le long terme. Et pour arriver à ces solutions, Paris annonce son intention d’examiner ce que proposeront les Départements d’Outre-mer : ce sont les États généraux.
À la veille de l’arrivée de ces deux préfets, l’initiative de Paris fait face à des difficultés.
En Guadeloupe, le LKP a indiqué qu’il ne participera pas aux États généraux. En Martinique, le Collectif du 5 février ne viendra pas non plus, ainsi que le maire de la capitale, Serge Létchimy. Pour tenter de rattraper la situation, le gouvernement a décidé de décaler d’une semaine l’ouverture officielle des États généraux qui devaient se dérouler aujourd’hui à Paris.

Des réponses qui exaspèrent

À La Réunion, le COSPAR (Collectif d’organisations syndicales, politiques et associatives de La Réunion) propose des solutions réunionnaises à une situation spécifique réunionnaise. Plusieurs accords sur les prix ont déjà été signés, reste à régler la question des revenus sociaux et salariaux. Le COSPAR propose une solution adaptée aux spécificités du pays, qui arrive à concilier l’augmentation du pouvoir d’achat des salariés et les capacités contributives des entreprises. Cette solution repose sur une double modulation : celle de la contribution des entreprises et celle de l’État à travers un RSTA adapté aux besoins du pays. Le principe d’une telle solution est accepté par le MEDEF, mais refusé par le préfet, qui se trouve totalement isolé.
Le COSPAR décide alors d’écrire au président de la République, et veut envoyer une délégation à Paris afin d’aller à la rencontre des différents ministères pour présenter directement la solution réunionnaise de sortie de crise. Le COSPAR n’a pas reçu de réponse de Nicolas Sarkozy, mais a appris auprès du secrétariat d’État à l’Outre-mer et par écrit du cabinet de François Fillon qu’aucune rencontre n’aura lieu, et que la modulation de l’aide de l’État n’est pas à l’ordre du jour.
Ces deux réponses ont fini par exaspérer les membres du COSPAR, qui, pour nombre d’entre eux, ne souhaitent pas participer aux États généraux de l’Outre-mer.

Rencontre compromise

Dans le cadre de sa mission à La Réunion, il est prévu que Richard Samuel rencontre le COSPAR ce soir à 18 heures. Le COSPAR doit se réunir à 17 heures pour fixer sa ligne de conduite par rapport aux États généraux. Le calendrier est tellement serré qu’il y a de grandes chances que la rencontre n’ait pas lieu, à moins que le COSPAR puisse prendre rapidement une décision dans un sens ou dans l’autre. Mais au vu de la diversité des organisations qui composent le COSPAR, il y a fort à parier que l’Assemblée générale du collectif durera bien plus d’une heure, et donc que la rencontre avec le coordonnateur des États généraux ne se tienne pas.
À cette situation s’ajoute un élément troublant. Patrick Karam, délégué interministériel, organise en France les États généraux de la diaspora domienne. Mais il est aussi celui qui invite au compte-rendu de la mission outre-mer de l’UMP, renvoyé au 22 avril.
À quelques heures de l’arrivée des deux préfets, personne ne peut dire ce qu’attend le gouvernement de ces États généraux. Et tout le monde s’interroge sur cette étrange attitude : comment, d’un côté, Paris assure vouloir donner une tribune aux propositions de l’Outre-mer à travers ces États généraux, et comment, d’un autre côté, peut-il refuser de prendre en considération les propositions du COSPAR ? Ce qui amène à s’interroger : à quel moment le gouvernement prendra-t-il en compte les propositions des Réunionnais ?

M.M.

Témoignages : organe du PCR

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