UNE COMMUNAUTÉ LAFKENCHE
École Kom pu Lof Ñi Kimeltuwe et
radio communautaire Werken-Kvrvf
Nous avons voyagé la nuit de lundi pour arriver à Temuco mardi, vers 7 heures du matin. Silvia nous attendait chez elle. Nous avons pu voir Jorge avant qu’il ne parte au travail, mais Ñanku Milla était déjà parti à l’école. Silvia avait prévu ce jour-là d’accompagner Miguel, un locuteur bien connu de la région, pour remettre un ordinateur qu’on lui a offert en Suède pour la radio communautaire Werken-Kvrvf et nous voulions visiter l’école Kom pu Lof Ñi Kimeltuwe. Après un copieux petit-déjeuner avec des sopaipillas, gâteau aux noix, pain maison, tout cela fraîchement fait, avec du maté et du thé, nous avons décidé de louer une voiture pour gagner du temps. Nous sommes passés chercher Miguel et l’ordinateur qu’il avait formaté pour le préparer pour la radio et nous sommes partis vers le lac Budi et la mer.
Sur la route, bien avant d’arriver à l’école, nous nous sommes arrêtés pour saluer les membres de la communauté qui étaient en train de couper de la paille pour construire des rucas.
Il faut trois camions de paille pour deux rucas et il faut aller la chercher de plus en plus loin parce qu’on ne trouve plus cette paille dans les environs de l’école.
Ils ont demandé de transmettre leurs remerciements et leur bonjour à Enrique Iglesias, et ils l’invitent à leur rendre visite, il sera très bien reçu.
Escuela Kom pu Lof Ñi Kimeltuwe
Nous sommes arrivés à l’école après le déjeuner des enfants. Dans le jardin ils jouaient à différents jeux, dans la partie arrière les grands garçons jouaient au foot. On voyait divers types d’animaux se balader librement.
LA CONSTRUCTION VUE PAR DERRIÈRE
VERS LE RÉFECTOIRE
Ils ont construit une ruca, mais le Ministère de l’éducation exige de respecter des normes (électricité, fenêtres, portes d’accès…) Malheureusement la ruca traditionnelle ne satisfait pas ces exigences “standard” et n’a pas pu être reconnue comme salle de cours supplémentaire.
Actuellement on y enseigne des ateliers, comme le tissage sur métier par exemple. On nous a fait entrer dans la ruca et Mauricio, en remplacement du directeur Hugo qui était à Temuco, a commencé à nous raconter l’histoire de l’école.
Petit à petit sont arrivés les soixante élèves de l’école et ils nous ont salué en disant “mari mari” et en nous serrant la main et faisant une bise. La fumée du feu de bois rendait l’ambiance de la rencontre très spéciale.
Les enfants se sont présentés par niveaux, en disant leur nom et de quelle communauté ils étaient.
Tout cela en mapudungun, évidemment.
Dans cette ruca moderne, avec installation électrique, nous avons assisté à un data-show montrant les activités de l’école: la construction de la ruca, le voyage de fin d’année, la visite des professeurs suédois, entre autres choses.
Les filles de sixième ont commenté le diaporama et les élèves de la cinquième année de primaire nous ont chanté quelques chansons. Attention on n’applaudit pas, on dit “ieieieieieie”.
L’école a besoin de deux transports, dans chaque circuit il y a des élèves qui vivent à une heure de distance. Le minibus blanc est le plus ancien et il a eu une panne qui a fait croire qu’il était irrécupérable pendant plusieurs mois, jusqu’à ce qu’un mécanicien le répare.
C’était nécessaire parce que le plus récent des minibus, celui qu’Enrique Iglesias veut aider à payer, est tombé en panne.
Les routes de zone sont couvertes de pierres qui volent au contact des roues, frappant violemment le dessous des véhicules. Par conséquent, leur durée de vie est très courte.
Après la visite ils nous ont invités manger dans leur Centre gastronomique. Comme la communauté offre également des services d’ethnotourisme, avec hébergement dans des rucas, elle a su retrouver et mettre en valeur sa culture gastronomique.
Nous sommes partis quand le soleil se couchait sur le lac Budi, mais nous devions encore nous rendre à la radio.
Les routes semblaient encore plus hostiles lorsque nous roulions, sans perdre de temps, vers la radio communautaire Werken-Kvrvf.
Installés dans une espèce de container, Julio et sa femme Ivonne nous ont raconté qu’ils avaient ajouté une pièce et que la leur était la radio communautaire à plus forte audience de la zone. Ils nous ont fait écouter des messages enregistrés qu’ils transmettent en vue de créer une conscience auprès de la population. Certains de ces messages ont été enregistrés par leur fille de 14 ans, d’une belle voix très claire, en espagnol et en mapudungun.
Miguel explique au locuteur Elea comment se servir des programmes qu’il a installés dans l’ordinateur.
Julio et Ivonne racontent comment ils essaient de faire de la magie pour payer les factures d’électricité et le coût d’avoir leur fille au lycée à Temuco.
Nous sommes rentrés à Temuco et nous avons pu bavarder avec Jorge avant de nous coucher pour rentrer à Santiago le lendemain.
Nous remercions tous ces nouveaux amis pour leur chaleureux accueil et leur sommes reconnaissants de nous avoir ouvert leurs maisons et leurs coeurs.
Jeanmi pour le pigeon