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LE PIGEON BLEU
6 août 2009

HONDURAS : La répression a changé de lieu ; les acteurs restent les mêmes

digan_que_no_fue_golpe_de_Estado

2009-08-05 

La répression a changé de lieu ; les acteurs restent les mêmes

Mabel Marquez / VC Honduras

Le mercredi 5 août, vers midi, la police a violé l’autonomie universitaire : les étudiants du Front de Résistance Universitaire contre le coup d’Etat poursuivaient l’occupation pacifique du campus de l’Université Nationale Autonome du Honduras. La police est arrivée à ce moment-là en leur disant qu’elle allait les expulser. Les étudiants ont essayé de leur expliquer qu’ils étaient dans leur droit de manifester contre un coup d’Etat qu’ils condamnaient ; La direction de l’Université a aussi tenté d’intervenir pour établir un dialogue, mais ses efforts on été vains. La police a débuté une intervention violente afin de procéder à l’expulsion, en utilisant des bombes lacrymogènes, des lances à eau, du gaz moutarde et d’autres armes encore. Les étudiants se sont défendus en lançant des pierres et des planches sur leurs agresseurs. L’ambiance est devenue irrespirable pour les étudiants et les personnes présentes, le campus se transformant pendant une heure et demie en champ de bataille. Il y a eu plusieurs blessés, dont Madame le Recteur de l’Université Nationale, Julieta Castellanos, molestée et matraquée.

Simultanément, la manifestation du Front de Résistance contre le coup d’Etat à Tegucigalpa a démarré comme à l’accoutumée de l’Université Pédagogique Francisco Morazán à 9h00, pour se diriger vers la Cour Suprême de Justice, puisque la majorité des magistrats siégeant dans cette instance sont des traîtres à la patrie, car c’est le propre Président de la Cour qui a signé la lettre d’expulsion du Président Zelaya avalisant le coup d’Etat du 28 juin dernier. Ainsi se sont exprimés les dirigeants des mouvements sociaux.

Pendant cette manifestation, les leaders sociaux ont dénoncé avec forcé le rôle joué par le Maire de la capitale, Ricardo Álvarez, un des principaux soutiens financiers du coup d’Etat, qui a débloqué 75 millions de lempiras (monnaie du Honduras, ndt) de crédits au président de fait Micheletti destinés à des chantiers de rénovation dans la capitale ; cependant, des informations montrent que cet argent est utilisé pour financer les manifestations auto-proclamées « pour la paix et la démocratie » organisées par les putschistes, où l’on paye aux participants, vêtus de chemises blanches, le transport, l’alimentation plus 200 lempiras pour leur présence. Ces faits font d’ailleurs l’objet d’une enquête approfondie de la part des avocats du Front de Résistance contre le coup d’Etat afin de trouver un moyen de mettre un terme à ces détournements abusifs qui visent à tromper le peuple.

Lors de cette manifestation pacifique devant la Cour Suprême de Justice, des milliers de personnes représentant différents mouvements sociaux ont marqué leur présence. Juan Barahona, dirigeant du Bloc Populaire du Honduras et membre de la Coordination du Front de Résistance contre le coup d’Etat a déclaré : « Aujourd’hui, mercredi 5 août, ainsi que nous l’avions annoncé, nous lançons la journée de mobilisation au niveau national. C’est la mobilisation du peuple, car ce sont déjà des milliers de personnes qui ont débuté la marche de l’intérieur du pays vers les deux villes les plus importantes (Tegucigalpa et San Pedro Sula) qui doit durer 7 jours. Au nom de ce peuple, nous nous préparons à accueillir nos frères le mardi de la semaine prochaine ».

Israel Salinas, Président de la Confédération Unitaire des Travailleurs du Honduras (CUTH) (centrale syndicale, ndt), a ajouté : « J’ai fait partie de la Commission qui a élu les magistrats siégeant dans cette Cour Suprême de Justice et je tiens, aujourd’hui, à demander pardon à mon peuple, parce j’avais cru, à l’époque, accomplir un acte remarquable par ce biais ; mais, après tout ce qu’il s’est passé, je me suis rendu compte qu’il n’en a rien été ; c’est hélas une bien mauvaise élection à laquelle nous avons procédé parce que ces magistrats, dans leur majorité, se sont mis au service des groupes d’influence et des mauvais politiciens de ce pays. Je me sens trahi par l’avocat Jorge Rivera Avilés, Président de cette Cour, dès lors que je considère que le seul délit qu’ait commis Mel Zelaya (le Président légal,ndt) a été celui d’aider les pauvres et les travailleurs honduriens et que c’est pour cette raison qu’il est aujourd’hui tenu hors de son pays ; mais viendra le jour où le peuple fera payer la note aux putschistes ».

Malgré la répression, le peuple poursuit son combat contre la dictature ! 

- Mabel Marquez, Comunicaciones Vía Campesina Honduras

http://www.movimientos.org/show_text.php3?key=15254 

traduction Pedro DA NOBREGA


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R
Le Honduras s'enfonce dans les ténèbres<br /> Escadrons de la mort, liste noire de syndicalistes à abattre, l’ombre de la CIA et de la droite sud-américaine : c’est un Honduras militarisé qu’ont vu deux syndicalistes de la CGT. De retour de Tegucigalpa, ils témoignent.<br /> Témoignage d’André Fadda et Alain Lemasson (1), qui sont de retour de Tegucigalpa où ils ont rencontré des militants syndicaux.<br /> Fin juillet notre délégation, mandatée par la CGT, est arrivée au Honduras par voie terrestre depuis le Nicaragua. D’emblée, nous avons pu voir un Honduras militarisé, surveillé à l’extrême par les putschistes. Après avoir déjoué les contrôles militaires et le couvre-feu, nous sommes entrés en contact avec les dirigeants de la Confédération unitaire des travailleurs honduriens (CUTH). Son secrétaire général, Israel Salinas, nous a assuré que le mouvement syndical et populaire hondurien restait très mobilisé et nous l’avons constaté en participant à l’une des nombreuses manifestations dans la capitale où nous avons pris la parole devant 5 000 personnes pour leur témoigner le soutien de la CGT.<br /> La répression est féroce et 120 noms de dirigeants et militants syndicaux à abattre figurent sur une liste noire diffusée par les escadrons de la mort, mis en sommeil après les années 1970-1980. Ces groupes paramilitaires ont été réactivés pour commettre leur sinistre besogne et multiplier les rapts et assassinats de militants. On compte déjà plus d’une centaine de disparus et 15 assassinats depuis le début du putsch. La veille du 1er mai 2008, ils avaient tué la secrétaire générale d’une autre organisation syndicale, la CTH. Les militants changent régulièrement de domicile et un certain nombre d’entre eux sont entrés dans la clandestinité. La CUTH dispose d’informations, sûres et vérifiées, sur la participation, dans cette stratégie de la terreur, de conseillers et assesseurs colombiens du président Uribe ainsi que de Vénézuéliens, de Cubains anticastristes et même d’ex-militaires argentins qui avaient entraîné les contras nicaraguayens dans les années 1980. La présence au Honduras depuis plusieurs mois de Pedro Carmona, instigateur de la tentative du coup d’État contre Chavez en 2002, en dit long sur l’internationalisation du putsch. Selon la CUTH, 150 paramilitaires d’extrême droite s’entraînent, dans une hacienda proche de la capitale, pour accentuer la répression contre le mouvement populaire et syndical.<br /> Derrière le coup d’État, estime la CUTH, plane l’ombre de la CIA, des secteurs de l’administration nord-américaine et des multinationales, qui cherchent à faire d’une pierre deux coups : s’attaquer à l’Alba (Alternative bolivarienne des Amériques) par le maillon faible qu’est le Honduras, déstabiliser Obama et empêcher ainsi tout changement dans les relations internationales avec ces pays. La collaboration du patronat dans le coup d’État est patente, celui-ci est allé jusqu’à proposer au gouvernement putschiste une augmentation de 10 % des impôts aux entreprises afin de rompre l’isolement dans lequel le plonge la communauté internationale. Les menaces et le chantage au licenciement sont également les moyens exercés contre les salariés, notamment du secteur public et des maquilas, pour qu’ils viennent grossir les rangs des manifestations pro-putschistes.<br /> Le coup d’État a cependant renforcé l’unité des organisations populaires et syndicales, amorcée depuis l’arrivée de Manuel Zelaya à la présidence en 2006 et le lancement d’un processus de discussions et de participation permanent avec les organisations, fait totalement nouveau dans un pays où le pouvoir était depuis toujours détenu par l’armée, l’Église et l’oligarchie. Ce mouvement bénéficie d’une importante solidarité internationale. Une délégation de la Confédération syndicale internationale (CSI), essentiellement composée par son organisation régionale, la CSA, s’est rendue au Honduras. La Confédération européenne des syndicats (CES), qui avait immédiatement appelé au retrait des ambassadeurs, a exigé pour sa part la suspension de tout accord et des relations commerciales avec le régime des putschistes, plus particulièrement en ce qui concerne le système de préférences généralisées entre l’UE et les pays d’Amérique latine permettant au Honduras de bénéficier de réductions tarifaires douanières.<br /> André Fadda est secrétaire général de l’union syndicale multiprofessionnelle CGT des Chantiers navals de Saint-Nazaire et Alain Lemasson est délégué CGT de SCHUBB.<br /> Propos recueillis par Bernard Duraud (l'Humanité)
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