LAÏCITE OU NEUTRALITE ? QUELLE LAÏCITE ?
Notre conception de la laïcité n’a rien à voir avec la neutralité, ni avec le mutisme philosophique(s), politique(s) ou social(s) - compris au sens large - qui agitent le monde proche ou éloigné dans lequel baigne l’école.
Ce serait déjà oublier l’intense bataille politique, idéologique et sociale dans laquelle, s’est dégagée la laïcité à la française, dans l’histoire de notre pays au début du siècle passé. Ce serait oublier aussi, toutes les atteintes à cet acquis historique organisées depuis 1958 (voir la Loi Debré, etc.) pour favoriser le développement d’une école privée concurrente… et sur fonds publics. Ce serait oublier qu’aujourd’hui encore, certain ex-ministre de « l’intérieur » a tenté et tentera encore de « moderniser » la Loi Laïque…
Notre conception de la laïcité (et d’une culture ouverte) a à voir avec les programmes scolaires (aux différents niveaux du système) qui ne sont pas muets sur les faits religieux qu’ils soient polythéistes (Egyptiens, etc.) et/ou monothéistes (le christianisme, le mouvement des cathédrales, l’islamisme, etc.). Est-ce qu’on peut étudier l’histoire de la musique sans passer par la musique religieuse ? De même, afin que l’école soit bien ce pourquoi elle a été « réinventée » et développée sous la 3° République, elle doit aider à comprendre et à habiter le monde dans lequel on vit ; comme elle doit aider chaque jeune français à habiter son corps (et à participer par exemple à l’éducation sexuelle et à la prévention de nombre de maladies, parmi lesquelles les MST et le SIDA).
C’est ainsi que nos programmes prévoyaient des « coups de projecteur » sur l’histoire sociale ou celle des techniques, et aussi sur l’histoire coloniale et la décolonisation (très/trop embryonnaire, d’ailleurs). Bien sûr, ceux qui conçoivent les programmes ne sont pas de purs esprits et on peut être amenés à parler des « régimes totalitaires » en associant le fascisme et le communisme (comme si les régimes des « pays d’ « au-delà du rideau de fer » avaient jamais été communistes, ou « marxistes »).
Par conséquent, rien ne s’oppose, sans que l’enseignant ne se permette jamais d’apparaître partisan, au fait d’aborder la question palestinienne et celle de l’existence de l’état d’Israël. Elles découlent de la mise en place de l’ONU et son système de « tutelles »après la victoire contre le nazisme. Il me semble que c’est ce qu’a tenté (et peut-être pas réussi ?) l’enseignant dans le cas de Zeyneb, élève de 3° au Collège Claude Bernard de Villefranche-sur-Saône…
Pour moi, la laïcité n’est pas un « désarmement » mais une ouverture, un combat culturel, contre l’obscurantisme et ses oripeaux (à tous les sens du mot !) de toutes les époques, qui doit permettre d’appréhender le Monde dans sa complexité. Elle doit tout à cette conception républicaine exposée dans le magnifique discours de Francis de Pressensé, ami de Jean Jaurès, au Parlement le 7 décembre 1905. Et moi aussi, comme élève, j’ai été militant du cercle de la JC à l’EN et j’ai distribué des tracts de la JC et aussi de la section PCF, dans l’enceinte de l’établissement après 1968. J’ai pris des risques avec le règlement… J’ai assumé… Conquérir des droits nouveaux, c’est commencer par aller au-delà de la Loi !
NOSE DE CHAMPAGNE.