Effemiste ???
Rarement, la France n’a vu arriver au pouvoir un homme d’une aussi piètre envergure que Sarkozy. Un homme, de surcroît, essentiellement motivé par des intérêts personnels ou privés. Les Français doivent cette fâcheuse parenthèse élyséenne à l’UMP (ex-RPR), que les racines gaullistes ne prédestinaient pourtant pas à un tel égarement des valeurs morales de la république. Pour lui succéder, le nom de Strauss-Kahn, l’adoubé des milieux économiques et financiers, revient comme une ritournelle. Pourtant, le positionnement libéral de ce cacique « socialiste » n’est pas pour convaincre le peuple de gauche.
Observées aujourd’hui, à la lecture du dernier sondage CSA, qui lui attribue 30%, contre 25% à Sarkozy et 18% à Marine Le Pen, les chances de Dominique Strauss-Kahn de devenir président de la République paraissent réelles. La France pourrait donc voir un libéral pur sucre succéder à un ultra-libéral fanatique. Avec pour effet, certes avec une connotation plus sociale, la continuation d’une politique privilégiant le capital ! L’atout de Strauss-Kahn réside dans sa non-exposition aux affaires internes françaises et dans le bilan accablant de Sarkozy. Les Français ont donc actuellement la tentation de tomber dans le réflexe du « tout sauf ». Une réaction compréhensible au regard des dégâts causés aux Français, en particulier aux plus exposés.
Sarkozy et Strauss-Kahn : bonnet blanc et blanc bonnet
Sauf que, faire le choix d’un bonnet blanc pour remplacer un blanc bonnet peut s’avérer une option risquée. Le passage de Sarkozy au pouvoir, chantre des arrivistes et des parvenus, a et aura, à terme, des conséquences sociales et économiques d’une rare ampleur ! Or, la probabilité est grande qu’un Strauss-Kahn président poursuive une politique ultralibérale désastreuse pour l’économie et les classes populaires.
Cette éventualité strauss-kahnienne doit interroger les Français sur le mode de désignation des principaux élus, à commencer par celui du président de la république. Si un concours d’accès à la magistrature suprême existait, reposant sur les valeurs de probité, de morale politique et d’efficacité, il y a fort à parier que l’actuel locataire de l’Elysée ferait partie des premiers recalés !
Comparé à Sarkozy, et contrairement à lui, il ne fait pas de doute que Strauss possède l’étoffe d’un chef d’Etat. Cependant, sa vision libérale de la politique, dans la continuité de Sarkozy, l’assimile à un défenseur des puissances de l’argent ! Ce que ressent le citoyen lambda. Sentiment renforcé par sa nomination à la tête du Fond Monétaire International (FMI).
Le PS ne peut se permettre une erreur de casting comme l’UMP en 2004
Pour choisir son candidat, le Parti Socialiste, s’inspirant des primaires américaines, a privilégié une sélection de laquelle émergera un homme ou une femme au profil suffisamment bien identifié, pour éviter la grossière erreur de casting de l’UMP en 2004, puis en 2006. Les candidats ont jusqu’au 13 juillet pour se déclarer. Le hic, c’est que le plus en vue n’est autre que Strauss-Kahn, l’ami de Sarkozy ! Un homme qui, aux yeux de la droite, est un « socialiste » convenable, comme l’est le très « sarkozyste » député maire d’Evry, Manuel Valls. Strauss-Kahn tarde à se prononcer ! Peut-être perçoit-il et mesure-t-il la difficulté de convaincre un électorat de gauche, en ayant l’image d'un homme d’argent, pour ne pas dire de droite ! Ce qui ne manque pas de perturber nombre de militants et sympathisants du PS.
Il n’en est pas de même à l’UMP qui s’apparente désormais au FN, avec l’instauration du culte du chef, au détriment de la réflexion politique. Il n’y est donc pas même question d’émulation entre ceux qui pourraient prétendre se présenter contre le sortant ! Même si les médias inféodés, voulant accréditer un semblant de fonctionnement démocratique, s’amusent d’une pseudo rivalité entre le psychorigide Fillon et le suffisant Copé ! Seule possibilité pour les plus ambitieux : la dissidence. C’est, haine oblige contre Sarkozy, la voie choisie par Dominique de Villepin. Toutefois, du fait de la présence de François Bayrou sur le même créneau, Villepin n’a, a priori, que peu de chances de s’imposer au premier tour. L’UMP n’aura donc pas même à se poser la question de sa récupération, s’il advenait que l’ancien Premier ministre de Chirac créer la surprise.
La difficulté de Strauss-Kahn : rassembler à gauche
Avec Sarkozy, président des riches qu’aucun peuple nous envie, le pays a vu l’émergence d’une catégorie d’individus sans scrupule, -autrefois neutralisés par des hommes soucieux d’un minimum de respect des règles morales républicaines-, pour qui tous les moyens d’arriver sont bons. A commencer par celui que les Français, dans une élection présidentielle pipée, en mai 2007, ont élu sans conviction ni enthousiasme, à défaut de pouvoir choisir une personnalité de gauche crédible, ce qui n’était manifestement pas le cas de Ségolène Royal. La candidate de gauche ayant, par son positionnement trop droitier, stupidement dispersé les voix de son camp au lieu de les agglomérer sur son nom.
Qu’en sera-t-il en 2012 ? Dominique Strauss-Kahn, patron du FMI, grâce au soutien de son ami Sarkozy, peut difficilement incarner la gauche dans son ensemble. Son image de social libéral bon teint n’inspire pas confiance dans les milieux modestes. Il se retrouve avec le même handicap que Ségolène Royal. Trop marqué à droite.
Un écueil que François Mitterrand, en fin stratège, avait identifié dès 1965, année de sa première participation à l’élection présidentielle. Ce que Mitterrand était parvenu à faire, avec le programme commun signé avec les communistes, dans les années 1970, et qui l’a conduit à son élection en 1981, n’est pas même pas imaginable avec Strauss-Kahn. On le voit difficilement s’associer avec le Parti de Gauche de Mélenchon et le Parti Communiste de Laurent. Si donc, l’actuel directeur général du FMI est choisi par les socialistes, il paraît peu probable qu’il pourra faire le plein des voix de gauche au premier comme au second tour de l’élection présidentielle de 2012.
Sarkozy peut repasser, sauf si le Sarkogate le rattrape
Les sondages actuels, donnant Strauss-Kahn vainqueur au premier tour face à Sarkozy, sont un leurre susceptible d’anesthésier des Français crédules, pressés de se débarrasser de l’agité de l’Elysée. L’élection présidentielle se gagne, grâce à la capacité du candidat à d’abord cristalliser son électorat naturel au premier tour, puis, grâce à un positionnement subtil d’avant élection, de ratisser large au second tour. Or, la faiblesse de Strauss-Kahn réside d’ores et déjà dans sa (non) crédibilité en tant qu’homme de gauche. Fera-t-il le plein des voix dans son propre camp ? Rien n’est moins sûr, en dépit du rejet de Sarkozy, dont il est l’obligé.
En revanche, le potentiel de Sarkozy demeure important, grâce aux voix d’extrême-droite qui pourraient se porter massivement sur lui, dans la perspective d’un possible accord de gouvernement avec le FN de Marine Le Pen. Il pourra également compter sur le ventre mou français, incarné par les confidentiels partis du centre, dont l’électorat vieillissant est particulièrement sensible aux thèmes sécuritaires que Sarkozy ne manquera pas de brandir.
Le risque de revoir l’agité occuper une seconde fois le palais de l’Elysée reste donc entier à ce jour. A moins qu’il ne soit rattrapé par le Sarkogate, révélé pendant l’été 2010, par les malversations de Woerth à l’occasion de l’affaire Bettencourt.
Verdi
in : Agoravox
relayé par cloclo