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LE PIGEON BLEU
14 juillet 2011

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Sous l'affaire DSK, les ravages délétères du présidentialisme

À l'évidence, le jour n'est pas arrivé où la direction du PS comprendra que le présidentialisme français, ce système présidentiel déséquilibré, sans limites ni contre-pouvoirs, vide la politique de sa substance. Et, par voie de conséquence, la gauche de son altérité démocratique et sociale. Depuis quatre ans, et alors que le sarkozyme fait la démonstration permanente des excès et abus de cette forme de pouvoir qui confisque la volonté populaire, les dirigeants socialistes n'ont pas donné l'impression d'avoir pris la mesure de ce qui se dévoilait aux yeux des Français avec cette hyperprésidence, et qui appelle une ambition démocratique renouvelée, audacieuse et inventive.

De cet embarras ou de cette impuissance a témoigné leur incapacité à donner une signification populaire au souvenir de l'alternance de 1981 dont on célébrait, le 10 mai de cette année, le trentième anniversaire. Un an avant la présidentielle, c'eût été une belle occasion de promouvoir un imaginaire alternatif à celui du pouvoir en place, fait de mobilisation rassembleuse, de revendication sociale et d'exigence démocratique. Or, tandis que l'on pouvait, grâce à un livre de Mediapart (lire ici l'article de Laurent Mauduit), vérifier le contraste entre la force des 110 propositions de 1981 et la frilosité des engagements de 2011, la seule fête organisée place de la Bastille pour commémorer l'événement le fut par des mécènes privés, un banquier d'affaires, Mathieu Pigasse, et un industriel du luxe, Pierre Bergé.

Étonnant renversement : les responsables socialistes n'étaient que les invités d'un concert dont ils auraient dû être les organisateurs et d'où, de surcroît, tout message politique offensif était banni. Ils sont donc venus, certes pas tous mais nombreux, faire leurs représentations aux maîtres de cérémonie qui, pourtant, appartiennent au même monde social, d'intérêts croisés et de pouvoirs imbriqués, que l'oligarchie actuellement en cour. Sans compter que ces deux personnages illustrent, par leurs récents investissements dans une presse à la dérive, aussi bien financière que morale, la prégnance à gauche comme à droite d'un illibéralisme français qui fait bien peu de cas de l'indépendance réelle des équipes rédactionnelles.

Déjà soulignée, en 2007, par les ralliements soudains au sarkozysme d'individualités venues du PS, cette consanguinité sociale est l'une des conséquences, et non des moindres, d'un présidentialisme qui, en identifiant la quête du pouvoir à une aventure personnelle, corrompt les hommes et égare les idéaux. Jusqu'à l'accident hôtelier de New York, le pari totalement irréaliste fait par la direction majoritaire du PS sur une candidature de Dominique Strauss-Kahn a illustré par l'absurde l'aveuglement politique qui en découle. Comment croire que le candidat le plus éloigné des réalités vécues par le peuple français depuis quatre ans, depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, pouvait être le plus crédible ?

Éloigné, Dominique Strauss-Kahn le fut aussi bien dans le temps que dans l'espace. Nommé à la direction générale du FMI avec le soutien d'un Nicolas Sarkozy à peine élu, il n'a pas fait le choix de s'opposer à Paris, mais de se protéger à Washington. Bulle communicante, aussi bien médiatique que sondagière, la candidature « DSK », avant même de se fracasser sur un fait-divers sexuel, était une coquille vide, sans autre réalité que l'éloignement, sans autre contenu que son silence. Quant au fait d'avoir été le gestionnaire de l'institution financière mondiale en pleine crise économique, il tenait lieu de gages aux possédants bien plus que d'attrait pour les classes populaires dont, au passage, certains socialistes ont même oublié qu'elles restaient le groupe social majoritaire du pays (lire ici l'article de Joseph Confavreux).

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