Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE PIGEON BLEU
14 juillet 2011

2

Le soutien du PS à la guerre imbécile de Libye

 

À la veille du 14-Juillet, Nicolas Sarkozy a donc reçu, mardi 12, à l'Assemblée comme au Sénat, l'onction parlementaire qu'il souhaitait pour se poser en chef de guerre alors même que son aventure libyenne est un fiasco doublé d'une imposture. À contre-courant des vulgates médiatiques dominantes, Mediapart l'a expliqué dès l'origine de l'engagement militaire en Libye (lire ici mon article du 23 mars) : cette guerre était le plus mauvais service rendu aux révolutions pacifiques arabes naissantes. Imbécile dans sa définition comme dans sa conduite (lire ici l'article de François Bonnet), elle ne relève pas d'un soutien sincère au peuple libyen mais d'un parti pris dans une guerre civile où se dispute l'héritage d'une dictature soutenue, jusqu'à récemment encore, par le pouvoir français.

Ses motivations opaques seront bientôt éclairées par les prochaines révélations des « documents Takieddine » dont Mediapart a commencé, cette semaine, la publication (le premier épisode est ici, le deuxième est là sous les plumes de Fabrice Arfi et Karl Laske). On découvrira alors quel règlement de comptes presque privé cache la guerre aujourd'hui approuvée par le Parti socialiste, tandis que ses potentiels alliés communistes et écologistes l'ont, eux, clairement rejetée. Ses dirigeants s'en alarmeront-ils et prendront-ils conscience de leur propre légèreté ? Rien n'est moins sûr puisque le PS, qui se veut le premier parti de la gauche française, n'a pas encore su organiser des manifestations publiques de solidarité et de mobilisation aux côtés des révolutions démocratiques arabes.

Six mois après le début, en Tunisie, de cet événement considérable, aucun rassemblement, aucun meeting, aucune mobilisation ! À l'exception de voyages sur place d'Arnaud Montebourg ou de François Hollande, aucune campagne militante pour faire comprendre et partager, en France même, ce qui se joue au Maghreb et au Machrek, et qui nous concerne au premier chef. Juste un vote donc, pour approuver la guerre en Libye alors même que plusieurs ONG mettent en cause, sur le terrain des droits de l'homme, l'intégrité et la crédibilité des opposants qu'elle est supposée soutenir. Presque un vote de routine, comme si cette question éminemment symbolique – faire ou non la guerre – ne méritait pas qu'on s'y attarde longuement, qu'on y réfléchisse sérieusement, qu'on en discute publiquement, quand la France est déjà engagée depuis des années sur un autre champ de bataille dans un pays musulman, en Afghanistan, avec un bilan également discutable, sinon calamiteux, et des pertes humaines conséquentes.

Le jour du vote, les deux principaux candidats aux primaires socialistes, du moins selon les sondages, avaient d'autres urgences : présenter leurs équipes de campagne. Énumérer les grands élus qui les soutiennent. Montrer leurs forces, comme aux premiers jours d'un congrès socialiste. S'agissant de rivaux supposés proposer des solutions différentes, la seule nouvelle de cette journée d'affichage réciproque de Martine Aubry et de François Hollande fut de découvrir que les anciens soutiens de Dominique Strauss-Kahn se sont répartis de façon équitable chez l'une et chez l'autre. Dès lors, comment ne pas s'interroger sur ce qui les différencie politiquement, sur le fond, au-delà de la forme – c'est-à-dire en dehors de leurs personnalités, de leurs apparences ou de leurs caractères ?

Les dirigeants socialistes auraient voulu illustrer leur conversion zélée au présidentialisme comme personnalisation du pouvoir et appauvrissement de la politique qu'ils n'auraient pu mieux faire. Procédure inventée par un PS en perte d'emprise sur la société et en crise profonde de leadership, les primaires étaient censées favoriser un renouvellement générationnel que le peuple de gauche était invité à appuyer et à arbitrer. Résultat, du moins pour l'instant et s'agissant des supposés favoris : c'est une bataille de pouvoir interne au PS, de places, de postes et de clientèles, qui s'annonce, dont on ne sent guère les lignes de fracture. Perception qu'accentue le traitement médiatique dominant qui commente une sorte de course de petits chevaux sans autre contenu que la concurrence et la rivalité des personnes.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité