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LE PIGEON BLEU
9 septembre 2012

EN ATTENDANT MON GODEAU...

« Que faire en Syrie ?

Mercredi 29 août 2012, par Alain Gresh, sur Le Monde Diplomatique

11-10-26-tunisie-libye-egypte

La crise syrienne s’éternise. Pour l’instant, en tout cas, ni les discours du pouvoir annonçant qu’il va écraser l’opposition, ni les espoirs des Occidentaux que le régime s’effondre ne se sont réalisés. Et le pays paie un prix élevé pour cette impasse, coût qu’il est difficile de chiffrer – des dizaines de milliers de morts, un nombre incalculable de blessés, bientôt 200 000 réfugiés à l’étranger. Cette descente dans l’abîme érode la fabrique même de la société, dressant les communautés les unes contre les autres, les villageois contre leurs voisins.

On l’a dit à plusieurs reprises ici : le pouvoir porte la responsabilité majeure du bain de sang et de la spirale de violence qu’il a largement alimentée. Mais la crise syrienne se réduit-elle à un pouvoir dictatorial affrontant l’ensemble de son peuple ? Si tel était le cas, le régime serait tombé depuis longtemps. D’autre part, peut-on comprendre la crise en dehors de sa dimension géopolitique, en dehors de l’action d’acteurs aux motivations diverses ?


C’est qu’il se déroule, sur la scène syrienne, plusieurs guerres parallèles. D’abord, comme ailleurs dans le monde arabe, s’est exprimée une aspiration à la liberté, à la fin de la dictature. Mais la militarisation de l’opposition – favorisée par les ingérences extérieures et par la brutalité du régime –, son incapacité à présenter un programme rassembleur, ses profondes divisions ont ouvert de larges fractures dans le peuple syrien. Le régime a pu s’assurer le soutien d’une partie de la bourgeoisie sunnite avec laquelle il était allié depuis des décennies, celui de représentants de minorités qui pouvaient se sentir menacées (alaouites, chrétiens, etc.). Il a pu aussi compter sur le désarroi grandissant d’une partie de la population, qui, notamment à Damas et à Alep, avait l’impression que les combattants de l’opposition la prenaient en otage. Des journalistes de Libération, de The Independent (« Aleppo’s poor get caught in the crossfire of Syria’s civil war », 24 août), de The Economist (« Part of the problem is that the rebels are failing to win hearts and minds among the urban middle class in Aleppo »), ont rendu compte de ce désarroi d’une partie de la population sans que le discours dominant dans les médias sur la Syrie ne change : un peuple uni face à une dictature sanglante.


La question des combattants étrangers a souvent été soulevée. Pourquoi s’étonner que des jeunes Libyens ou Tunisiens veuillent partir se battre en Syrie contre une dictature ? Est-ce le fait qu’ils soient islamistes qui disqualifie leur combat ? Non, le problème – au-delà de la présence de groupes comme Al-Qaida – tient aux ingérences étrangères et à la manière dont l’Arabie saoudite et le Qatar notamment, mais aussi la Turquie, arment, financent et mobilisent ces groupes. Et on peut douter que le moteur de l’action des monarchies du Golfe soit l’instauration de la démocratie en Syrie. Bien sûr, l’affirmation du ministre des affaires étrangères syrien Mouallem à Robert Fisk, selon laquelle les Etats-Unis sont responsables pour l’essentiel de ce qui se passe en Syrie (« We believe that the USA is the major player against Syria and the rest are its instruments »), est outrancière, mais qu’il y ait des ingérences étrangères, qui peut en douter ?


C’est Kofi Annan, l’envoyé de l’ONU pour la Syrie (« Sur la Syrie, à l’évidence, nous n’avons pas réussi », LeMonde.fr, 7 juillet 2012), qui le déclarait : aucune des deux parties n’a vraiment essayé, en avril 2012, lors de l’envoi d’observateurs internationaux, de mettre fin aux combats. Et si l’appui de l’Iran, de la Russie et de la Chine à Damas a durci la position du président Bachar Al-Assad, le refus des Occidentaux, Français compris, d’appeler l’opposition à respecter un cessez-le-feu a aussi mis de l’huile sur le feu. A aucun moment ni les Occidentaux, ni Paris n’ont cru en la mission Annan et n’ont fait le moindre effort pour qu’elle réussisse.


Pourquoi ? Parce que l’objectif prioritaire de nombreux protagonistes (Occidentaux, pays du Golfe) est de faire tomber le régime dans le but d’atteindre l’Iran. Leur stratégie s’inscrit dans une jeu géopolitique dangereux, dont les droits humains ne sont qu’une dimension. La Russie et la Chine, favorables à des pressions sur Téhéran mais hostiles à une aventure militaire, s’opposent, bien évidemment, à cette stratégie. « Tout cela est un jeu géopolitique joué avec le sang syrien, m’expliquait, ulcéré, un intellectuel de Damas. Poutine et Obama devraient rendre des comptes devant la justice internationale. »
Aujourd’hui encore, les Occidentaux sont dans l’incapacité de regrouper l’opposition, et la demande du président François Hollande de voir se créer « un gouvernement provisoire inclusif et représentatif » pour « devenir le représentant légitime de la nouvelle Syrie » (lire « Hollande cherche à se placer en pointe sur la Syrie », LeMonde.fr, 28 août) relève de l’utopie – comme l’ont confirmé les Etats-Unis – et montre la difficulté du gouvernement français à reconnaître que le Conseil national syrien a perdu une grande part de sa légitimité.


En attendant, combats et massacres se poursuivent. La seule initiative un peu sérieuse est celle qu’a esquissée le président égyptien Mohammed Morsi, qui veut créer un groupe de quatre pays, le sien, l’Iran, l’Arabie saoudite et la Turquie (« Egyptian Leader Adds Rivals of West to Syria Plan », The New York Times, 26 août). Ce groupe aurait l’avantage de tenir à l’écart, au moins dans un premier temps, les parties étrangères à la région. Mais il s’appuie sur une idée, celle de la négociation entre le pouvoir et l’opposition. On ne négocie pas avec ceux qui ont du sang sur les mains ? Rappelons que dans les années 1980, la transition vers la démocratie en Amérique latine s’est faite en assurant l’impunité aux généraux coupables des pires exactions (il a fallu vingt ans supplémentaires pour les faire comparaître devant la justice ; c’était le prix à payer pour une transition pacifique).


Un dernier mot sur les médias. Le Monde diplomatique de septembre publie un article sur la manière pour le moins biaisée dont un certain nombre de médias ont rendu compte de cette crise (« Syrie, champ de bataille médiatique »). Au-delà de la discussion sur la déontologie, cette manière de rendre compte de la crise contribue à paralyser les autorités politiques et à les priver de toute capacité d’action réelle : qui oserait aujourd’hui encore appeler à la négociation, à une sortie de la violence, sans se faire taxer d’agent de la dictature syrienne (voire de Moscou, de Pékin ou de Téhéran) ? »


Voilà… Il m’a semblé intéressant de reprendre cet article d’un journaliste progressiste et à la déontologie professionnelle exigeante, qui tranche avec le prêt à penser et surtout à hurler avec les loups. La façon dont A. G. pose la problématique répond à mes préoccupations : ne pas soutenir la guerre impérialiste larvée et « de basse intensité » ou ouverte et totale contre le peuple syrien en attendant de réduire à son tour l’Iran, mais ne pas soutenir non plus un régime dont mes camarades communistes et progressistes syriens ne se réclament pas comme des soutiens. 


NOSE DE CHAMPAGNE

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Commentaires
N
10 septembre 2012<br /> <br /> <br /> <br /> [G]Médias-mensonges : Le "massacre" de Racak[/G]<br /> <br /> <br /> <br /> Le 15 janvier 1999, un amas de 45 cadavres est découvert près du village de Racak au Kosovo central.<br /> <br /> <br /> <br /> [S]William Walker[/S], le chef américain de la mission de l’OSCE au Kosovo, annonce immédiatement que ce sont des soldats serbes qui ont commis un « horrible massacre », précisant que les victimes étaient toutes des civils brutalement exécutés, certains d’entre eux mutilés après leur mort. [1]<br /> <br /> <br /> <br /> Toutefois, deux expertises en médecine légale contredisent cette version.<br /> <br /> <br /> <br /> L’une conclut qu'il ne s'agit pas d'un massacre et que les corps ont été mutilés a posteriori pour faire croire à une exécution, l’autre se refuse à confirmer, d'une part, qu'il s'agit d'un massacre, d'autre part, que les victimes soient mortes ou non au combat.<br /> <br /> <br /> <br /> Le rapport de la seconde expertise, établi sous la responsabilité d’un médecin finlandais, le [S]docteur Helena Ranta[/S], ne répondant pas aux attentes des chefs militaires américains, ne sera publié qu’avec deux ans de retard. [2]<br /> <br /> ●<br /> <br /> Dès le 19 janvier, le Conseil de sécurité de l’ONU entérine la version américaine selon laquelle il y aurait eu un massacre de civils.<br /> <br /> Comme ils ont l'habitude de le faire en pareilles circonstances, le gouvernement des Etats-Unis et la presse occidentale mènent une virulente campagne contre Milosevic et le gouvernement yougoslave.<br /> <br /> <br /> <br /> Bien qu’elle repose sur un mensonge, cette affaire est aussitôt exploitée pour lancer un ultimatum inacceptable au gouvernement yougoslave lors des négociations de Rambouillet en février 1999.<br /> <br /> <br /> <br /> Le refus prévisible de ce dernier servira de prétexte à 78 jours de bombardements d’objectifs militaires et civils de la Serbie. <br /> <br /> <br /> <br /> Bilan : 2.000 morts. [3]<br /> <br /> <br /> <br /> ●●●<br /> <br /> [1] A noter que, comme elle l'a fait l'année dernière pour la Libye, et comme elle le fait en ce moment pour la Syrie, l'association Human Rights Watch a servi de caution « humanitaire » à la version américaine, en accréditant la thèse du massacre et en accablant le gouvernement yougoslave.<br /> <br /> [2] Dans un livre publié ultérieurement, le docteur Ranta raconte que William Walker a brisé son crayon en bois et lui a lancé les morceaux à la figure, furieux des conclusions de son rapport, qui n’avaient pas utilisé « un langage suffisamment convaincant » à propos des atrocités serbes.<br /> <br /> [3] A la veille des bombardements aériens, Bill Clinton avait déclaré : « Nous devons nous souvenir de ce qui est arrivé dans le village de Racak en janvier - des hommes innocents, des femmes et des enfants ont été arrachés à leurs foyers, amenés dans un ravin, forcés à s’agenouiller dans la boue et mitraillés - pas pour quelque chose qu’ils auraient fait, mais simplement pour ce qu’ils étaient ».<br /> <br /> <br /> <br /> [G]JPD[/G]
N
[G]Syrie : Jean-Pierre Chevènement dénonce les « professionnels de l’ingérence » [/G]<br /> <br /> <br /> <br /> [I]lundi 3 septembre, sur le blog « Faire Vivre le PCF »[/I]<br /> <br /> <br /> <br /> « La Syrie n’est ni la Tunisie, ni l’Egypte. C’est un pays plongé dans une guerre civile inspirée et alimentée de l’extérieur », estime-t-il.<br /> <br /> <br /> <br /> Selon l’ancien ministre de la défense, « des professionnels de l’ingérence poussent aujourd’hui la France à intervenir militairement, fusse par la seule voie aérienne, en violation de la légalité internationale et au côté de pays dont les ambitions et les intérêts ne sont pas les nôtres ».<br /> <br /> <br /> <br /> « Le précédent libyen ne saurait être invoqué », déclare-t-il. La résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU de mars 2011 a, selon lui, « été interprétée au-delà de son objectif proclamé (la protection des civils), jusqu’à un changement de régime dont l’une des conséquences a été la déstabilisation du Mali ».<br /> <br /> <br /> <br /> M. Chevènement rappelle que le président François Hollande « a plusieurs fois souligné que la France n’interviendrait pas en dehors d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations-unies ». « La politique de la France repose sur des principes et aucune campagne d’opinion ne doit l’en faire dévier », affirme-t-il.<br /> <br /> <br /> <br /> Selon le sénateur du territoire de Belfort, « la politique de "changement de régime" a été pratiquée en Irak » par l’ancien président américain George Bush en 2003, mais « elle ne saurait aujourd’hui recevoir la caution de la France ».
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