L’iPhone 5 tu ne convoiteras pas

Les connexions entre religieux et patrons milliardaires, 
ça marche ! Grâce à son réseau, l’évêque Jean-Michel 
di Falco a réussi à se procurer, sans attendre, un iPhone 5 
à la Fnac du Forum des Halles, à Paris.

« Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain, tu ne convoiteras ni sa femme, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien qui lui appartienne. » Faudrait peut-être songer à actualiser l’Ancien Testament, vérifications faites, rien ne concerne les téléphones portables dans les Saintes Écritures.

Et pourtant…

Jeudi 11 octobre 2012. Un homme, vêtu de manière austère, se présente au comptoir de retrait des marchandises à la Fnac du Forum des Halles à Paris. Du bout des lèvres, il se fend d’un bonjour. Un client le reconnaît, il s’agit du célèbre évêque de Gap et d’Embrun (Hautes-Alpes), Jean-Michel di Falco.

Le septuagénaire est venu, comme tout un chacun, chercher son iPhone 5, commandé quelques jours plus tôt. Quelle humilité… Hélas, comme cela arrive à bien des clients de la Fnac, il y a un hic. Le vendeur, de bonne foi, indique à l’évêque que la commande n’est pas arrivée. Qu’à cela ne tienne ! Courroucé, le prélat plonge la main dans la poche de sa veste, en extrait son iPhone ancien modèle et compose un numéro. Après quelques incantations, il finit par tendre l’appareil au vendeur en lui lançant : « Quelqu’un va vous parler… » Hein ? Qui ça ? Dieu ? Non. Au bout du sans-fil, la voix est celle d’une femme. Qui commence par décliner son identité « Madame Pinault », Maryvonne, épouse du propriétaire de la Fnac, François Pinault, et qui poursuit sur le ton rudoyant du maître à l’esclave : « Vous allez tout de suite chercher, pour mon ami Monseigneur, un iPhone 5, sinon… ! » Ce que femme veut, Dieu le veut ! Vu d’où vient l’injonction, le vendeur n’a en effet guère d’autre choix que d’exaucer la prière de dame Pinault. Le témoin qui nous a rapporté la scène, surpris par la révélation des privilèges ainsi toujours accordés au clergé, alors qu’il les croyait abolis depuis 1789, ne sait pas comment le vendeur s’est finalement débrouillé pour dénicher le téléphone. Sans aucun doute au détriment d’un autre client, on ne voit que ça… Toujours est-il que Monseigneur est bien reparti avec « son » Apple. Une femme, un téléphone à la pomme… mais, pas de discorde. Tout est bien qui finit bien.

L’histoire ne dit pas si sa Monseigneurie a profité de son passage à la Fnac pour faire un tour au rayon des disques, où l’on trouve facilement les albums du boy band qu’il a créé, les Prêtres, composé de trois écclésiastes du diocèse de Gap et d’Embrun. Un groupe que la Fnac a largement contribué à porter au rang de numéro 1 des ventes d’albums, notamment via de multiples séances de dédicaces organisées dans les magasins.

Qu’il en profite, Monseigneur ! De telles faveurs ne vont peut-être plus durer longtemps, puisque Pinault (à la tête d’une fortune estimée à plus de 6 milliards d’euros) compte bientôt se débarrasser de la Fnac pour concentrer ses pouvoirs sur l’industrie du luxe. Remarquez, ce « changement » n’empêchera pas di Falco de continuer à fréquenter les Pinault jusque dans l’intimité domestique. Souvenons-nous qu’en août 2011, lors d’une soirée dans l’une des propriétés du couple milliardaire, à Dinard (Bretagne), l’évêque s’était malencontreusement cassé la figure. Il avait fallu appeler les pompiers et la presse avait sauté dessus. D’autant que l’épisode s’était produit à deux pas du Grand Hôtel Barrière où résident souvent (comme par hasard) Jacques et Bernadette Chirac. Un Jacques Chirac qui a d’ailleurs fait décorer Mme Pinault de la Légion d’honneur, tout comme est décoré di Falco…

Tout va pour le pieux dans le meilleur des mondes.

Laurence Mauriaucourt
http://www.humanite.fr/societe/l-iphone-5-tu-ne-convoiteras-pas-506545 

Transmis par Francis