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LE PIGEON BLEU
5 décembre 2007

Romanès, le cirque tsigane

Romanès, cirque tsigane, par Francis Marmande IMG_0336c LE MONDE | 05.12.07 | 14h02 • Mis à jour le 05.12.07 | 14h02 A l'instant de sa mort, le père d'Alexandre Romanès souffle : "J'ai eu une belle vie." Ou encore : "Être gitan, c'est n'être dans rien : ni dans le sport, ni dans la mode, ni dans le spectacle, ni dans la politique." Alexandre Romanès fait jouer son cirque tsigane à Bègles (Gironde). Du 30 décembre au 6 janvier 2008, même limonade, mais porte de Champerret à Paris (réveillon le 31, 130 euros avec spectacle et dîner). Noël se prête au cirque. Surtout au petit Cirque Romanès, son saint bazar, son entrain, la famille en piste et l'orchestre, sans animaux, sauf un vieux chat amateur. Alexandre Romanès est-il sérieux ? Le sérieux est-il gitan ? Le tragique et l'ironie, oui, mais le sérieux ? "Mon grand-père avait trois femmes et un ours. Celui qui faisait problème, c'était l'ours." Le cirque guérit, mais de quoi ? Dans les "sixties", une des plus terribles planches dessinées (dans Hara-Kiri), encre noire comme le sang et arbres sans feuilles, c'était Le Petit Cirque de Fred. Moitié Apollinaire, moitié exode, moitié fête perdue, moitié enterrement : quadrature gitane. Le petit Cirque Romanès ressemble à celui de Fred, sans la mélancolie. Un rêve de cirque. Contrebasse, accordéon, clarinette, tapis des Mille et Une Nuits, bougies, accueil en fanfare et ce clown postmoderne au visage lassé qui assure sans un sourire les transitions géniales. Pas de numéros, chez Romanès, jamais d'exploit (la vulgarité même), simple syntaxe des entrées, des expressions et le plaisir de bien faire. Les garçons arborent des falzars rayés et des chemises à paillettes dont on se demande qui les fabrique. Où ils les dénichent. Quelque usine secrète ? Les filles jouent leurs rôles : femme boa, femme du feu, trapéziste non conforme, contorsionniste au sourire inquiétant. Un petit bonhomme danse comme Fred Astaire eût tant aimé savoir le faire. On ne peut plus l'arrêter. Mais que font la police et la cellule psychologique ? Au final, l'orchestre passe la surmultipliée. Romanès s'agite toujours debout, calme, tendant une liane ici, un tapis là. Délia, sa chérie, chante des mélopées poignantes ou des airs du diable. Personne ne sait si l'on a démarré à l'heure, ni quand cela finira. Les numéros se précipitent devant l'ensemble de la troupe. La femme boa tricote, une imposante grand-mère tient sur ses genoux un enfant en bas âge. Beignets et vin chaud pour tous. Alexandre Romanès avait fait une croix sur le cirque. Vingt ans après, il en monte un. Il rencontre Pipo, un ami d'enfance, qui l'embrasse et le regarde bizarrement : "Je suis vraiment étonné de te voir faire du cirque. - Pourquoi ? - J'avais toujours cru que tu étais intelligent." L'ours, les voleuses et des souvenirs de Jean Genet, vous trouverez de tout dans son livre de haïkus gitans, Un peuple de promeneurs (éditions Le Temps qu'il fait, 2000). Ou encore, chez Gallimard, dans ses Paroles perdues (poèmes, préface de Jean Grosjean, 2004) : "Je voulais garder Dieu pour moi, et j'en parle à toutes les pages." Romanès n'a pas lu des masses de livres, mais il sait en écrire. Ce ne sont qu'histoires de Juliani si pauvres qu'ils se mettaient des beignes, le soir, pour garder le chien et sa chaleur au lit ; ou l'histoire de ce CRS de faction au camp de Nanterre, si amoureux d'une Gitane qu'"il passait ses journées assis en hauteur sur un tas d'ordures, dans l'espoir de l'apercevoir". Lydie se fâche avec Pipo, parce que Pipo lui a menti. Pipo : "Qu'est-ce que tu veux, je suis un gars comme Dieu : je laisse des doutes !" Mais aussi bien : "Je demande à une vieille Gitane pourquoi elle ne parle jamais des camps de concentration, où pourtant elle a été. Elle me répond : "Parce que j'ai honte."" Trois cents personnes à Paris, dimanche, pour protester contre l'expulsion de trois cents Gitans bulgares et roumains (donc européens). Le cirque continue. Francis Marmande Leur site internet ( très bien fait) : http://www.cirqueromanes.com/ Une vidéo : http://www.dailymotion.com/relevance/search/cirque+romanes/video/xkbfb_cirque-romanes_parties
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Commentaires
M
Pour ce qui concerne les déportés politiques ce ne sont les Etats qui ont été directement indemnisés par l'Allemagne? N'ont-ils pas une pension versée par l'Etat français, en tant qu'anciens combattants ou victimes de guerre? <br /> Je crois qu'il y a une association de déportés tziganes. <br /> <br /> J'avais mis cet article de F. Marmande à cause des discriminations que subissent aujourd'hui les tziganes dans notre "beau" pays et ailleurs.
R
Si l'on évoque la déportation,et barbarie dont ont été victime les minorités, beaucoup d'autres catégories d'opposants ne furent jamais indemnisées ni même reconnues, et en particuliers les résistants de tous pays déportés dans les camps nazi, ainsi que les communistes allemands,les homosexuels, etc...!<br /> <br /> Roger
J
"Je demande à une vieille Gitane pourquoi elle ne parle jamais des camps de concentration, où pourtant elle a été. Elle me répond : "Parce que j'ai honte.""<br /> <br /> <br /> Eh bien, non madame, il ne faut pas avoir honte. Vous avez été victime et non pas coupable ! Il est temps maintenant que à l'instar des juifs d'Europe, vous créez vous aussi votre association de défense des déportés tziganes, gitans ou roms et que vous demandiez des comptes aux états concernés pour une reconnaissance de votre martyr et de vos droits ! Il ne doit pas y avoir 2 poids, 2 mesures ! On peut s'étonner que rien ne soit entrepris dans ce sens. En tout cas j'en n'ai pas eu vent !<br /> <br /> Et puis merci pour l'article, à Bègles en plus, qui fut un haut lieu du communisme dans la banlieue bordelaise et ce pendant quelques décennies. C'est Mamère qui a repris le flambeau, mais les gens sont pas contents car les impôts ont grimpé sérieusement depuis et beaucoup d'entreprises sont parties aussi !<br /> Bisous à tous[Bouquet]
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