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LE PIGEON BLEU
23 janvier 2008

Nouvelles de la grande ile

Vers l’étranglement de la population tananarivienne ?

Les retombées des résultats des élections municipales du 12 décembre 2007 continuent de défrayer la chronique en raison de la tournure politique des évènements qui se sont produits depuis.


IL y eut d’abord la décision de la Jirama de couper l’eau et l’électricité dans certains “fokontany” (quartiers) de la ville en raison de factures impayées par les anciens dirigeants de la Commune. Cette décision frappait durement les populations des “bas quartiers” de la capitale qui ont déjà du mal à assurer leur survie quotidienne. Le Maire nouvellement élu, Andry Rajoelina, assumant ses responsabilités, engageait alors des discussions avec la Direction Générale de la JIRAMA, à la suite desquelles un consensus se dégageait, la Jirama, de son côté, ayant reconnu que des versements dus à la Commune d’Antananarivo (taxes, droits de passages, etc.....) n’avaient pas été effectués.

Le déblocage de la situation n’a pourtant pas levé les suspicions, car ces coupures se sont produites sans que la Commune n’en ait été prévenue, ce qui n’avait jamais été le cas auparavant. Par ailleurs, ces impayés de la Commune envers la Jirama ne datent pas d’hier. « Pourquoi avoir attendu le résultat des élections pour couper l’eau et le courant ? s’interrogent les observateurs. Des médias indignés ont parlé « d’ignominie », tout un chacun étant conscient qu’il s’agissait en fait d’une manœuvre du pouvoir n’ayant pas supporté sa défaite dans la capitale.

Quelques jours plus tard, le Conseil des Ministres décidait de modifier les textes régissant l’organisation, les attributions et le fonctionnement des fokontany.

Rappelons à ce propos que le fokontany est une entité héritée de la période pré-coloniale qui comprend des hameaux ou villages, à la campagne et des quartiers dans les agglomérations urbaines. Le fokontany assume, par le biais de ses dirigeants, diverses responsabilités dans les domaines socio-économiques. Il établit et délivre les actes administratifs nécessaires à la population (recensement, certificats de vie et de résidence, recensement des jeunes gens atteignant l’âge du service militaire, établissement de la liste électorale) contrôle les marchés, etc...

Du temps de la deuxième République, le fokontany était considéré comme une collectivité de base, et ses dirigeants étaient élus par la population au suffrage universel et direct. C’est à partir de l’avènement au pouvoir de Marc Ravalomanana que le fokontany, premier échelon de la décentralisation, fut ravalé au rang de subdivision administrative.

Ainsi, les décrets publiés en 2004 et 2007 modifiaient les modalités d’élection des dirigeants du fokontany, qui étaient désignés par le Chef de District parmi une liste de personnes élues par la population du fokontany. Or, le décret portant la date du 14 décembre 2007, soit 2 jours après l’élection municipale du 12 décembre qui consacrait la défaite du parti présidentiel TIM dans la capitale, supprime purement et simplement le droit des électeurs du fokontany d’élire leurs dirigeants, qui seront dorénavant désignés par le préfet de Police et le chef de district. Ainsi, le Maire, qui devrait compter sur le concours des fokontany pour mener à bien le programme de développement adopté par 63% des électeurs de la capitale, sera confronté à de multiples difficultés que pourraient lui créer les chefs de fokontany qui relèvent directement du pouvoir central. On compte actuellement 192 “fokontany” dans les 6 arrondissements de la capitale.

Cette situation, a laquelle il faut ajouter l’état de dénuement financier hérité de la gestion catastrophique de l’ancienne équipe dirigeante de la Commune, n’est pas exempte de dangers pour l’avenir du Maire Andry Rajoelina et de ses collaborateurs à la tête de la Mairie d’Antananarivo. De source bien informée, on sait que la communauté internationale présente à Madagascar suit de très près l’évolution de cette situation et s’interroge sur le comportement à venir de Marc Ravalomanana et du pouvoir en général : y aura-t-il réédition des manœuvres qui, à Toamasina (Tamatave) et Fianarantsoa, ont abouti au renversement des Maires Roland Ratsiraka et Pety Rakotoniaina ? Les rumeurs les plus folles circulent dans divers milieux de la capitale à ce propos.

Afin de parer au plus pressé et d’entreprendre des actions urgentes, dans le domaine de l’assainissement, par exemple, le Maire d’Antananarivo a ouvert une souscription et appelle les habitants de la capitale, nationaux ou étrangers, à apporter leur contribution. Déjà, des opérateurs ont apporté leur aide à la Commune en la ravitaillant en gas-oil pour le transport des camions chargés de l’enlèvement des ordures.

Quoi qu’il en soit, il n’est pas exagéré que de dire que l’on assiste à des manœuvres d’étranglement de la population tananarivienne, “punie” pour avoir usé de son droit le plus élémentaire à élire le candidat de son choix et à résister à toute forme d’oppression et d’injustice d’où qu’elle vienne.

Bernard Yves


Vers l’étranglement de la population tananarivienne ?
Article paru dans Témoignages le mercredi 23 janvier 2008

claude

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Commentaires
C
Quand on vit en métropole , on n'entend rien , on ne lit rien sur Mada .<br /> Quand on passe quelques mois à la Réunion , on entend parler de Mada sans arret .<br /> La Réunion n'est pas trés riche , mais les réunionnais connaissent tous les problemes de Mada et son extréme pauvreté .<br /> Et ce qui est extraordinaire , c'est que dans toutes les communes de l'ile on pense à Mada , que l'on soit créole , zoreilles , des tas d'associations , organisent des manifestations artistiques , culturelles , sportives , et une partie des bénéfices , est pour Mada .Pas en argent , en cartables , cahiers , livres , crayons ou stylos et materiel scolaire divers .<br /> Bien sur , une partie de la population de la Réunion est originaire de Mada , les esclaves arrivaient de Mada , mais l'immense majorité ne provient pas de la grande ile .<br /> Ce qui marque , et fait que la Réunion est un lointain bout de france special , c'est que meme les plus pauvres sont solidaires de plus pauvres qu'eux !
N
... Ouais, ça fait réfléchir...<br /> Toute proportions gardées, c'est un peu comme quand Paris était à statut particulier, avec un mode d'élection particulier de son conseil municipal, avec des compétences différentes de celles de tous les autres conseils municipaux de France, et dotée d'un préfet de police pour chapeauter le tout !<br /> <br /> Décidément, les pouvoirs autoritaires recourent tous aux mêmes recettes.<br /> <br /> NOSE
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